Un État policier sans policiers ?
Mettre en congé spécial l’inspecteur général de la DGSN, Mohamed Houalef et le chef de Sûreté de la wilaya d’Alger, Noureddine Boufellaga, parce qu’ils sont suspectés d’être les instigateurs de la manifestation des agents de l’ordre est une grave erreur qui pourrait coûter cher au clan Bouteflika.
Pour faire entendre leurs revendications, les policiers ont organisé, il y a une semaine, une marche pacifique à Alger, un rassemblement devant le palais du Gouvernement et assiégé la présidence de la République. Leurs motifs sont nobles. Les membres du clan Bouteflika et tous les protégés par le régime se conduisent comme s’ils étaient au-dessus de la loi. Cela soulève donc d’ire et l’indignation des agents. Ces policiers qui portaient des pancartes réclament donc un syndicat indépendant et le départ du patron de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel.
Garder le directeur général de la police à son poste contrairement aux demandes insistantes des policiers en grève est plus qu’une décision douteuse. Une caution à l'homme dont la tête est demandée par les manifestants. S’il est proche du clan au pouvoir, le général Hamel n’a pas moins une impressionnante quantité de squelettes dans son placard.
Abdelaziz Bouteflika a-t-il lu la plate-forme politique du Mouvement Barakat ? Peu probable. Cette décision montre toute la justesse des propos de ce mouvement citoyen qui se veut large, démocratique et ouvert. Le clan Bouteflika se fait actuellement plus de dommage que toutes les manifestations pacifiques d’étudiants lui en ont fait jusqu’à maintenant.
Si le premier ministre a mollement accepté d’augmenter le salaire mensuel des policiers, il refuse la création d’un syndicat autonome. C’est une chose normale puisque ce droit à la syndicalisation a été arraché de force dans la très grande majorité des pays, même les plus démocratiques. Alors, il ne pouvait pas en être autrement dans cette dictature à géométrie variable.
En refusant cette syndicalisation, la haute direction de l’Algérie s’expose à court terme à des manifestations sauvages de la part de ses corps policiers et à plus long terme a une désolidarisions qui pourrait lui être fatale. L’Algérie d’aujourd’hui ne peut plus massacrer les citoyens qui ne lui obéissent pas comme le faisait celle d’hier. La réalité sociale et l’interdépendance économique mondiale l’obligent à prendre en compte les droits de l’homme. La plate-forme politique du Mouvement Barakat qui demande que l’Algérie se dote d'un nouveau système d'État, d'un nouvel ordre politique démocratique et mette l'État au service de la société est l’avant-garde de cette modernité. Ceux qui demandent que les Algériens deviennent une communauté de citoyens avec un système constitutionnel durable viennent de voir les policiers faire écho à leur demande.
Quand les membres du gouvernement bafouent le droit, l’État de droit peut commencer dans les rangs de la police comme le mentionne si bien le slogan des contestataires. En mettant en congé spécial deux hauts responsables de la police, Abdelaziz Bouteflika scie la branche sur laquelle il est assis.
Michel Gourd
Commentaires (11) | Réagir ?
merci pour l'iformation
Oh seigneur !fait que cette secte trépasse le plutôt possible afin de commencer notre première véritable république authentique dont le nom sera de consonance originelle berbère, car l’Algérie est une invention d'un général français Schneider en Juin 1876!