Bonnet d’âne pour le tourisme algérien !
Nous sommes le 2 août 2014 et Bison futé prévoit une journée noire, à l’occasion du chassé-croisé des juilletistes et des aoutiens ; toutes les voies d’autoroutes sont prises d’assaut, mais la circulation est sous contrôle, en France !
En Algérie, une chose est sûre les vacances commencent à peine à prendre un sens, mais elles sont déjà gâchées par la fluidité de la circulation le long du littoral qui est impossible et même les ambulances n’arrivent pas à se frayer un chemin. Le pays compte 220 plages interdites à la baignade pour cause de pollution et au total deux tiers des plages restantes sont infréquentables pour les familles !
Les gardiens des parkings font la loi et les «gros bras» sont les maîtres des plages où la baignade est autorisée et dont l’accès, selon les pouvoirs publics, était sensé être gratuit ! A ce rythme, on payera pour accéder à nos maisons et même pour voir nos enfants, comme l’a affirmé quelqu’un.
Hôtes par devers-eux, de tant de peuples au cours des siècles, les algériens dès qu’ils en eurent les moyens, s’en allèrent découvrir le monde, avides de voir, de toucher et d’acheter ce qu’on leur avait pris ou interdit. Pour les anciens parmi nous, «partir, c’est mourir un peu» ; pour nos enfants, « partir, c’est vivre un peu !», mais avec les sérieuses restrictions de l’allocation-devises, le nombre d’algériens sortant à l’étranger a chuté de plus de 50% ; tout porte à croire que cette tendance à la baisse se confirmera, d’autant plus, que les chancelleries, des pays de destination visés, européens, notamment, ne donnent aucun signe de facilitation pour la délivrance, sans restriction, du fameux visa. En conséquence, les gens ne voyagent plus hors du territoire national, ou très peu et se rabattent, sur le produit touristique local : mais voilà, tout est complet, saturé, râpé pour les algériens qui ont opté pour le tourisme domestique. A Constantine, par exemple, on apprend qu’aucune piscine publique ne sera ouverte cet été, et tant pis pour les habitants et leurs enfants.
Le pays est, pourtant très vaste, les sites innombrables, la côte interminable mais les places d’hôtels vacantes sont inexistantes ou infimes au regard des besoins exprimés ou latents ; ni les hôtels de gamme moyenne encore moins les auberges bon marché ne sont disponibles ; l’Algérie se targue d’avoir 60 hôtels parmi la gamme de luxe, mais il n’existe que très peu d’hôtels classés dans la gamme moyenne (2 et 3 étoiles) et souvent les estivants sont confrontés aux tarifs dissuasifs et rédhibitoires de la nuitée à 10 000 DA et plus. L’autre handicap réside dans la cherté des billets d’avion du réseau intérieur, même si la compagnie nationale Air-Algérie a réduit de moitié ses tarifs à destination du Sud du pays. Là aussi, il y a à dire sur cette compagnie qui fait parler d’elle avec ces retards, reports et annulations de vols et de mauvaise prise en charge des passagers : sur la période allant du 09 au 11 août courant, et sur 19 vols programmés à partir de l’étranger, aucun avion n’a décollé à l’heure !
On a toujours parlé au Ministère du Tourisme de lancer le tourisme, ou de le relancer, et selon le point de vue de tel ou tel ministre on vise en même temps, de satisfaire la demande interne et de nous ramener des devises, est-ce possible ?
Faut-il commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ? Peut-on mener les deux actions en parallèle ? Certes, beaucoup a été fait, des agences de tourisme ont vu le jour, des formules de voyage ont été testées, des assises du tourisme et même des salons sont ponctuellement organisés, à l’étranger, pour appâter le chaland, en vain.
Mais voilà, le secteur s’échine encore comme si le tourisme n’était pas l’affaire de la société toute entière. Un ministre chasse l’autre et l’instabilité du secteur n’en finit pas alors que le pays reste le même, dans ses constantes : plus de 1000 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d’eau ; des sources minérales à ciel ouvert ; dans le Sud et l’immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis, et les parcs du Tassili du Hoggar ; en amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes ; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente !
