A méditer : Syrie, exemple d’un pays mûr pour l'intégrisme
Une simple observation suffit pour se rendre compte que l’identité islamique gagne du terrain en Syrie. Ainsi, le port du voile a augmenté et les librairies ont réduit leur offre de littérature non religieuse au profit de la littérature islamique. Même la grande librairie située face au centre culturel russe, dans le centre de Damas, s’est reconvertie dans la vente de livres religieux alors que cette même rue était autrefois réputée pour ses librairies de tendance marxiste. On s’habitue aussi à la vue de ces jeunes portant la barbe et la djellaba courte [coupée à hauteur de la cheville, selon “l’exemple du Prophète”]. De même, la plupart des restaurants installés sur les rives de la Barada dans la banlieue de Damas, ont cessé de servir de l’alcool et aménagé des espaces “famille” [une manière d’empêcher la mixité des sexes en dehors des couples mariés].
"L'Islam est la solution"
Dans le village Djebel Al-Zaouia Al-Oua’ra, qui avait été le théâtre d’affrontements armés avec les Frères musulmans dans les années 1980, nous rencontrons Mohamed Nouri. Dans sa jeunesse, il avait des convictions socialistes, aimait défier les traditions et transgresser les coutumes vestimentaires. Il avait étudié à Moscou du temps de l’URSS, où il avait envisagé de se marier avec une Soviétique, à l’instar de milliers d’autres Syriens qui avaient fait leurs études dans l’ancien bloc de l’Est. En rentrant dans son village, il voulait y répandre la bonne parole laïque et rêvait de construire un centre culturel ou un dispensaire. Mais, au bout de vingt ans, les contraintes sociales et la force des traditions l’ont emporté. Mohamed est désormais attaché au rigorisme religieux. Il proclame que “l’islam est la solution” ; ses quatre enfants – dont deux filles, qui portent le voile depuis l’âge de 10 ans – étudient à la mosquée. Ahmed, son ami d’enfance, a quant à lui passé dix ans en Arabie Saoudite, d’où il est revenu imprégné d’un islam salafiste, et de coutumes saoudiennes.
Le choix entre 8 000 mosquées ou alors 4 théâtres.
Des “écoles Assad pour l’apprentissage du Coran”,
Le parcours de ces deux amis est emblématique de l’évolution d’une génération. Pour comprendre l’échec des efforts qu’avait déployés l’Etat syrien afin de développer une société laïque moderne, il faut remonter au début des années 1980. Après la répression contre les Frères musulmans, le régime devait se prémunir contre le risque d’être accusé par la majorité [sunnite] de la population d’être hostile à l’islam. Il avait alors adopté une politique d’encouragement d’un islam “modéré et apolitique”. Ainsi, il avait lancé la construction de mosquées, dont le nombre atteint aujourd’hui environ les 8 000 à travers le pays [pour 18 millions d’habitants], créé des “écoles Assad pour l’apprentissage du Coran”, actuellement au nombre de 120, et fondé des instituts supérieurs de sciences religieuses, au nombre de 22.
Par ailleurs, parmi les 584 associations du pays, 290 sont des associations de bienfaisance de tendance islamique. Un jeune Syrien a donc le choix entre deux choses : les 8 000 mosquées, qui dispensent environ 416 000 cours par semaine et sont fréquentées chaque vendredi par des millions de fidèles, ou les 70 centres culturels et les 4 théâtres publics qui ont présenté 27 pièces en 2003 et sont fréquentés, au mieux, par quelques milliers de personnes par an. La plupart choisissent la mosquée afin d’échapper au monolithique discours officiel baasiste, aux frustrations engendrées par la corruption, et aux soucis matériels du quotidien.
Car, selon les chiffres des Nations unies, la Syrie compte près de 5,3 millions de pauvres, c’est-à-dire environ 30 % de la population, dont 2 millions qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins essentiels.
Avec tout cela, il n’est pas certain qu’un jeune Syrien moyen considère que ce qui s’est passé le 11 septembre 2001 a été un acte terroriste. Il y verra probablement plutôt la preuve que “l’islam est la solution”, puisqu’une petite organisation a été capable, “grâce à l’islam”, de tenir tête à la superpuissance américaine, alors que les régimes arabes se sont tous révélés incapables d’obtenir les victoires qu’ils avaient promises à longueur de discours.
Ibrahim Hamidi
Al Hayat
Commentaires (11) | Réagir ?
mhamed, l'integrisme est l'allié objectif d'israel. pour capoter l'olp on a inventé hamas (militant de la 25° heure) ce hamas a fait echouer toutes les tentatives de reglement du probleme israelo-palestinien pour la plus grande joie des israeliens qui au fond n'ont pas du tout envie de regler ce probleme. par contre l'integrisme est l'ennemi des peuples musulmans qui, grace aux independances, ont à peine commencé à entrevoir la lumiere, et vlan les integristes arrivent et veulent leur faire faire un retour vers le moyen age.
J etais à Damas il y a encore une semaine et rien n a changé, j y vais deux fois par an!!! arreté d ecrire des commantaires comme ca pour faire peur aux gens!!!N oublier pas que l integrisme est le pire enemie de l etat, je dirai meme pire qu israel!!!!! alor d ici quel etat syriens laisse les integriste s installé en syrie, les poules auront des dents!!!!!