Béji Caïd Essebsi, un cacique du régime, élu président de la Tunisie
Béji Caïd Essebsi, élu à 88 ans à la tête de la Tunisie, a servi aussi bien les présidents Bourguiba que Ben Ali avant de s'imposer comme le poids lourd de la Tunisie post-révolutionnaire face aux islamistes.
C'est un homme qui a fait toute sa carrière dans les arcanes du pouvoir tunisien qui vient d'être élu. Net vainqueur face au président sortant Moncef Marzouki, l'octogénaire Essebbsi avait axé toute sa campagne sur le retour à l'ordreaprès quatre années d'une transition parfois chaotique, se référant encore et toujours à Habib Bourguiba, le père de l'indépendance tunisienne, dont il fut un proche collaborateur. Mais, contrairement à son mentor, il peut se targuer d'être le premier chef d'Etat élu librement dans l'histoire de son pays.
Ce qui n'empêche d'ailleurs pas Béji Caïd Essebsi de se montrer critique vis-à-vis de Bourguiba. En 2009, dans un entretien accordé à L'Express, il peignait un "homme autoritaire". "Bourguiba n'était certainement pas un despote. Lui-même ne se disait d'ailleurs pas démocrate. Il ne s'estimait pas concerné par la question démocratique, les élections et leurs aléas...Il était intimement convaincu qu'il tenait du peuple tunisien un mandat qui transcendait ces contingences".
Essebsi ne s'est jamais opposé à Ben Ali
Avocat de formation, M. Caïd Essebsi est revenu sur le devant de la scène à la faveur de la révolution qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Nommé Premier ministrr provisoire en 2011, il a à son crédit d'avoir mené le pays vers les premières élections libres de son histoire en octobre 2011, remportées par les islamistes d'Ennahda.
Mais ce ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous Bourguiba, puis président du Parlement en 1990-1991 sous Ben Ali, a été accusé par M. Marzouki d'être un produit du système déchu cherchant à reproduire l'ancien régime.
Si durant l'essentiel des années 1990 et 2000, il s'est effacé, M. Caïd Essebsi ne s'est jamais opposé à Ben Ali. Nombre de membres de l'ancien parti hégémonique, le RCD, sont d'ailleurs désormais dans sa formation, Nidaa Tounès. Mais il balaye ces critiques et jure de travailler dans le strict cadre de la Constitution adoptée en janvier et qui limite les prérogatives présidentielles afin d'éviter un retour à la dictature. "La Constitution nous gouverne tous. L'homme devant vous n'est pas prêt à sortir des prérogatives que la Constitution lui accorde", a-t-il assuré.
Ce père de quatre enfants, né dans une famille bourgeoise tunisoise en 1926, se réclame de la pensée de Bourguiba qu'il qualifie de "visionnaire" et "fondateur de l'Etat moderne", bien qu'il ait instauré un régime autoritaire ne tolérant aucune critique.
Face aux attaques sur son âge, peu représentatif d'une révolution portée par la jeunesse, il répète sans cesse que "la jeunesse n'est pas un état civil mais un état d'esprit", tout en se disant encore et toujours "en bonne santé". Il a cependant refusé un débat avec son adversaire ainsi que sa demande de fournir un certificat médical.
Son parti Nidaa Tounès ("L'Appel de la Tunisie") est une formation hétéroclite qui a attiré des hommes d'affaires, des intellectuels, des syndicalistes et des militants de gauche, mais aussi des proches de l'ancien régime unis par leur opposition aux islamistes. Les anciens membres du RCD "restent des citoyens qui (...) ont le droit de participer à la vie politique de notre pays. Autrement, c'est comme si on leur avait enlevé leur nationalité", a dit en novembre M. Caïd Essebsi à l'AFP.
"Nous voulons un Etat du 21ème siècle, un Etat de progrès. Ce qui nous sépare de ces gens-là, ce sont 14 siècles", aime répéter sous forme de boutade mais non sans dédain M. Caïd Essebsi.
Avec AFP
Commentaires (10) | Réagir ?
Rappelons à juste titre le rôle de Bourguiba comme le libérateur de la tunisie ainsi que son soutien (comme celui de Mohamed-5) et son aide inestimable à la révolution algérienne... sans ces deux soutiens, notre révolution aurait cappotée !!!
Les tunisiens sont plus au courant de celui qui pourrait mener leur destin... les tunisiens sont un peuple raisonnable qui réfléchit avec son cerveau et qui n'est pas guidé par ses sentiments ... contrairement à nous... qui avions fait le choix de l'apocalyse... qui aurait pu nous mener vers la sommalisation du pays !!!
Donc, saluons le courage de ce peuple frère... et souhaitons lui le plus grand bien !!!
Le cauchemar continue, après Bouteflika un président complètement diminué, voici une vieille carcasse de 88 ans Caïd Essebsi élu démocratiquement en Tunisie, en attendant quelle catastrophe vont choisir les libyens qui doivent être jaloux normalement. Je me demande à quelle planète appartiennent les maghrébins. A chaque fois leur choix est bizarre, l'essentiel un choix en contre nature. Il ne faut pas être surpris si un jour les maghrébins seront gouvernés par un diable. ouf !!!