Ebola : les héros sont ceux qui ne transmettent pas le virus
La présence d’Ebola au Sénégal montrera plus que la capacité de ses infrastructures sanitaires.
Elle y révélera les êtres humains les plus valeureux qui existent. L'épidémie de fièvre hémorragique crée actuellement une toute nouvelle classe de héros africains. Ce sont des personnes ordinaires qui, prisent dans des circonstances extraordinairement tragiques, révèlent leur grandeur exceptionnelle. Bien qu’ils soient des humains admirables, les médecins sur la ligne de front ou les soldats qui gardent au risque de leur vie une zone en quarantaine ne leur arrivent pas à la cheville. Ces héros sont les personnes qui, une fois infectées, ne transmettent pas la maladie.
Il faut honorer ces femmes et ces hommes au sens civique si développé qu’ils pensent aux autres avant leur propre vie. Par leurs actes héroïques, ils sauvent non seulement les membres de leur famille et leurs amis, mais aussi tous ceux qui seraient entrés en contact avec eux après. Ce sont des milliers d’inconnus que ces héros sauvent en agissant sciemment pour ne pas infecter une seule autre personne.
De nos jours en Afrique, le manque de civisme tu. Tous ceux qui ont participé aux émeutes de N'zérékoré et crié que l’Ebola n’existait pas risquent des morts affreux. Pires, leurs actions pourraient y entraîner ceux qu’ils aiment le plus. Les ignares qui ont fait fermer les portes d’un centre de Médecins sans frontières à Macenta ne réalisent pas qu’ils travaillent pour la mort et qu’elle ne fait aucune différence entre ses amis et ses ennemis. Cinq personnes d’une même famille sont pourtant décédées de l’Ebola à Conakry. Qu’ils en parlent aux survivants de Guéckédou.
Ce sont donc des héros ordinaires qui permettent d’inverser la courbe de progression de l’épidémie avant qu’elle ait réduit la population africaine de moitié. Des honneurs spéciaux devraient leur être faits. Il devrait y avoir une place portant leur nom au cœur de chaque ville et village touché par Ebola. Les conteurs s’y rassembleraient les jours anniversaires et déclameraient les noms de ceux qui n’ont pas contaminé leurs semblables. «Vous souvenez-vous de ce héros ?», diraient-ils en pointant un nom sur la pierre entourée de cercles d’enfants au centre du terrain. Ils répondraient en cœur : «Oui, il nous a sauvés de la mort !» Quelquefois un inconnu se lèverait et les saluerait.
Michel Gourd
Commentaires (0) | Réagir ?