L'Algérie ou l’ère des vaches maigres !
Avant d’entamer cette chronique, j’aimerais prononcer ma position quant aux menaces proférées publiquement par un salafiste à l’endroit du journaliste- écrivain Kamel Daoud, je crois que l’âge de l’obscurantisme est de retour avec la périlleuse volonté de réduire la pensée libre à des idées restreintes en fondant un projet de société fondamentalement rétrograde.
Nul n’a le droit d’accepter cette forme d’intimidation qui pèse sur nos intellectuels, ces menaces qui consistent à affronter l’idée par le procédé des armes et de la liquidation physique. Nous ne devons pas laisser cette tendance réactionnaire semer un chaos intellectuel au sein de notre société même si les autorités concernées n’ont pas pris part au drame de ce journaliste. Les intellectuels algériens sont plus que jamais interpellés face à ce danger qui risque de prendre une autre tournure celle d’imposer un régime intégriste.
Il a fallu cette vertigineuse chute des prix du pétrole pour que nos éclairés gouvernants se rendent compte de la gravité de la situation. Notre pays dont la seule ressource depuis notre indépendance est les hydrocarbures est menacé plus qu’avant par le spectre de la famine, chose que ceux qui l’ont gouverné durant quinze années considèrent en toute irréflexion un phénomène banal. Mis à part le peuple qui s’inquiète précocement, la sphère dirigeante algérienne manifeste une espèce d’indifférence singulièrement effrayante, des déclarations contradictoires émaillent la scène médiatique, des propos scindés entre ceux qui exposent un optimisme factice en dépit de cette menace qui nous guette et ceux qui exhibent un pessimisme réellement tangible. Cette situation économiquement chaotique met en avant l’échec voire la faillite de la gestion de l’équipe gouvernante plutôt régnante sur le trône de la république, une équipe qui a englouti plus de 800 milliards de dollars dans des projets totalement ruinés par la manie de la subtilisation et de la corruption. Cette colossale somme qui devrait muer notre pays en un paradis terrestre et qui pourrait jalouser plus d’une nation. Le narcissisme qui caractérise nos pseudo-responsables, et la tendance à s’éterniser aux postes clefs de l’État avec le maintien voulu de ministres véreux a engendré cette situation de ruine programmée.
Notre pays traverse une phase des plus scabreuses, conséquence d'une gérance sans repère, infligée par ceux que le peuple ne cesse de vomir depuis l'indépendance. Les oiseuses réformes qu'ont endossées les institutions sur tous les plans, ne se sont avérées qu'une poudre aux yeux comme pour berner ce crédule peuple qui continue d’essuyer un pouvoir unique en matière d’absolutisme. Les précédents mandats de tous ceux qui ont manié l’infaillible machine de la fraude pour s’étendre perpétuellement sur le strapontin de la royauté, indiquent clairement que l’appétit de régner sans partage prime sur tous les intérêts nationaux. Ceux qui ont coudoyé les misères qu’ a enduré le pauvre algérien, savent indubitablement qu’une révolte spontanée va engloutir ce riche pays avec tous ces paradoxes qui divisent cette terre en deux lieux plutôt communautés différemment conçues, l’une à l’antipode de l’autre : il y a cette arrogante oligarchie qui assujettit tout un peuple, dont les milliards du pétrole leur sont un butin impartageable, avec l’assurance d’être entièrement à l’abri de tout éventuel besoin, en s’obstinant dans leur talent d’étouffer toute voix d’opposition, chasser tous les journalistes soucieux du devenir tragique de leur pays, puis il y’a cette classe qui vit sous le seuil de l’indigence, et qui demeure passive par le coup de la coercition, devant le destin que lui a réservé une indépendance déviée.
L’actualité nationale est sujette à des questions qui démontrent plus encore la fragilité du régime algérien, la distance qui sépare le peuple de ses gouvernants dévoile bien cette criante méconnaissance de ces derniers des réalités sociales du pays. Notre pays n’a guère connu de conjoncture pareille depuis l’indépendance, La surdité que feint le président par rapport aux plaintes émanant du peuple qui crie à la famine, n’augure rien d’optimiste, le cas de la pomme de terre qui a disparu du marché depuis des mois dénude notre pouvoir de toute stratégie économique et le dépourvoit de toute crédibilité politique.
Rachid Chekri
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