Algérie-Maroc: 20 ans après, les frontières plus fermées que jamais !

L'arrivée de Bouteflika et Mohammed VI au pouvoir n'a pas changé la donne. Bien au contraire.
L'arrivée de Bouteflika et Mohammed VI au pouvoir n'a pas changé la donne. Bien au contraire.

Tranchées contre le trafic de carburant d’un côté, clôture pour se protéger du «terrorisme» de l’autre: 20 ans après, la réouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc a rarement paru si lointaine, malgré le préjudice économique.

Tout a commencé en août 1994. Déjà l'Algérie affrontait à l'époque un terrorisme sanguinaire et la situation économique et sécuritaire particulièrement difficile. Cet état de fait n'a pas empêché le royaume marocain à lâcher son voisin et le charger d'accusations gravissimes. Ainsi après un attentat à Marrakech, le royaume rendait responsables les services de renseignements algériens et fermait ses frontières. Alger décidait de fermer sa longue frontière (quelque 1.500 km)

L’Algérie dit attendre des «excuses» pour avoir été «accusée à tort» et entend dissocier de la relation bilatérale la question du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole annexée par le Maroc mais revendiquée par des indépendantistes (Polisario) avec le soutien d’Alger.

Rabat rappelle de son côté que la fermeture n’est pas de son fait et fustige une «mauvaise volonté» du voisin, dont le but serait de contrer coûte que coûte l’influence régionale du royaume.

Dans ces conditions, les deux poids lourds du Maghreb - plus de 70 millions d’habitants-- ne cessent de se renvoyer la balle voire de s’invectiver. «Nous ne sommes pas responsables de la fermeture et nous ne ferons rien qui aille dans le sens d’une exacerbation de la tension», assure à l’AFP un diplomate algérien de haut rang. Fin juillet, Mohammed VI a, lui, déploré une situation «étrange» ayant atteint un seuil intolérable pour le «citoyen maghrébin».

L’espoir né depuis l’arrivée, en 1999, du président Abdelaziz Bouteflika et du roi Mohammed VI s’est envolé. Puisque aucune avancée sérieuse n’a été observée ces quinze dernières années pouvant donner lieu à un réchauffement des échanges. Pire, les relations entre deux voisins se sont parfois tendues à la faveur de dépassements, comme l’attaque du consulat algérien de Marrakech.

Cannabis contre psychotropes

Outre les querelles sur le Sahara, la dernière controverse en date a tourné autour des trafics de drogues - saisies de cannabis marocain chez l’un contre psychotropes algériens chez l’autre. Quelque 100 de cannabis ont été saisis par la douane algérienne. Une drogue provenant par la frontière ouest.

«La nécessité d’avoir un Maghreb intégré n’a jamais été aussi forte. Le comportement d’Alger et Rabat est totalement anachronique», fustige Khadija Mohsen-Finan, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

«La situation régionale est faite de problèmes socio-économiques, et d’insécurité. On ne peut plus se permettre le luxe de bouder», ajoute-t-elle, citant notamment les répercussions du conflit libyen et le risque de «circulation des armes».

Car si la frontière algéro-marocaine est officiellement fermée, elle reste perméable aux trafics en tous genres, du fait de l’absence totale de coopération.

«On ne se parle pas, confirme une source ministérielle marocaine. Et lorsqu’on se croise dans des réunions, on fait de belles déclarations, on se tape dans le dos. Mais après 48 heures, c’est oublié.»

L’an dernier, l’Algérie, pays producteur de pétrole, a décidé unilatéralement de renforcer ses patrouilles et creuser des tranchées contre le trafic de carburant, un coup dur pour la région marocaine d’Oujda, où nombre d’habitants vivent du commerce transfrontalier.

Le mois dernier, le Maroc a annoncé la construction, sur une partie de la frontière, d’une «clôture» équipée de «capteurs électroniques» afin de se «protéger des menaces terroristes».

"Aucune rationalité"

En plein cœur de l’été, des travaux sont effectivement en cours entre Saïdia, sur la côte méditerranéenne, et Oujda, a constaté un photographe de l’AFP. Plus au sud, de rares véhicules et quelques ânes chargés de bidons vides continuent de s’engager, à la tombée du jour, sur des pistes menant en Algérie. Leur nombre a toutefois grandement diminué en un an.

«Plus le temps passe, plus les prix augmentent, moins nous avons de clients», se désole Redouane, un revendeur d’essence âgé de 24 ans.

A ce jour, l’écart avec le prix des stations-service ne serait plus que d’une poignée de centimes le litre.

La mésentente entre Alger et Rabat pèse aussi sur la lutte contre les réseaux d’immigration clandestine. Impactée du fait de la forte pression à ses frontières sud, l’Union européenne semble inapte à favoriser un rapprochement. Mais le plus grand gâchis reste économique, juge l’expert marocain Najib Akesbi.

L’an dernier, diverses études ont relevé que le commerce entre les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA, créée en 1989 mais dont la mise en œuvre est au point mort) ne représentait que 3% de leurs échanges globaux, ce qui en fait la région la moins intégrée au monde.

Quant à la Banque mondiale, elle a évalué à plusieurs milliards de dollars le coût annuel du «Non-Maghreb». «En 1994, on pensait à une simple saute d’humeur. On imaginait que la logique économique, que les peuples seraient plus forts», commente M. Akesbi. «Mais il n’y a aucune rationalité dans l’attitude des deux pays», juge-t-il.

R.N./AFP

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Commentaires (5) | Réagir ?

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hicham zouhir

Salam mes frères et sœurs ;

D'abord juste une petite question.

Question : Avant l'arrivé des colonisateurs au Maghreb, est ce qu'il y avait des frontières ?

Et a la question faut il ouvrir les frontières entre l'Algérie et le Maroc ? Je propose que les deux nations organisent un référendum, car pour moi c'est les deux peuples frères qui doivent être maître de leurs destin.

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Mouloud FEKNOUS

Ibn Khaldoun avait mille fois raison !!!! L'UMA a depuis le début était un bébé mort né !

Les pouvoirs en place sont incapable de dépasser leur bêtise et, permettre aux populations algérienne comme marocaine de se développer à l'instar des pays émergents des autres continents;les pays d'Afrique du Nord sont devenus la risée du monde par leur incapacité a gérer sereinement les petits différents qui les séparent.

Ne sont ils pas capables de s’asseoir une bonne fois pour toute autour d'une table et, de discuter sans haine ni passion pour trouver des solutions ou un compromis qui évacuera les problèmes : Sahara Occidental, trafic de drogue - dans un sens comme dans l'autre-, et de faire enfin des projections d'avenir pour que l'argent dépensé dans la course aux armements inutiles soit plutôt orienté vers le développement et le bien être des populations maghrébines !!! H'CHOUMA !!!!!

Sommes nous condamnés a vivre avec ce marasme parce que MAAZA OUA LOU TARATE, sommes nous condamnés a se faire une concurrence débile - l'Histoire des Mosquées ? Sommes nous devenus si cons que l'on ne peut se passer du ridicule alors que les deux populations végètent et crèvent de faim, alors que les enfants de ces deux merveilleux pays sont obligés de se jeter à la mer pour aller faire les poubelles ?

Il ne sert à rien de se rejeter la responsabilité, il faut avoir le courage de comprendre les enjeux du monde pour y apporter une solution permettant à ces populations de retrouver leur dignité! Mais hélas! Les dirigeants "arabes" sont incapables de réfléchir trente secondes, leur seul souci est de maintenir leurs populations dans un étau effroyable d'oppression et d'humiliation.

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