L'aviation américaine bombarde des positions djihadistes en Irak
L'aviation américaine a procédé vendredi à ses premières frappes dans le nord de l'Irak contre les combattants djihadistes de l'Etat islamique qui menacent Erbil, la capitale du Kurdistan irakien autonome.
L'armée américaine a poursuivi parallèlement ses opérations de parachutage de vivres pour venir en aide aux dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui l'avancée des insurgés sunnites.
Comme la nuit précédente, de l'eau et des rations alimentaires ont été larguées dans les montagnes de Sinjar, où des dizaines de milliers de yazidis ont fui la progression des combattants sunnites de l'Etat islamique qui considèrent les adeptes de ce culte pré-islamique comme des "adorateurs du diable".
"A ce jour, en coordination avec le gouvernement irakien, l'aviation américaine a fourni 36.224 rations alimentaires et 6.822 gallons d'eau potable (25.000 litres environ)", précise le Pentagone.
Moins de vingt-quatre heures après l'allocution du président américain annonçant qu'il autorisait des frappes aériennes, des chasseurs et des drones de l'armée sont entrés en action.
D'après le Pentagone, deux chasseurs F/A-18 ont largué des bombes à guidage laser sur une pièce d'artillerie mobile près d'Erbil. Un convoi de véhicules blindés de l'Etat islamique a également été pris pour cible. Il faisait route vers Erbil, selon un haut responsable kurde.
L'Etat islamique a minimisé l'impact de cette campagne aérienne. "Les avions attaquent des positions qu'ils pensent être stratégiques. Mais ce n'est pas ainsi que nous opérons. Nous sommes formés à la guérilla de rue. Allah est avec nous et nous promet le paradis", a dit un combattant joint par téléphone.
COOPÉRATION "SANS PRÉCÉDENT" ENTRE BAGDAD ET ERBIL
Après des mois passés à repousser l'idée même d'un engagement militaire direct dans la crise irakienne, le président américain a fini par autoriser jeudi des bombardements pour enrayer la progression des insurgés sunnites vers Erbil, protéger les intérêts américains et venir au secours des minorités religieuses yazidis et chrétiennes.
Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a précisé vendredi qu'Obama n'avait pas fixé de calendrier définitif pour un arrêt des opérations. La durée de la campagne aérienne dépendra de l'évolution de la situation.
La Maison blanche espère pouvoir gagner le temps nécessaire pour réarmer les peshmerga kurdes, désormais en première ligne face aux djihadistes, réorganiser l'armée irakienne, mise en déroute début juin, voire favoriser la constitution d'un gouvernement plus "inclusif" à Bagdad, quitte à se séparer du Premier ministre, le chiite Nouri al Maliki, accusé d'avoir attisé les tensions confessionnelles.
Vendredi, un avion de transport C-130 du gouvernement irakien a acheminé des munitions à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, et les Etats-Unis s'efforcent de faciliter de futures livraisons, a déclaré un responsable de l'administration Obama.
Cette coopération militaire entre le pouvoir central à Bagdad et les autorités du Gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK) est "sans précédent", souligne ce responsable.
UN COMBAT VITAL POUR LE KURDISTAN IRAKIEN
Les combattants de l'Etat islamique ont récupéré en juin, après la débandade de l'armée irakienne à Mossoul, des blindés, des mitrailleuses et des armes lourdes. Des moyens sans commune mesure avec ceux dont disposent les pershmerga - littéralement "ceux qui défient la mort".
Avant même la nouvelle avancée des djihadistes, le gouvernement régional du Kurdistan avait envoyé début juillet des émissaires à Washington pour réclamer une assistance et des équipements militaires, notamment des chars, des transports de troupe blindés, des pièces d'artillerie et des fusils de haute précision. Les nouveaux gains territoriaux enregistrés depuis le week-end dernier par les combattants de l'Etat islamique ont radicalement modifié la donne.
"L'Etat islamique mobilise toutes ses forces en Irak et en Syrie pour venir combattre les peshmerga. C'est un combat très grave. Il est vital", a prévenu vendredi Hoshiyar Zebari, haut responsable kurde et ministre des Affaires étrangères du gouvernement irakien.
A Paris, François Hollande a salué les premières frappes américaines et annoncé qu'il examinerait avec les partenaires de la France les actions à mener pour mettre fin aux souffrances des populations civiles dans ce pays.
A"Le président de la République se félicite (...) de la décision importante prise par le président Obama d'autoriser des frappes aériennes ciblées afin de contrer l'Etat islamique ainsi que de mettre en oeuvre un effort humanitaire dont nous savons combien il est impérieux et urgent", dit-il dans un communiqué.
Reuters
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