Quand la peste hante la ville d’Oran
La peste, maladie infectieuse, épidémique et contagieuse due à une bactérie du genre Yersinia, découverte par Alexandre Yersin de l'Institut Pasteur en 1894.
La peste est une maladie affectant de nombreuses espèces de rongeurs, et surtout le rat. Elle est transmise à l'homme par la piqûre de puces contaminées au contact de ces rongeurs malades, qui abandonnent les rongeurs après leur mort et vont chercher leur nourriture sur les humains. Ce qui explique l'ampleur que prennent les épidémies de peste dans les villes particulièrement insalubres.Chez l'homme, les manifestations de la maladie sont variables. Elle se manifeste par une forte fièvre et un gonflement des ganglions lymphatiques dans la région de la piqûre, qui suppurent et deviennent noirâtres. Elle peut évoluer en septicémie, mortelle en moins de 36 heures ou, quand la bactérie atteint les poumons, se transformer en peste pulmonaire, mortelle en trois jours en l'absence de traitement approprié. Forme la plus dangereuse, la peste pulmonaire, très contagieuse, se transmet par voie aérienne d'homme à homme, par l'inhalation des postillons expectorés par les malades. La peste est donc une maladie infectieuse grave, aujourd'hui heureusement curable par les antibiotiques.
A Oran, deux évènements ont marqué l'histoire de la peste de cette ville méditerranéenne fondée en 902: la peste de 1557 et celle de 2003. Du premier fléau, les chroniqueurs de l'époque en firent de longs récits, que ce soit les soldats de la garnison espagnole ou les voyageurs qui parcouraient le Maghreb…Du deuxième les faits sont encore frais dans la mémoire collective d’Oran.
La première épidémie de 1557
En effet, une terrible épidémie de peste vint frapper la ville. Comme ce fléau sévissait à Alger au moment du départ des Turcs, il est fort probable qu'ils l'aient apporté avec eux, selon les récits des chroniqueurs de l'époque. Le fléau se propagea rapidement et fit de nombreuses victimes parmi les femmes et les enfants. La population de la campagne voisine fut aussi très éprouvée. De nos jours, il existe à Oran, sur le flanc du Murdjadjo, dans l'agglomération de Ras El-Aïn le "cimetière des pestiférés", datant de cette période.Quant aux troupes espagnoles, le gouverneur d'Oran, le comte d'Alcaudéte, les fit camper hors de la ville, changeant chaque jour l'emplacement des tentes. Il avait fait établir sur le flanc de la montagne un hôpital de campagne pour les pestiférés… L'épidémie sévit plus de six mois et, entre autres victimes, elle frappa le sultan de Tlemcen, Moulay Hassan. Quelques siècles plus tard, les habitants firent ériger la Sainte Vierge de Santa Cruz, qui domine la ville des hauteurs du Murdjadjo, pour les protéger, cette fois-ci, de l'épidémie du choléra, un fléau qui visita la ville à la fin du XVIIIe siècle.
La deuxième épidémie de 2003
A l’aube du deuxième millénaire, une épidémie de peste a éclaté au courant du mois de juin 2003 dans la banlieue d’Oran. Cette calamité fait suite à une multitude de catastrophes qui a frappé le pays à savoir, en 2002 la tuberculose avec 18328 cas, la typhoïde avec 2411 cas et la méningite avec 2579 cas en plus des maladies à transmission hydrique avec en moyenne 8125 cas par an. Ainsi entre le 4 et le 18 juin 2003, 10 cas de peste bubonique sont apparus dans la localité de Kehaïlia, commune de Tafraoui, village de 1 200 personnes, à 30 kilomètres d'Oran. On déplore le décès du premier cas signalé le 4 juin, un enfant de 11 ans, Hichem, qui mourra le jour même. Le village fut mis en en quarantaine pour 12 jours et tous les habitants du village sont mis sous traitement préventif (sulfamides + tétracyclines) en plus d'une campagne de désinsectisation. Une enquête est en cours afin d'identifier l'origine exacte de l'épidémie. A ces dix premiers cas sont venus se rajouter 4 autres cas dans des communes des wilayas de Mascara et Ain Temouchent, limitrophes de la wilaya d'Oran. Le ministre de la Santé a rappelé qu'il s'agit des premiers cas de peste enregistrés en Algérie depuis l'indépendance en 1962 et que même dans les archives de l'Institut Pasteur d'Alger il ne semble pas y avoir eu d'épidémie de peste en Algérie durant la période coloniale française.
Aujourd'hui, dieu merci, la peste semble endiguée mais a-t-elle définitivement disparue. Seule la prévention peut la faire disparaitre à tout jamais. Certes les antibiotiques et les vaccins peuvent en venir à bout de ce fléau à son apparition mais seul un rigoureux plan d’hygiène urbaine peut réellement en finir radicalement avec la peste. En effet, la propreté corporelle, celle des habits où se logent les puces de rat porteuses du bacille vecteur de la maladie, le nettoyage quotidien des habitations et de leurs alentours évitent déjà la profusion des rats. C’est ainsi qu’il faut se laver quotidiennement et éviter l’amoncellement d’ordures ménagères, et notamment le respect des horaires de passage du ramassage des ordures. Le fait que les eaux usées soient déversées dans la nature, pour absence de canalisations, a pour conséquence d’attirer les rats, car les rats apprécient particulièrement de se nourrir d’excréments humains. En plus des séances d’information et sensibilisation sur les mesures de prévention de la peste doivent être effectuées par les pouvoirs publics y compris dans les écoles où les enseignants sont conviés à instruire les élèves dés leur jeune âge sur cette catastrophe dévastatrice. Les élèves se chargeront à leur tour de transmettre ces connaissances à leurs parents. A bon entendeur.
Mohamed Benotman
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