Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO) : Appel au peuple algérien

L'opposition lors de sa réunion à Mazafran en juin dernier.
L'opposition lors de sa réunion à Mazafran en juin dernier.

L’Instance de Concertation et de suivi de l’Opposition (ICSO) nous a fait parvenir cet appel au peuple algérien que nous reproduisons in extenso.

Algériennes, Algériens

L’Instance de Concertation et de suivi de l’Opposition (ICSO), issue des recommandations de la première Conférence nationale pour la transition démocratique (Mazafran-Zéralda le 10 juin 2014) qui avait réuni des partis politiques, des organisations de la société civiles et des personnalités politiques avait recommandé à ses membres d’entreprendre une série d’activités politiques destinées à alerter le peuple algérien sur la réalité de la situation générale du pays, marquée notamment par une vacance de pouvoir au niveau du président de la République et un vide institutionnel avéré, qui font courir à l’Algérie de sérieux risques d’instabilité. Des actions de sensibilisation politique de l’opinion publique nationale ont été menées en dépit des entraves de toute nature et de l ‘embargo des medias publics censés représenter la réalité nationale.

La célébration du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale est une occasion privilégiée pour appeler à prendre conscience de la gravité de la situation que vit l’Algérie. L’ICSO invite à adhérer à un processus salutaire dont l’objectif est l’instauration d’un système démocratique et social seul en mesure d’assurer la justice, la liberté et l’égalité entre tous ses enfants.

Algériennes, Algériens,

Notre pays a engrangé ces quinze dernières années des recettes colossales jamais égalées depuis le recouvrement de l’indépendance nationale. Cette manne financière, qui échappe à toute forme de contrôle populaire ou institutionnel, n’a servi ni le développement du pays, ni garanti une paix sociale que le gouvernement veut assurer à coup de promesses irréalisables à court ou à moyen terme mais destinées surtout à gagner du temps.

Cette politique a hypothéqué l’avenir des générations futures car elle a misé exclusivement sur la surexploitation des ressources naturelles non renouvelables, de même qu’elle a accentué la dépendance notamment alimentaire de l’Algérie compromettant ainsi l’autonomie de sa décision économique, politique et diplomatique.

Sur le plan des libertés et de l’exercice démocratique, le pouvoir politique persiste dans l’interdiction des rencontres avec la population, entrave l’action politique des partis politiques et musèle la liberté d’expression à travers les différentes formes de pressions qu’il exerce notamment, sur la presse indépendante. De même qu’il a confirmé, lors des dernières élections présidentielles, l’absence de toute volonté politique d’envisager une consultation populaire sans recourir à la fraude et par conséquent à la confiscation de la volonté populaire.

Aujourd’hui, l’Algérie est confrontée à un choix crucial entre la persistance de l’impasse politique actuelle ou la mobilisation pour un sursaut national salvateur pour la préservation de la cohésion et de l’unité nationales.

Les derniers événements à Ghardaïa, à Alger et dans d’autres régions du pays viennent conforter nos craintes et nos mises en garde sur les risques avérés que la crise du régime politique se transforme en crise de l ‘Etat algérien. En effet, les institutions républicaines qui sont le produit d’un long et parfois douloureux processus historique sont aujourd’hui marginalisées, paralysées et le pouvoir présidentiel fragilisé par l’absence prolongée du chef de l’Etat.

Le pouvoir politique porte ainsi, devant la peuple et devant l’histoire, la responsabilité de la dégradation de l ‘environnement social, économique et sécuritaire qui font entrer l’Algérie dans une crise politique sans précédent.

Algériennes, Algériens

Notre région connaît, ces dernières années, une accélération de l’histoire marquée certes par l’incertitude mais aussi par la chute des pouvoirs autoritaristes, produits de la présidence à vie et de la transmission héréditaire du pouvoir. La fin de cet anachronisme est un acquis historique incontestable pour les peuples.

Cette délicate conjoncture aurait dû servir, au moins, à alerter les tenants du pouvoir politique sur la nécessité d’engager de véritables réformes politiques et économiques pour mettre l’Algérie à l’abri d’une autre rupture violente dans son histoire. Elle a, au contraire servi de prétexte pour limiter le champ des libertés et les espaces d’action politique tout comme elle a nourri un discours officiel articulé autour du chantage sécuritaire pour justifier le refus de la transition vers un système démocratique et pour couvrir les scandales de grosse corruption qui ont miné le développement national , entaché l’honorabilité des algériens et terni l’image de l’Algérie sur la scène internationale.

Algériennes, Algériens

La Conférence de Mazafran a tenu le pari d’unir l’opposition politique, pour la première fois dans l ‘histoire de l ‘Algérie indépendante, non pas autour d’une démarche partisane ou idéologique mais autour de la nécessité impérieuse d’apporter une contribution à la solution de la crise nationale. Le défi historique relevé a été celui de favoriser la formation de convergences entre toutes ses composantes autour d’un programme fondé sur les valeurs de liberté et de justice dans le seul objectif de sortir l’Algérie de sa crise et d’organiser avec le pouvoir politique une transition consensuelle, graduelle et pacifique.

L’Instance de Concertation et de Suivi de l’Opposition prend à témoin le peuple algérien, seul acteur de son histoire, de la gravité de la situation. Elle est consciente que sans le peuple algérien, source de tout pouvoir et dépositaire exclusif de la souveraineté nationale, aucune solution n’est possible ni viable.

La transition démocratique à laquelle nous appelons et pour laquelle nous nous mettons à votre service n’a de sens que si le peuple, dans toutes ses composantes, sa jeunesse et ses élites politiques et socioprofessionnelles est convaincu de sa justesse et de la sincérité des femmes et des hommes qui l’animent.

L’Instance de Concertation et de Suivi de l’Opposition vous invite à l’accompagner dans son action pour que l’avenir de l’Algérie soit fondé sur la construction d’un destin collectif destiné à assurer aux algériennes et aux algériens les conditions d’une prospérité partagée dans une Algérie forte, stable et juste.

Gloire à nos martyrs, morts pour la liberté

Alger, le 1er novembre 2014

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Commentaires (7) | Réagir ?

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said ait abdallah

l'appel des vrais patriotes Algériens ne peut ressembler à l'appel des opportunistes et bouffeurs de tous les rateliers de la caverne d'Ali Baba.

Le peuple Algérien saura reconnaitre les siens.

http://www. algeria-watch. org/fr/article/tribune/appel_ait_abdallah. htm

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khelaf hellal

Méfions-nous de ces instances de suivi et de je ne sais quoi qui se cache derrière, ça sent la récupération et le leurre. Je dirais même plus au risque de me tromper, ça les odeurs saintes du 3inber et du musc des mosquées et de ses appels déguisés de minbars. Je me demande si le Rachd n'y est pas dedans pour réhabiliter ses prophètes déchus.

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