Un G6 européen à Paris pour avancer face au djihad
Les ministres de l’Intérieur européens du G6 poussent à l'adoption de législations communes dans l'Union pour faire face au phénomène des combattants partis faire le djihad et renforcer la surveillance d'internet, outil privilégié de propagande.
Les ministres de France, d’Espagne, d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Italie et de Pologne se sont réunis jeudi à Paris en présence d'homologues ou responsables canadiens, américains et turcs pour avancer aussi sur les flux migratoires. Deux des quatre sessions de travail étaient consacrées aux "combattants étrangers" partis en Syrie et en Irak, ainsi qu'à internet "facteur de recrutement et de propagande".
"Tous les pays engagent des dispositions comparables à celles adoptées par Paris", a dit le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve lors d'une conférence de presse. "Il faut faire en sorte que nos législations s'articulent".
Le Parlement français a adopté définitivement mardi le projet de loi sur le renforcement de la lutte contre le terrorisme qui entend conjurer la menace représentée par la présence de nombreux djihadistes européens en Syrie et en Irak. Selon les autorités allemandes, quelque 3.000 ressortissants de pays d'Europe occidentale, dont 400 Allemands, ont rejoint les rangs de l'Etat islamique (EI).
"Depuis le début de l'année, le nombre des Français a augmenté de 82%. Nous en sommes aujourd'hui à près de 1.000", a dit Bernard Cazeneuve. Selon Paris, le nombre de Français impliqués est passé de 555 à 932 depuis le 1er janvier. Les ministres ont "beaucoup discuté" des moyens de retirer d'internet les contenus "propagandistes ou haineux", a souligné Bernard Cazeneuve.
Compromis avec le parlement européen ?
Il a rappelé que des rencontres avaient eu lieu avec les responsables des géants du net qui ont fait part de leur volonté commune de "nettoyer le net". "Au Luxembourg, nous avons obtenu qu'ils s'autorégulent, raison pour laquelle nous avons mis un dispositif pour les alerter et, s'ils ne le font pas, pour bloquer" certains contenus.
L'Asic, association regroupant la plupart des grands acteurs d'internet, dénonce pourtant "une atteinte sans précédent aux libertés" et veut qu'en France, le Conseil constitutionnel soit saisi de la nouvelle loi antiterroriste française.
Le G6 s'est également penché sur le projet soutenu par Paris de doter l’Union européenne, à l'instar des Etats-Unis, d’un système de collecte des données fournies par les voyageurs aux compagnies aériennes (PNR).
"Tous les Etats membres soutiennent déjà cette initiative et nous devons maintenant convaincre le Parlement européen", a dit Bernard Cazeneuve, précisant que la question faisait débat parmi les parlementaires et qu'il fallait trouver un "compromis". "Il faut qu'on puisse convaincre avec plus de garanties" pour les libertés, a précisé le ministre.
Le G6 a abordé enfin la question des flux migratoires, celle de la gestion des frontières et la coopération avec les pays d’origine dont les ressortissants veulent entrer dans l’UE. "Je propose une coordination européenne permettant de travailler avec les pays de provenance et le HCR", a dit Bernard Cazeneuve.
Reuters
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