Un État voyou :

- C'est un État qui ne prête aucune attention à la volonté de son peuple, qui ignore sa souffrance, sa douleur et ne répond qu'aux menaces de celui-ci de conquérir la rue.

- C'est un État, sournois aux aspirations de son peuple à la démocratie, à la liberté, à la reconnaissance des droits citoyens, d'équité et d'égalité des chances de survie pour tous.

- C'est un État qui ne reconnaît à son peuple que le droit de voter et ne fait dire aux urnes au bout du compte, que ce qu'il veut.

- C'est un État qui combat, affaiblit la citoyenneté et ne laisse aucune chance à la démocratie, qui devrait exprimer la souveraineté du peuple, une souveraineté tronquée, usurpée tyranniquement en son nom et place.

- C'est un État pris en otage entre l'action conjuguée du pouvoir des armes et celui de l'argent. La politique n'y devient qu'un vulgaire outil "civilisé" pour faire passer, aux yeux du monde, sa tyrannie pour "démocratie".

- C'est un État qui fabrique des milices, les appelle "patriotes", "défenseurs des libertés", "gardiens de la république" ou de "la paix", qu’importe l'appellation, ce sont des milices, dont certaines terrorisent, menacent le peuple pour le tenir sous la peur du péril et faire la sale besogne. Bien que la plupart d’entre eux soient des anciens maquisards de la guerre de libération qui ont senti la nécessité de sauver le pays du terrorisme religieux qui pesait sur son avenir, ceux-là, je les salue et je m’incline devant leur courage et la noblesse de leur tâche et qui reste encore immaculée et l’instrumentalisation de l’Etat.

- C'est un État qui envoie avec aise ses avions, ses hélicoptères pour faire planer sur les villes un climat de peur, terrorise les civils, les innocents et se donne en spectacle de la divine stupidité, "bled miki, hemm yedahak ou hemm yebbeki".

- Enfin, c'est un État où la Justice n'en conserve que le nom et le justicier ne retient que l'ardent souhait et l'ancien souvenir d'un vœu pieux, aussi ancien qu'est l'histoire glorieuse de ce peuple tenace et fier, un vœu, manifesté jadis par nos valeureux "chouhada" Rabi yerhamhoum, qui souhaitaient voir leur Algérie libérée, plus équitable, plus juste envers leurs enfants et leurs arrière-petits-enfants, que ceux-ci ne devraient, en aucun cas, subir les mêmes injustices, le même traitement que leur faisait subir l'occupant, contre lequel ils se sont soulevé.

C’est qui le patriote ?

Sûrement pas l'islamiste. Car l'islamiste aime son Dieu et sa religion avant sa patrie et même plus ; pour lui, l'amour de la patrie fait partie de la foi. "L’amour des patries est un acte de foi", un hadith allégué au prophète mais, qu'il ne la jamais dit, "L’État" et "la nation" n’avaient aucune place dans leur discours, qui ne sortait point de la notion de "la Oumma" (communauté de foi) et de "la khilifa" (royaume de Dieu sur terre), si l'on reprend la terminologie chrétienne. Ils semblent aller encore plus loin, en adoptant l’adage qui dit : "aynama imtada dinouka, imtada watanouk", là où s'étend ta foi s'étend ta patrie. Chez eux, le patriotisme ne peut en aucune manière être perçu ou conçu en dehors de la foi, ce que je trouve trop réducteur, car cette conception exclue automatiquement les autres concitoyens, non religieux.

Mourad Chaalal