Comment appréhender cette équation sachant que les algériens ne sont pas difficiles ; pour eux il suffit de créer ceci et cela, disent-ils, pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances ! En cette période et en attendant la rentrée de septembre, ce sont au moins 2 millions de vacanciers qui vont se ruer sur les sites et structures du pays et les responsables de la promotion touristique, publics ou privés, doivent profiter de cette demande et proposer des prestations en rapport et pour le moins lutter contre ces incompréhensibles pénuries d’eau minérale, comme à Hammam Boughrara ou Marset Ben’Mhidi dans la wilaya de Tlemcen où la bouteille se négocie à 100 DA.
Le tourisme c’est une véritable locomotive économique et l’enjeu qu’il implique ne peut relever du seul secteur chargé de sa mise en œuvre. Il interpelle toutes les institutions, politiques et privées, jusqu’au moins planifiable possible, l’algérien et sa mentalité. Elles sont deux femmes à avoir été choisies par Abdelmalek Sellal pour réanimer le secteur touristique et y mettre de l'ordre dans les hôtels et les complexes ; c’est déjà une priorité ; Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c’est aussi une urgence à prendre en considération !
Sauver l’artisanat, protéger le patrimoine archéologique, rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l’habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le Wifi partout, voila un programme plus qu’alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression !
Potentialités extraordinaires, sites naturels et historiques inestimables, jeunesse de la population, tout plaide pour une "naissance" du tourisme algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels.
Alors qu’il était encore en poste, Mohamed Benmeradi annonçait une enveloppe de 270 milliards d’euros d’investissement qui devaient être consacrés au financement de 730 projets, invisibles pour la plupart à ce jour, pour cause de «bureaucratie».
Cette même bureaucratie, a-t-il dit alors, empêche l’exploitation des zones d’exploitation touristiques (Z.E.T.), dont seulement 22 sur les 205 auraient été approuvées par le gouvernement. A cela se greffe avec persistance cette histoire de «gel du foncier» qui n’en finit pas ! Cela impacte, négativement, sur la libération de quelques 50.000 hectares de terrain, destinés aux projets touristiques.
Comme on peut le constater, la mission de Madame Nouria Zerhouni, la Ministre du Tourisme dans le gouvernement «Sellal 3» est difficile, mais pas impossible. Une chose est sûre, étant issue d’une wilaya touristique, Ain Témouchent en l’occurrence, on peut compter sur elle pour «faire bouger les lignes» ; et elle aura de quoi stimuler ses troupes ou «leur rentrer dedans», à en juger par les performances attendues par nos voisins de l’Est! Les autorités tunisiennes espèrent, en effet, dépasser le seuil du million de touristes algériens, accueillis chez eux, sur l’ensemble de l’année 2014. Oui, nous avons bien dit un million !
Aux postes frontaliers de Bouchebka on enregistre, quotidiennement, 900 sorties d’algériens à destination du territoire tunisien ; à Ras El Ayoun, ils sont 200 compatriotes à vouloir changer d’air, fuir la canicule pour se baigner, tranquillement, en famille, dans les belles plages de Sousse ou à Hammamet pour profiter des délices de la thalassothérapie ! L’Office National de Tourisme de ce pays s’apprête, s’il ne l’a déjà entrepris, de lancer une nouvelle campagne de promotion qui débutera le 4 Août et se poursuivra jusqu’à la fin de l’année.
Les points forts de cette campagne se résument comme suit :
- équipes personnalisées, espaces d’orientation pour accueillir «ce marché algérien, l’un des plus fidèles».
- prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix.
- plages et piscines gratuites.
- santé et bien être des loisirs proposés
Voilà les recettes simples des tunisiens, de celles qui font leur label et le bonheur de nos concitoyens qui se ruent dans ce pays frère, à longueur d’année ; ils sont déjà plus de 509.000 personnes à y avoir séjourné, ce qui correspondrait selon l’office National de Tourisme Tunisien à une hausse de 26% par rapport à l’année 2013 !
