Pour la reconnaissance officielle de la langue amazighe dans la Constitution algérienne
Un simulacre de révision constitutionnelle vient de s’achever après sa mise en place par le chef de cabinet de la présidence.
Sauf à prendre le risque d’apporter du crédit à un tel processus usurpatoire, les Algériens, les partis politiques non affiliés au régime, la société civile, les intellectuels et militants n’ont d’autre choix que de rappeler certains fondamentaux démocratiques qui ne sauraient être négociables, devant être inscrits dans ce nouveau texte, censé représenter le contrat social de demain.
Force est de constater que lors des débats menés tambours battants par la C.N.L.T.D. (Coordination Nationale pour les Libertés et la Transition Démocratique), le statut de langue officielle de tamazight dans l’offre politique alternative qu’elle propose à l’Algérie de demain a été éludé.
Pourtant, un regard rétrospectif, basé sur les déclarations des uns et des autres, atteste de positions plutôt favorables.
Ceux qui s'opposent à ce qui est une exigence historique et un impératif démocratique, adoptent des affirmations caractérisées par des manœuvres dilatoires en lieu et place de positions responsables. Ces manœuvres d’arrière-garde tournent autour de la graphie, de la standardisation, de la généralisation ou pas de son enseignement... Quand bien même ces arguments mériteraient attention, ils ne sauraient remettre en cause la légitimité de l’officialisation de la langue amazighe.
C’est, en effet, à l’Etat de droit fédérateur, que tous les Algériennes et Algériens appellent de leurs vœux, que revient la mission de charger des spécialistes capables d’apporter des solutions scientifiques, débarrassées de toute spéculation idéologique, instrument d’obstruction, de mépris et de répression.
Que ne nous a-t-on pas dit jusque-là à propos du pluralisme linguistique ? Que deux langues officielles diviseraient le pays. Comme si l’Algérie allait prendre une décision unique en son genre! De par le monde, de nombreux pays, du nord comme du sud, ont déjà et depuis longtemps, inscrit plus d’une langue officielle dans leur constitution, certains d’entre eux dépassant même la dizaine. Cette équité n’a fait, au contraire, que renforcer la cohésion nationale.
Les choix politiques unicistes opérés depuis plus de cinquante ans ont conduit le pays dans une culture de l’intolérance et ont abouti au rejet dévastateur des uns par les autres. Un terreau de violences entraînant de plus en plus de victimes et s’étend à grand coefficient d’accélération à toutes les régions du pays.
L’heure est venue de bannir les apartheids linguistique, social et politique tapis au plus profond des classes dirigeantes.
L’officialisation de la langue amazighe et son application concrète sur les terrains éducatif, politique, économique... seront des marqueurs forts qui symboliseront le changement et l’ouverture d’une nouvelle ère. Sans cet acte réparateur, l’Algérie poursuivra sa chute. Une chute qui n’épargnera ni les générations actuelles, ni celles à venir !
La future constitution doit se caractériser par une rupture décisive dans la conception de la gestion de la Cité algérienne. Elle doit rendre aux Algériennes et Algériens les patrimoines linguistiques, historiques et culturels dans leurs globalités.
La balle est dans le camp des décideurs s’ils veulent préserver l’Algérie du chaos que ses modèles de référence idéologiques, sociétaux et religieux (URSS, Yougoslavie, Moyen-Orient...) subissent cruellement aujourd’hui.
Les signataires du présent texte sont d’origines et de parcours militants divers. Ils partagent cependant la conviction totale que le destin de l’Algérie plurielle démocratique et sociale et, au-delà, celui de l’Afrique du nord ne peut s’accomplir sans la reconnaissance et la prise en charge sincère et effective du substrat amazigh qui fonde l’histoire, le vécu et le génie de la nation.
Tizi-Ouzou, le 15 octobre 2014.
Premiers signataires :
Abbout Arezki, Achour Ramdane, Aït Djoudi Ali, Aït Mammar Idir, Akir Ahmed, Ali Mammar Mourad, Arkoub Abdellah, Belkalem Lyazid, Bouchebah Mustapha,Boukhari Said, Bouker Ali, Boukherouf Belkacem, Boumekla Madjid, BoumgharAbdennour, Bourenane Mohamed, ChebbahMohamed, Chemakh Said, Doumane Said, Hebib Youcef, Haddad Nacer, Hamacha Abdenour, Hirèche Hacène, Kejjat Said, Khelil Said, Laoufi Amar, Meddour Madjid, Mofredj Mohamed, Nait Abdellah Mohamed, Ould Mohand Mohand Akli, Ould Ouali Samy Hassani, Ouremdane Youcef, Oussadi Mouloud, Rabhi Mustapha, Tarwiht Kamal, Arab Hamid, Yazid Mehdi, Smaïl Medjber.
