Les familles de 100 harragas algériens déposent plainte
Le sort des harragas algériens disparus en Tunisie entre 2007 et 2008 n’est pas encore connu. Les familles de 100 harraga viennent de déposer des plaintes auprès des tribunaux de Skikda, El Kala et Annaba pour disparition forcée.
Les mêmes plaintes ont été déposées auprès du tribunal de Tunis en collaboration avec une avocate tunisienne : Maître Radia Nasraoui (présidente de l’association de lutte contre la torture en Tunisie).
Pour rappel, ces harragas qui ont tenté de gagner l’Italie à bord d’embarcations de fortune n’ont pas donné signe de vie depuis des années. Plusieurs de leurs proches apportent des témoignages qui attestent que ces harragas étaient entre les mains des gardes-côtes tunisiens quelques jours après leur départ. Par exemple, une sœur d’un harrag a reçu un appel de son frère lui disant que leur embarcation est repérée par les gardes-côtes tunisiens et qu’ils sont sur le point d’être interceptés. Un autre frère de harrag disparu originaire de Skikda, affirme qu’il a reçu des témoignages d’une employée de prison de Jandouba (Tunisie) que son frère se trouve dans la prison avant que la direction de cette dernière nie tout en bloque quelques jours après. Un frère de harrag, mort en Tunisie, a constaté l’existence de plusieurs blessures sur le corps de son frère, des blessures qui n’ont pas mentionnés dans le compte-rendu de l’hôpital. Sa demande d’autopsie a été rejetée.
Les familles des harragas sont convaincues que leur enfants ont été interceptés par les gardes-côtes tunisiens, et qu’ils ont été transférés ensuite à l’île de la Galite (L’archipel de La Galite, situé au large des côtes septentrionales tunisiennes, fait partie du gouvernorat de Bizerte) où le régime déchu de Ben Ali a construit des prisons secrètes dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme.
Les prisons secrètes de Ben Ali
En effet, plusieurs ONG tunisiennes et internationales ont évoqué l’existence de prisons secrètes sur le sol tunisien sous le régime de Ben Ali. D’après Me Kouceila Zerguine l’avocat des familles des harraga, l’ancien président tunisien en visite d’Etat à Alger en 2011 a reconnu l’existence de ces prisons dans une interview accordée au journal El Watan et s’est engagé à traiter l’affaire dans les plus brefs délais. Rien n’a été fait depuis même après la chute du régime de Ben Ali. Le ministère de la Justice transitionnelle d’Ennahada qui a constitué une commission d’enquête a démontré l’inculpation du régime de Ben Ali, n’a pas pourtant fait toute la lumière sur le dossier. Le sort des harragas disparus demeure inconnu à ce jour.
Par ailleurs, Kouceila Zerguine indique qu’une demande d'ouverture d’enquête relative à l’équipage d’une embarcation disparue en 2008 sera déposée auprès de la juridiction italienne le 4 d'octobre prochain.
Jugurtha Hanachi
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