Pas même cette oraison funèbre lue par celui qui préside toujours à notre destinée de peuple soumis, à la mort de Mohamed Boukharouba, alias Houari Boumediene, un certain 28 décembre 1978, en dépit de mon jeune âge à l’époque, pour comprendre le pourquoi du comment, de toutes ces Algériennes et de tous ces Algériens qui pleuraient en l’accompagnant à sa dernière demeure, celui qu’on connaissait déjà pour être un dictateur. Nous n’étions pas sans le savoir, en effet, en 1976 déjà, alors que nous suivions, intramuros, dans nos villages, les "prêches" au quotidien d’une certaine opposition au régime, diffusés par la radio Tanger, au Maroc.

Le nom d’Aït Ahmed venait d’entrer dans notre culture politique en formation mais c’était tout. Evidemment, beaucoup d’Algériens, pour ne pas parler de Kabyles tout court, ignorent à ce jour la vraie histoire des hommes qui ont été à l’origine de la création de ce mouvement d’opposition politique auquel furent attribuées les trois lettres : FFS, en juin 1963 et, à ma connaissance, dans sa toute récente contribution, ici, Ramdane Redjala ne nous a pas édifié, tel n’était pas l’objet de sa contribution, sur ce mouvement qui a résisté depuis sa création, y compris par les armes, jusqu’à cette pseudo-ouverture politique arrachée et à quel prix, par les enfants d’Octobre, à la dictature du parti unique et de la police politique qui sévissait.

Ramdane Radjala ne nous a pas expliqué non plus comment un parti d’opposition qui a été poussé à prendre le maquis par l’ANP et les milices créées par Ben Bella, en est arrivé à se transformer en une simple «association à caractère politique» contrainte de déposer une demande d’agrément auprès du ministère de l’Intérieur du régime, au même titre que les autres, alors que ce vieux parti avait payé le prix de son existence et son engagement par plus de 400 martyrs, à l’instar d’Arav Ath Ali du village Taourirt Amrane et de Bélaïd Ait Medri du village Ath Mllal, dans l’ex commune mixte du Djurdjura (Aïn El Hammam actuel) pour ne citer que ces deux héros dont le premier a été blessé et arrêté durant la guerre contre le système colonial et le deuxième était bachelier en 1948 déjà.

Pour revenir à notre propos, je disais plus haut que jamais discours d’un président n’a produit sur moi la moindre émotion mais de là à me faire pleurer ! Et pourtant, un seul et le seul d’ailleurs a réussi à le faire : le président Hugo Chavez que le peuple vénézuélien ainsi que tous les autres, patriotes du monde entier, qu’ils soient du Nord ou du Sud ont perdu en lui le père, le frère, le libérateur en mars de l’année 2013.

Mais pourquoi parler de Chavez maintenant et quel rapport avec ce pays malmené qui est le nôtre et qui va droit vers on ne sait quelle catastrophe ? Ce pays qui, comme le Venezuela, a du mal à sortir de sa dépendance économique aux hydrocarbures dont les prix n’arrêtent pas de dégringoler. Ceci et quand les responsables de ce dernier pays s’apprêtent à revoir à la baisse les salaires des hauts fonctionnaires de l’Etat, nos députés, eux, aux dernières nouvelles, toute honte bue, n’ont pas trouvé mieux à faire que d’exiger de l’Etat la satisfaction d’un certain nombre de revendications dont la revalorisation de leurs salaires de misère,…. des passeports diplomatiques et j’en passe, afin, disent-ils, de pouvoir s’acquitter de leur travail comme il se doit.

Ceci étant, la comparaison avec ce grand pays latino-américain s’arrête là, pour autant, quand on sait que le peuple vénézuélien peut s’enorgueillir d’avoir élu un homme, un leader charismatique, un humaniste, fut-il issu de l’institution militaire et d’avoir défendu leur choix jusqu’à ce jour ultime où il a été emporté par un cancer foudroyant qui ne lui a laissé aucune chance, alors que nous autres Algériens, avons laissé un candidat imposé par on ne sait quelle officine, devenir président, nous l’avons laissé triturer la constitution en 2008 sans réagir et nous avons accepté sa réélection pour un quatrième mandat, sur un fauteuil roulant et arrivant à peine à formuler intelligiblement une phrase.

L’Algérie, pour conclure, comme beaucoup d’autres pays, qu’ils soient du Nord ou du Sud, attendent toujours leur Chavez, tel le Messie, pour reprendre l’expression d’un grand humoriste français, fût-il général ou lieutenant colonel, un Poutine algérien qui pourrait les arracher aux griffes de ces néocolonialistes destructeurs de l’humanité et ce n’est sûrement, de mon point de vue jusqu’à preuve du contraire, pas cette soi-disant opposition de salon, qui n’arrive même pas à s’entendre sur le minimum et qui sert beaucoup plus de vitrine, d’alibi à ce régime qui fait semblant de s’offusquer de la visite de la délégation de l’UE, qui fera peur à ce dernier au point de le pousser à la porte….de la poubelle de l’Histoire.

Nacer Achour