"Sur le pont d’un des ferries qui font la navette entre Marseille et Alger Rachid, plus de soixante ans, termine sa prière et se dirige vers le restaurant. Tandis qu’il déjeune, il est terrassé par une crise cardiaque. Transporté dans sa cabine, il revoit sa vie défiler…" L'histoire est celle du peuple de l'émigration, représentée sous le prisme de quelques personnages principaux. Le réalisateur retrace les déchirements générationnels produits par l'exil. Le retour impossible sur la terre natale. Le conflit entre des parents toujours attachés au pays d'origine et des enfants qui tentent de s'enraciner dans la terre d'accueil.

"J’ai tourné "Chacun sa vie" dans une période sombre.

Je venais d’écrire trois scénarios mais, bien que j’aie obtenu l’avance sur recettes pour l’un d’entre eux, ils n’avaient retenu l’attention d’aucun producteur. Tous me disaient qu’il n’y avait plus de place pour des films traitant de l’immigration ou des problèmes sociaux

Un jour, alors que je passais le temps assis à la terrasse d’une brasserie du XXe arrondissement, mon attention fut attirée par un Maghrébin qui se trouvait à une table proche, le visage inondé de larmes. Il me raconta qu’il était à la retraite, qu’il n’en pouvait plus de tourner en rond en France, qu’il avait toujours voulu retourner en Algérie, mais que sa femme et ses enfants refusaient de le suivre. Il était désespéré, se sentant abandonné, trahi et inutile…" souligne le réalisateur.

C’est un film à petit budget qu’a signé Ali Ghanem. Plus intimiste que ses précédents.

L. M.

Chacun sa vie, film franco-algérien d’Ali Ghanem. Durée : 1 heure 30. Avec : Ahmed Taybi, Yves Piron, Oumria Mouffok, Chafik Aït Ahmad et Alice Taurand.