C'est une apparition assez rare pour être soulignée : celle d’Abdelaziz Bouteflika, qui s'est recueilli publiquement samedi sur les tombes de martyrs de la guerre d'indépendance. Un recueillement à l'occasion des 60 ans de cette insurrection, commémorée dans la sobriété selon des images diffusées par la télévision. Rappelons-nous, la dernière sortie du président remonte au 5 juillet où il est aussi venu se recueillir au monument des martyrs. Entre les deux, les Algériens ne l'ont vu qu'à travers les images aux plans très soignés de l'ENTV.

A l'occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la révolution, Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, s'est ainsi recueilli au Carré des martyr du cimetière d'El Alia, dans la banlieue est d'Alger, où sont inhumées les plus grandes figures de la guerre d’indépendance. Toujours affaibli par la maladie après un AVC en avril 2013, le chef de l'État, en costume trois-pièces, est arrivé en fauteuil roulant au cimetière. Il a été aidé à déposer une gerbe de fleurs puis s'est saisi du drapeau national qu'il a embrassé avant de saluer les principaux responsables algériens.

À minuit, une salve de soixante coups de canon a tonné dans le ciel d'Alger, suivie d'un hululement de sirènes de bateaux montant du port. Des milliers de personnes ont assisté à un spectacle son et lumière sur l'esplanade de la Grande Poste, bâtiment algérois emblématique édifié au cœur de l'ancien quartier colonial pour célébrer le centenaire de la colonisation entamée en 1830.

Les Algériens n’eurent pas droit au discours traditionnel. Seul un discours aux accents menaçants du président a été diffusé par les canaux officiels. Le chef de l'Etat est complètement coupé des réalités algériennes. Replié dans son palais de Zéralda, il ne fréquente plus le siège de la présidence. Seuls de rares fidèles le voient de temps à autres. Même les conseils de ministres s'espacent de plus en plus. Le dernier remonte à la fin août.

L.M./AFP