Les Tunisiens éliront aujourd’hui leur président de la République
Le second tour de l'élection présidentielle a débuté dimanche en Tunisie où près de 5,3 millions d'électeurs sont appelés à départager Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. Ce scrutin est la dernière étape de l'instauration d'un régime démocratique en Tunisie quasiment quatre ans après le renversement de Zine Ben Ali.
Qui de l'ancien opposant ou de celui qui a toujours été avec le pouvoir sera choisi par les Tunisiens pour devenir leur président ? Difficile de se prononcer pour l'heure. Au premier tour, le 23 novembre, Essebsi a obtenu 39,4% des suffrages contre 33,4% à Marzouki, soit moins de 200.000 voix d'écart.
Agé de 88 ans, Essebsi est un dinosaure du pouvoir tunisien. Il a été ministre d'Habib Bourguiba, qui a pris les rênes du pays en 1957 après l'indépendance négociée avec la France et les a conservées pendant trente années. Son parti laïque, Nidaa Tounès, est arrivé en tête des élections législatives du mois d'octobre. Depuis cette date, il a toujours été dans les couloirs du pouvoir. Difficile de croire qu'il puisse incarner le changement.
Ses adversaires l'accusent d'être une figure des régimes autocratiques du passé et voient dans sa candidature le risque d'un retour à l'"hégémonie d'un parti unique". Il doit surtout gommer le souvenir de son engagement dans le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Zine Ben Ali après le coup d'Etat de novembre 1987 et son passage à la présidence de la chambre des députés en 1990 et 1991. Après cela, il s'était retiré de la vie politique.
"Essebsi n'est pas un démocrate. Il ne sait pas ce qu'est la démocratie", a affirmé Marzouki lors de la campagne de l'entre-deux tours. Mettant en avant son statut d'homme d'Etat expérimenté, Essebsi se dit pour sa part le mieux à même de "rendre son prestige" à la Tunisie.
Pas de consigne de vote d’Ennahda
A l'inverse, Marzouki, 69 ans, est un opposant de longue date au régime. Certains lui reprochent sans apporter de preuve son alliance avec les islamistes d'Ennahda qui lui a permis d'être élu président de transition il y a trois ans. Ancien opposant au régime de Ben Ali, exilé plusieurs années en France, il se présente lui comme le protecteur de la "révolution de jasmin" qui a déclenché le cycle des "printemps arabes".
Le parti Ennahda, deuxième des législatives, avait choisi de ne pas présenter de candidat à la présidentielle et n'a donné aucune consigne de vote mais le camp Essebsi affirme que Marzouki a fait le plein des voix islamistes.
Depuis sa révolution de 2011, la Tunisie s'est toutefois distinguée par son souci du compromis contrairement à la Libye ou à l'Egypte, où le renversement de dirigeants autocratiques a ouvert des périodes de confrontations violentes et de chaos. Quelque 5,3 millions d'électeurs sont inscrits sur les listes électorales. Les bureaux de vote, qui ont ouvert à 08h00 (07h00 GMT), fermeront à 18h00. Les Tunisiens de l'étranger votent eux depuis vendredi.
Au premier tour, la participation avait frôlé les 65%. "Je ne voterai ni pour Essebsi ni pour Marzouki. Le premier n'a jamais été démocrate et nous connaissons son passé; le second ne sait rien faire d'autre qu'enterrer des policiers tués par des terroristes", affirme Imed Jouini, un chômeur rencontré dans un café de Tunis. Avant l'élection du parlement en octobre, la Tunisie s'est dotée en janvier d'une nouvelle constitution garantissant notamment la liberté de culte et l'égalité des sexes. Ce texte a été salué par les pays occidentaux comme un modèle pour l'instauration d'un régime démocratique et respectueux des droits de l'homme.
Il n'accorde que des pouvoirs limités au chef de l'Etat, notamment dans les domaines de la défense et des affaires étrangères. Le coeur du futur pouvoir devrait se trouver au parlement. "En organisant les élections de 2014, la Tunisie achève un long processus de transition qu'elle a entamé le jour de la chute de la dictature le 14 janvier 2011 et rétablit la stabilité politique dans un climat de multipartisme et d'alternance pacifique", souligne l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE).
Avec Reuters
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