Celle qui préside aux destinées de secteur du tourisme algérien dispose de grandes potentialités pour renverser la vapeur : 22 zones d’expansions touristiques ; 200 sites de sources thermales ; un littoral large de plus de 1200 kms pouvant accueillir tous projets de thalassothérapie ou balnéothérapie qui demeurent pour la plus part à l’état vierge ou partiellement exploités et qui peuvent constituer, à terme, de véritables villes d’eau.
Les Algériens qui ont pris date avec sa première déclaration à la presse, à l’occasion de la cérémonie de passation de fonction, aux côtés d’Aicha Tagabou, la Ministre déléguée chargée de l’Artisanat : «je ne ménagerais aucun effort pour redresser ce secteur vital et important en remédiant aux insuffisances», sont convaincus que dans tous les cas, le tourisme algérien, l’un des moins performants au monde, ne peut sortir la tête de l’eau en l’absence d’une réelle volonté politique de le libérer du carcan bureaucratique et juridique dans lequel on l’a enfermé !
La crise que vit l’Algérie en matière touristique n’est pas le résultat d’une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous ces ministres qui, pour le moins, n’avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur.
Pour justifier leurs insuffisances, ces responsables qui se sont succédés à la tête du département et qui ont grandement contribué à se décrépitude, invoquent la question de l’insuffisance des budgets alloués au secteur. Certes le parc hôtelier a besoin d’argent pour son développement, comme il est nécessaire aussi de libérer le foncier pour permettre un maximum d’investissements, mais le secteur a aussi besoin de se débarrasser de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d’être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national !
Depuis 1976, d’ailleurs, il n’y a eu qu’une seule véritable politique de tourisme qui accordait la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux. Depuis plusieurs décennies donc, il n’y a que des tentatives puériles et sporadiques qui n’ont pas produit de résultats probants ; sur le terrain, les nationaux se plaignent de la médiocrité des services et les étrangers se sont raréfiés déjà bien avant 1991, début des années tragiques ; quant aux émigrés, malgré l’accueil officiel et personnalisé qui leur a été réservé par Ramtane Lamamra, Amar Ghoul et consorts, ils s’en retourneront dans leurs pays d’accueils, lourdement chargés, mais néanmoins mécontents de n’avoir pas réussi à négocier au plus fort leurs euros au «black change».
Ce grand gâchis touristique est à inscrire en caractère gras sur le registre des faillites de l’Algérie indépendante. Le nom des ministres qui ont mal géré le secteur et contribué à sa ruine aussi !
Le ministère du Tourisme et c’est son principal défaut, à toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criarde, sans aucune intersectorialité ou complémentarité. Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget, un Ministère de la Communication percutant et un Ministère des Collectivités Locales géré par des experts ; il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans et des partenaires privés mus par l’esprit gagnant-gagnant !
Selon les chiffres, l’Algérie n’a jamais dépassé le seuil d’un million de visiteurs étrangers, depuis 1963 ; ce chiffre inquiète et rassure dans le même temps, car il peut être un atout dans le sens ou des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaitre la saturation contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent ; pourquoi pas notre pays.
Pour l’instant, l’Office national de tourisme (ONT) est à court d’idées, après s’être dépensé (inutilement ?) dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants et dont la cible de clientèle, en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «Saharien et balnéaire» ; il s’agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et le Caire.
Les pays européens de l’Est s’intéressent au produit balnéaire de qualité et bon marché et présentement, seule la Tunisie les intéresse et les attire grâce à sa politique d’ouverture et ses prix imbattables ! Les pays arabes, Tunisie en tête, reçoivent en masse nos nationaux et ne nous envoient pas les leurs en retour !
En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire.
