Les islamistes d'Ennahda reconnaissent leur défaite en Tunisie
Le parti islamiste Ennahda, vainqueur des premières élections libres organisées en Tunisie après le renversement de Zine ben Ali, a reconnu lundi sa défaite aux législatives de dimanche, remportées par l'alliance laïque Nidaa Tounes.
"Nous avons accepté ce résultat et félicitons le vainqueur", a déclaré Lofti Zitoun, membre de la direction du parti, interrogé par Reuters. Le mouvement, a-t-il ajouté, réitère son appel à la formation d'un gouvernement d'union dans lequel il est prêt à siéger.
Nidaa Tounes remporterait plus de 80 sièges, contre 67 pour les islamistes, a-t-on a déclaré lundi de source proche du parti laïc sur la base d'un décompte préliminaire. "Selon les premiers résultats, nous menons et avec une avance confortable", a déclaré un responsable de Nidaa Tounes, sans confirmer de chiffres.
Le parlement tunisien compte 217 membres. Aucun camp ne semblant en mesure de disposer seul d'une majorité absolue, une période de tractations entre partis devrait s'ouvrir en vue de former un gouvernement de coalition.
Les autorités électorales devaient annoncer les résultats officiels dans la journée. Les grands partis avaient déployé dimanche des observateurs dans la plupart des bureaux de vote pour superviser le dépouillement. Dès dimanche soir, Béji Caid Essebsi, chef de file de Nidaa Tounes, avait fait état d'"indications" donnant sa coalition victorieuse du scrutin.
Ces élections législatives et le scrutin présidentiel prévu en novembre et décembre doivent parachever la transition vers la démocratie et doter la Tunisie de nouvelles institutions, près de quatre ans après la "révolution de jasmin". Le soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011 contre le régime autoritaire de Zine Ben Ali a été le déclencheur de révoltes à travers le monde arabe.
De tous les pays concernés par ce "printemps arabe", la Tunisie fait désormais figure d'exception. Malgré des violences imputées à des islamistes radicaux, dont le meurtre de deux responsables de l'opposition laïque en 2013, elle échappe en grande partie aux troubles, au chaos voire à la guerre civile dont sont victimes à des degrés divers l'Egypte, la Libye et la Syrie. Elle s'est dotée en janvier d'une nouvelle constitution garantissant notamment la liberté de culte et l'égalité des sexes.
Ce texte, salué par les pays occidentaux comme un modèle pour l'instauration d'un régime démocratique et respectueux des droits de l'homme, est le fruit d'un compromis au sein de l'Assemblée constituante élue en octobre 2011.
Ennahda a alors remporté environ 40% des sièges et a dirigé un gouvernement de coalition jusqu'à la crise politique qui a suivi l'assassinat de deux figures de l'opposition. Accusé de laxisme envers les extrémistes, le parti a accepté de céder le pouvoir à un gouvernement d'experts formé en janvier dernier par Mehdi Jomaâ.
Alors que la place de l'islam dans la société et la sphère politique était le thème majeur des élections de 2011, le scrutin de dimanche a été davantage dominé par l'économie, les questions sociales et la sécurité dans un pays qui dépend en grande partie de son activité touristique.
Reuters
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