France : le gouvernement de Valls implose au nom de la cohérence économique
Moins de cinq mois après avoir constitué un "gouvernement de combat", Manuel Valls a présenté lundi la démission surprise de son équipe, menacée d'implosion sous la pression d'Arnaud Montebourg, afin d'être "en cohérence" avec les orientations économiques de François Hollande.
Le Premier ministre, qui avait été chargé de ramener autorité et efficacité au sein du gouvernement, a été reconduit par François Hollande et devra lui présenter d'ici mardi une nouvelle équipe dont on ignore pour l'heure si elle subira des changements notables en ligne avec la politique social-démocrate du chef de l'Etat.
Le message à destination des contestataires est clair : François Hollande souhaite "une équipe en cohérence avec les orientations qu’il a lui-même définies pour notre pays", précise un communiqué de la présidence. Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, rejoint par son collègue de l'Education Benoît Hamon, n'a cessé de fustiger les choix économiques de François Hollande.
Au nom du débat et de la liberté de parole, le locataire de Bercy affirmait encore lundi matin sur Europe 1, une heure avant l'annonce du remaniement, qu'il ne se voyait pas démissionner et qu'il ignorait s'il serait évincé.
Pourtant, dimanche, l'entourage de Manuel Valls avait fait savoir que le Premier ministre était "décidé à agir" après qu'Arnaud Montebourg, qui avait multiplié les attaques déjà sous Jean-Marc Ayrault, eut franchi "une ligne jaune". "C'est clairement une crise politique, le gouvernement a volé en éclats", a estimé lundi Frédéric Dabi (Ifop) sur i>Télé
Les sorties médiatiques d'Arnaud Montebourg contre les politiques d'austérité en Europe, son opposition au "cap" réaffirmé tour à tour par François Hollande et son Premier ministre la semaine dernière, ont eu raison d'une équipe déstabilisée par l'absence de résultats tangibles dans une conjoncture atone.
En posant cet acte d'autorité, non dénué de risque politique, le couple exécutif français a voulu aussi rassurer ses partenaires européens, au premier rang desquels les autorités allemandes.
"Le cap, c'est celui du pacte de compétitivité et de solidarité, et la ligne de l'ensemble de l'exécutif tant au niveau national qu'au niveau européen", a-t-on souligné lundi dans l'entourage du chef de l'Etat. "Il faut assurer la cohérence autour de ce cap, c'est pour cela que le président et le Premier ministre ont trouvé nécessaire qu'il y ait un nouveau gouvernement", a-t-on ajouté.
Le départ hautement probable d'Arnaud Montebourg, dont la capacité de "nuisance" pourrait s'aviver à l'extérieur bien qu'il n'ait plus de mandat de député, devrait toutefois compliquer la tâche de ces derniers.
Ce remaniement intervient en effet à quelques semaines des débats sur la loi de finances pour 2015 qui s'annonçaient déjà houleux en raison de la fronde menée par plusieurs députés PS La cote de Manuel Valls s'est effondrée ces dernières semaines, tandis que François Hollande reste le président le plus impopulaire de la Ve République.
Reuters
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