Pouvoir et opposition en Algérie : l'affrontement est-il inévitable ?
Dès l'élection d'avril 1999, le président a cultivé un mépris souverain envers l'opposition et la presse algérienne. 15 ans après, les choses n'ont pas changé. Bouteflika et ceux qui lui sont fidèles continuent à régner sans partage. Et sans opposition.
L'opposition officielle s'oppose-t-elle au système dans son ensemble ou seulement au pouvoir autoritariste des aventuriers du clan présidentiel, cupides et obstinés, qui ont pris en otage l'Etat algérien et qui pratiquent une fuite en avant suicidaire, essentiellement destinée à sauver le clan en sacrifiant le système, voire même le pays ? Difficile de répondre à la question, tant le clan au pouvoir s'est employé depuis 1999 à neutraliser toutes les voix majeures de l'opposition, en caporalisant les médias et en réduisant les espaces d'expression à néant.
Avec Bouteflika en fait, le pouvoir a utilisé la méthode du poisson et l'eau chère à Mao. Le chef de l'Etat a fermé les lieux d'exercice de la démocratie et par-là même paralysé l'activisime de l'opposition. Mieux encore, il l'a aussi coupé de segments entiers de la société.
Mais alors, ces opposants représentent combien de divisions déjà ?
Partout dans le monde où l'opposition a réussi à ramener le gouvernement à la table des négociations ou à le chasser du pouvoir usurpé par la force brutale ou la fraude massive, elle était soutenue par des millions de personnes qui avaient occupé pacifiquement et durablement la rue. Dans notre cas, c'est sans doute le seul langage que le pouvoir, arrogant et grisé par la cagnotte du gaz et du pétrole, comprendra certainement le mieux.
Sinon, aussi nombreux et intéressants soient-ils, les discours de ces opposants et même des ceux des représentants de la société civile, souvent prononcés dans les rares salles et salons cossus d'hôtels d'Alger, resteront des vœux pieux que personne n'exaucera à leur place et certainement pas l'ANP, qui a d'autres plus gros félins à fouetter.
En tout état de cause, comme tous les pouvoirs qui ont privatisé les institutions de leurs pays, le pouvoir algérien dispose des forces répressives de l'Etat qu'il contrôle et il n'hésitera certainement pas à les utiliser.
En effet, la dérive dictatoriale préoccupante à laquelle nous sommes en train d'assister depuis le retour de Bouteflika des Invalides, en août 2014, est extrêmement dangereuse.
Elle a commencé avec le remaniement sans quartier du gouvernement de Sellal, s'est poursuivie avec la mise à la retraite d'office de dizaines, voire des centaines de hauts cadres de l'Etat, tous secteurs confondus, qui ne font pas partie du clan et continue avec le limogeage stalien d'Abdelaziz Belkhadem. Dans ce contexte, la mascarade du 17 avril 2014 est en train de tourner à l'obsession du maintien au pouvoir à n'importe quel prix pour les aventuriers du clan présidentiel.
En ces temps particulièrement difficiles, sur les plans national et régional, l'opposition et la société civile algérienne fait plutôt montre d'un sens élevé de la responsabilité et, contrairement au pouvoir prédateur, cupide et obstiné. Le manque de réaction, la retenue ne sont pas des signes de crainte, de résignation ou de soumission. Contrairement àce que beaucoup croient les organisations viables de la société placent les intérêts supérieurs du pays au-dessus de leurs intérêts partisans.
Rabah Toubal
Commentaires (7) | Réagir ?
merci pour l'iformation
S'agissant d'un problème de droit en Algérie - article 88 - La pertinente contribution de Me Ait Larbi qui appelle l'armée à jouer un rôle pour une transition pacifique, devrait être soutenue par tous les hommes de lois, avocats, juristes, constitutionnalistes etc. Chaque Algérien souhaite en effet que notre Algérie soit préservée des dangers majeurs qui la menacent à l'intérieur et à l'extérieur, notamment au niveau régional.