Les pays qui doivent être ciblés à l’avenir sont l’Allemagne, à travers le salon de Berlin et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds noirs, avides de visiter l’Algérie. Un éminent spécialiste en tourisme international, Saïd Boukhalfa l’affirmait : «une destination touristique, en tant que produit national, se construit sur la durée, 10 à 20 ans (construction d’infrastructures adaptées, formation de personnel, campagnes promotionnelles ciblées etc…)».
Dieu et la nature ont doté l’Algérie d’une richesse aussi variée qu’exceptionnelle, mais l’apport des hommes qui avaient la charge de promouvoir et de séduire les touristes n’était pas en rapport. Comme l’Office Riadh El-Feth, sensé être le "Beaubourg" algérien mais qui, faute de gestionnaires compétents, et surtout «banquables» comme Amine Zaoui, Abdelkader Bendaâmache ou encore Safy Boutella, véritables hommes de culture capables d’agir en «VRP» de la culture, se complait dans une routine au grand dam des quelques visiteurs qui fréquentent encore ce désert culturel !
La beauté de l’Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts. Pour cela, il faut des hommes… et aussi des femmes non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour, au moins, «secouer le cocotier», maintenant !
Cherif Ali
Commentaires (3) | Réagir ?
Détrompons-nous, Le civime est indépdendant de l'origine des hommes, ne renions jamais nos origines... nous sommes tous des descendants de montagnards, nous descendons tous de la compagne !!! à l'exception des quelques familles turques et de collabos !!!
Dans le passé, avec notre mode traditionnel de vie, nos compagnes étaient propres, on pouvaient mêmes s'y balader pieds-nus !!! ce qui a créé le désastre actuel, c'est le nouveau mode de vie (à l'occidental) qu'on a pas su maitiser, en pariculier AVEC LA catastrophe du plastique ET DU tout jETTABLE !!!
L'autre raison qui a dévasté le tourisme est le betonnage à tout va !!! Franchement, aucun touriste ne va quitter son prore béton pour venir admirer le béton des autres, c'est stupide comme plan !!!
@sarah sadim
L'Algérien ne peut être éduqué..
Les anciens ont eu la chance d'être éduqué par l'école bilingue qui a produits bon nombre d'intellectuels, écrivains et autres.. La volonté de formater les cervaux Algériens a été décidé quand on a osé dire de Chadli un Ane... Il nomma Benbozid qui créa l'école fondamentale pour "flasher"les cerveaux et user les fondements!!
Non, l'Hotellerie Algérienne a été sciemment rabaissée dans l'espoir de la confier aux étrangers (club Med entres autres).... On ne s'appuie pas sur les professionnels de métiers et diplomés, on préfere confier ce secteur à des administrateurs, comptables, copains... pour la rente seulement.
Un complexe comme le CET de Tipaza dont la piscine et la plage sont fermés au mois d'Août????
Un directeur, "hadj en plus" et pourtant il signe les chèques pour les boissons alcoolisées...
Arrêtons le massacre, o^sont les patriotes ???quelqu'un m'a dit "heureusement qu'il reste des hommes au MDN???
Arrêtons de naviguer sans boussole??
Il suffirait d'écarter tous ces pontes qui sucent notre sang, qui prennent l'Algérie pour leur chasse gardée... Des pontes qui se payent des fêtes à l'Aurassi avec l'argent des contribuables..
Juste pour finir,.. la Turquie ne recevait pas plus de 1 à 1. 5 Million de touristes dans les anées 90, il a suffit de changer les gestionnaires, ils arrivent à plus de 35 millions par an.. Istanbul, dépasse les 50 millions d'habitants en été!!! et pourtant Ils ont commencé en décrêtant que toutes les toilettes publiques doivent être très propres sous peine d'une forte amende et d'emprisonnement!!!! Nous on a pris l'habitude de faire ça dans les buissants, et parfois sur les murs et en plein publique?Alors les toilettes ouvertent sont trés rares.. à l'image du pays qui devient de plus en plus un dépotoires, même que les sachets vollent chez nous?