Commentaires (13) | Réagir ?
Le discours séparatiste ne mènera à rien, de plus pourquoi se contenter de revendication régionales (Kabylie) alors que Tamazight sous différents dialectes est parlée de l'est de l'Egypte à la côte atlantique? je regrette mais, je suis consterné par la fait que le MAK veuille restreindre une identité, une culture, une histoire aussi vastement répandue à la seule région de Kabylie; sous prétexte que les autres régions rechignent à s'engager dans la lutte. Il ne faut rien céder, ne rien négocier, nous n'avons besoin de l'autorisation de personne pour être qui on est.
Azul fellawen,
Tu vas obliger les habitants de ces contrées à te suivre de gré ou de force?
Contribution ayant lien avec Tamazgiht:
Il y a déjà un certain temps, un intervenant, parmi nous, avait formulé une opinion, ni sympathique, ni tellement méchante d'ailleurs, à l'égard de K. Ben Zema/K. Benzema (le footballeur).
Depuis, j'ai beaucoup „réfléchi“ sur l'origine et l'abondance de ce fameux Ben/Bou en Afrique du Nord malgré l'origine, indiscutable, de l'écrasante majorité de son peuple.
Comme je ne suis pas un grand lecteur, j'ai tenté de trouver la réponse moi-même en ayant recours à mon petit sens du paysant. A l'occasion, y a t-il parmi vous ceux qui y avez déjà pensé ?
Voyez-vous, la réponse se trouve dans le génie d'un pouvoir dont le premier soucis est de travestir tout un peuple, à commencer par sa langue. Non sans la complicité (capitale) d'éléments autoproclamés „nobles“ du même peuple.
Il y a de ceux qui tentent de rapprocher presque chaque mot de Tamazight à la langue arabe rien que par sa consonance/résonance.
Avant de parler de ce fameux Ben/Bou, j'aimerais donner un premier exemple (tellement courant qu'on peut le remarquer sans être un spécialiste de la langue amazigh) : Ghi qui veut dire seulement/que (travesti en ghir/gheir qui veut dire sans/moins: en disant l'heure par ex.).
Ouallah gheir ma3'labalich. Aucun sens! Au nom de Dieu sans/moins ne pas sur mon esprit! Encore mieux: Ouallah gheir (qui revient fréquement dans les bouches)... intraduisable!!!
3endi ghi hadi: je n'ai que celle là.
Dite (faussement), 3endi gheir hadi:
Vous avez compris que des exemples identiques à celui-ci sont pleins dans le langage incorrect et quotidien de l'Amazigh amazighophone/arabophone.
Alors, le Ben/Bou est l'équivalent (dans le déguisement) de notre gheir dont je viens de parler.
Le „ghi“ est passé à gheir et „U“ est passé, dans des cas à Bou et dans d'autres à Ben.
„U“ est l'équivalent de „Le“. Comme „Le“ Corbusier.
Dans la rubrique „Quand le Rif montrait le chemin de la libération de l'Afrique du Nord“, le personnage en question s'appelle Muhend U Adel'krim et pas Muhend Abdel Krim (le „U“ y manquait).
Dans la liste des signataires, de l'article ci-dessus, il y en a des U transformés en „Bou“ et dans d'autres noms il y figure (encore) ; comme „U“remdane Youcef: „Le“ Ramadan Youcef.
Comme autre exemple, le Marocain Mohammed Ufkir: Mohammed Le pauvre/penseur? et pas Mohammed Bou Fkir!!
On peut encore citer Ahmed U Yahia: Ahmed Le Yahia/Le vivant!
Il est de même pour les noms des villes/régions. A chaque fois vous rencontrer un Bou, ayez à l'esprit la question suivante: s'agit-il de l'article „Le“.
Pour la route: Hammam Bou Hnifia, Barj Bou Arérédj, Bou farik, Bou Gazzoul (Le nain/Le petit)...
Dans nos interventions, si on se met au „Le“ plutôt qu'à „Bou“ on aurait fait un petit pas en avant.