Russie: mauvaise nouvelle pour la croissance, le rouble rechute
L'économie russe a subi en novembre son premier recul en glissement annuel depuis 2009, selon les estimations publiées lundi par le gouvernement à la fin d'une année marquée par la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole.
Conséquence de ces deux facteurs, le rouble a perdu plus du tiers de sa valeur depuis le début 2014. S'il a rebondi par rapport aux journées noires de la mi-décembre, il évoluait de nouveau en forte baisse lundi et les effets de cette crise monétaire sur l'économie réelle se font sentir de plus en plus clairement.
Dans ses estimations mensuelles, le ministère de l'Économie évalue que le produit intérieur brut a diminué de 0,2% en novembre par rapport à octobre, après une croissance de 0,1% le mois précédent. Mais par rapport à novembre 2013, il a chuté de 0,5%, subissant son premier recul en glissement annuel depuis 2009. Le ministère a expliqué cette tendance par le net ralentissement subi par l'industrie de transformation, ainsi que des baisses d'activité dans la construction, le commerce de gros et l'agriculture.
Les chiffres officiels du PIB du quatrième trimestre doivent être publiés par l'institut des statistiques Rosstat fin janvier-début février. L'économie russe se trouvant en net ralentissement depuis plusieurs années, le PIB a, à plusieurs reprises, subi des contractions d'un mois sur l'autre ou d'un trimestre sur l'autre mais pas en comparaison par rapport à l'année précédente.
Pour Rouslan Grinberg, directeur de l'Institut économique de l'Académie des Sciences, ce chiffre marque le début d'une récession causée par les sanctions, la dépréciation de la monnaie, la grande faiblesse des investissements due à l'arrêt de certains mégaprojets. Pour l'instant, les autorités ont pris des mesures d'urgence mais il va maintenant falloir prendre des mesures pour faire face à la crise, a-t-il ajouté.
Officiellement, le gouvernement prévoit l'an prochain une baisse de 0,8% du PIB après une croissance de 0,6% cette année. Mais le ministère des Finances et la banque centrale ont prévenu que la chute pourrait dépasser 4% si le baril de pétrole se maintient autour de 60 dollars.
Vers 10h30 GMT, l'euro montait à 68,65 roubles contre 65,99 roubles vendredi soir et le dollar à 56,11 roubles contre 54,00 roubles. Cela représente une chute de 35% par rapport à l'euro depuis le début de l'année et de 42% face au dollar. Il s'agissait de l'avant-dernière séance de l'année pour les marchés moscovites, fermés du 31 décembre au 4 janvier inclus et ouverts seulement partiellement du 5 au 11.
Après avoir subi son pire plongeon en 15 ans, les 15 et 16 décembre, le rouble s'était fermement repris, soutenu par les ventes de devises étrangères menées à la fois par la banque centrale, le gouvernement et les grands groupes exportateurs publics. Les experts estimaient cependant que ce rebond, qui l'avait ramené à ses plus hauts niveaux du mois, s'essoufflaient faute de réelle bonne nouvelle sur le front économique.
Les conséquences du choc monétaire subi sur les derniers mois par l'économie russe commencent à se faire sentir, en premier lieu sur l'inflation qui, selon le gouvernement, devrait dépasser 11% sur l'année.
Dans un entretien à la radio Business FM, le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a prévenu que la hausse des prix pourrait continuer de s'accentuer jusqu'en avril et que la conséquence serait une forte chute de la consommation, d'où la nécessité d'adopter des mesures de soutien.
Pour l'instant, le gouvernement s'est surtout affairé pour soutenir le secteur bancaire, très affaibli par le choc monétaire. Un plan de recapitalisation des banques a été adopté et la liste des établissements concernés doit être rendue publique d'ici au 15 janvier.
AFP
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