Irak : combats dans le nord et crise politique à Bagdad

Les djihadistes ne faiblissent pas.
Les djihadistes ne faiblissent pas.

Menacé par les djihadistes de l'Etat islamique, l'Irak s'offre en prime une crise politique à Bagdad où le Premier ministre sortant, le chiite Nouri al Maliki, refuse de céder le pouvoir.

Le président irakien, le Kurde Fouad Massoum, a pourtant confié lundi à Haïdar al Abadi la tâche de former le futur gouvernement, et les Etats-Unis comme les Nations unies ont salué une "avancée prometteuse".

"Nous devons tous coopérer pour faire face à la campagne terroriste lancée contre l'Irak et stopper tous les groupes terroristes", a aussitôt déclaré Abadi, en appelant à l'unité nationale contre les "barbares" de l'Etat islamique.

Mais dans un discours télévisé, Maliki a affirmé lundi soir que son remplacement constituait une "violation dangereuse" de la Constitution. "Nous allons corriger cette erreur", a-t-il ajouté.

Son gendre, Hussein al Maliki, avait précisé un peu plus tôt que le camp loyal au chef du gouvernement sortant allait saisir la Cour fédérale. "Nous ne resterons pas silencieux", a-t-il promis.

Au pouvoir depuis 2006, Maliki a été lâché par une partie de ses alliés qui lui reprochent d'être en partie responsable, par une politique sectariste favorisant les seuls intérêts de la majorité chiite, et nourrissant donc les frustrations de la communauté sunnite, de l'émergence des combattants de l'Etat islamique.

Pour nombre de ses ex-alliés, y compris à Washington et à Téhéran, Maliki fait partie du problème et doit s'effacer pour laisser place à un gouvernement d'union nationale dans lequel seraient représentées toutes les communautés irakiennes.

Aux Etats-Unis, Barack Obama a vu dans la nomination d'Abadi une "avancée prometteuse" tandis que son administration appelait Maliki à ne pas s'accrocher au pouvoir. Mais le déploiement observé depuis dimanche dans Bagdad des forces fidèles au Premier ministre sortant ne laisse pas augurer d'une transition en douceur alors même que l'Irak doit faire face, dans le nord, à l'avancée des djihadistes de l'Etat islamique.

Le Pentagone l’admet : les frappes n’affaiblissent pas l’EI

Les insurgés sunnites se sont emparés lundi d'une nouvelle ville, Djalaoula, à 115 km au nord-est de Bagdad, après des semaines de combats contre les peshmerga kurdes, a annoncé la police irakienne.

Leurs succès militaires et l'incapacité de l'armée irakienne comme des peshmerga kurdes à les contenir ont conduit les Etats-Unis à décider des frappes contre leurs positions militaires, notamment près d'Erbil, la capitale du Kurdistan.

Mais le Pentagone a souligné lundi soir que les frappes que mène l'aviation américaine depuis vendredi n'affaibliraient pas les capacités de combat des islamistes.

"Ces frappes aériennes américaines dans le nord de l'Irak ont ralenti le rythme opérationnel de l'Etat islamique (EI) et temporairement perturbé leur avancée vers la province d'Erbil. Cependant, ces frappes ne devraient pas affecter les capacités de l'EI ou ses opérations dans d'autres parties d'Irak et de Syrie", a déclaré le lieutenant-général William Mayville Jr, un responsable du Pentagone. L'administration Obama a fait savoir par ailleurs qu'elle armait désormais directement les forces kurdes du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK).

Les premières armes ont été fournies par la CIA mais le département américain de la Défense devrait commencer prochainement à armer également les peshmerga, qui ont repris le contrôle de deux positions stratégiques dans le nord de l'Irak dimanche avec l'aide de frappes aériennes américaines, indique-t-on de source gouvernementale américaine.

Reuters

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