Le rapport accablant de la Banque d’Algérie sur la situation économique
A la lumière du dernier rapport de conjoncture du premier trimestre 2014 de la Banque d’Algérie paru en ce début d’août, on peut noter les aspects suivants, le calcul en valeur voilant la baisse en volume des exportations d’hydrocarbures.
1.- Le rapport note au préalable, la vulnérabilité de l’économie algérienne dépendante à 98% d’exportation d’hydrocarbures et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% (malgré une petite baisse des importations durant cette période 14,09 milliards de dollars contre 14,2 milliards de dollars. Le cours du pétrole durant cette période est passé de 114,4 dollars à 107 dollars et les exportations se sont contractées de 12% en valeur, atteignant les 15,57 milliards de dollars au premier trimestre 2014 contre 17,66 milliards de dollars. Ainsi, l’excédent de la balance commerciale est passé de 1,84 milliard de dollars contre 3,78 pour la même période de 2013. Le déficit poste services hors revenus des facteurs s’est stabilisé à 1,8 milliard de dollars et en dépit d’une augmentation des transferts nets, le compte courant de la balance des paiements extérieurs affiche un déficit de 470 millions de dollars. Cependant, les IDE, malgré la faiblesse en valeur comparé à l’importance de la dépense publique, de 0,37 milliards de dollars, a permis que la balance des paiements extérieurs globale a clôturé avec un quasi équilibre au premier trimestre 2014. Les réserves de change ont peu évolué durant cette période passant de 194,012 milliards de dollars à 194,961 milliards de dollars, avec une légère hausse de la dette extérieure (3,561 milliards de dollars à fin mars 2014 contre 3,396 à fin décembre 2013 et 3,451 à fin mars 2013), s’expliquant selon la banque d’Algérie par une augmentation de l’encours que l’on lie à la hausse de la dette à court terme dont l’encours a atteint 1,521 milliard de dollars. Le niveau «historiquement bas» de la dette extérieure toujours selon ce rapport permet de faire face à d’éventuels chocs externes et de préserver la stabilité extérieure» parallèlement à la politique de taux de change effectif du dinar,( conduite flexible) à proximité de son niveau d’équilibre fondamental». Le rapport de la BA indique que le taux de change effectif réel du dinar s’est déprécié de 1,81% au premier trimestre 2014, mais s’est apprécié d’environ 5% par rapport à son niveau d’équilibre déterminé en fonction des fondamentaux.
2.- Fait inquiétant, les disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR) ont diminué, ce faisant, en passant de 5 238 milliards de dinars à fin décembre 2013 à 4 773 milliards de dinars à la fin mars 2014.
3.- Cependant il faut replacer ces indicateurs dans le contexte social et économique algérien économie largement extériorisée soumise aux chocs externes à travers les nouvelles mutations énergétiques et entrevoir des stratégies d’adaptation à moyen et le long terme. Après plus de 50 d’indépendance l’économie algérienne est une économie totalement rentière. Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Elle représente selon l’évolution des cours entre 40/45% du produit intérieur brut évalué à 215 milliards de dollars en 2013 selon le FMI, mais en réalité avec les effets indirects de plus de 80% (le bâtiment travaux publics, hydraulique et bon nombre d’autres secteurs étant tirées par la dépense publique via les hydrocarbures). .Selon les enquêtes de l’ONS, 83% de la superficie économique globale est représentée par le petit commerce-services, la dominance de la sphère informelle plus de 50% de la superficie économique, un dépérissement du tissu industriel avec moins de 5% du PIB et sur ces % plus de 93% de petites PMI-PMI peu initiées au management stratégique. Sonatrach tout en n’oubliant pas les partenariats avec les groupes internationaux au niveau hydrocarbures, est donc le véritable moteur de l'économie algérienne, un fournisseur essentiel de revenus d'exportations, de revenus fiscaux, d'emplois. SONATRACH a engrangé 700 milliards de dollars de recettes entre 2000/2013 selon la banque mondiale et une importation de 500 milliards de dollars en devises pour la même période, ayant permis un cadre macro économique artificiellement stabilisé, un désendettement extérieur et épongé artificiellement l’endettement intérieur, un programme d’investissement concentré sur les infrastructures de base (630 milliards de dollars entre 2000/2013 budget d’équipement et de fonctionnement), 70% du pouvoir d’achat des Algériens. La rente des hydrocarbures constitue donc le poumon du pouvoir algérien. Depuis 2010, nous assistons à la détérioration de la balance des paiements qui devrait s’accélérer entre 2016/2020, l’Algérie n’étant pas à l’abri des périls notamment de la crise mondiale notamment à travers une chute des cours des hydrocarbures, ne pouvant continuer à fonctionner sur la base de 110 dollars le baril. Pour preuve les importations de biens en 2013 ont été de 55 milliards de dollars en 2013 plus 12 milliards de services plus entre 5/7 milliards de dollars de rapatriements légaux de capitaux des firmes étrangères soit 72/74 milliards de dollars de sorties de devises. Or, les exportations d’hydrocarbures sont en chute libre : 65,9 milliards de dollars, y compris les 3,2% hors hydrocarbures pour un montant de 2,16 milliards de dollars, en régression par rapport à 2011, montant de 73,5 milliards de dollars et 71,8 en 2012. Un cours de 90 dollars aurait donné une recette de moins de 55 milliards de dollars ce qui aurait engendré de très fortes tensions sociales avec l'annulation de nombreux projets et remis en cause totalement la modification de l'article 87 bis du code du travail qui aura d'importantes incidences financières.
En résumé, la région euro-méditerranéenne et euro-africaine devrait connaitre de profonds bouleversements géostratégiques d’où l’importance de repenser l’intégration du Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique, dont l’Algérie a un rôle pivot à jouer. D’où l’importance, pour des raisons de sécurité nationale, de penser à une transition entre 2015/2020 d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales en n’oubliant jamais que selon les Accords récents entre le gouvernement algérien et l’Union européenne le tarif douanier zéro est prévu en 2020, l’Algérie aspirant à adhérer à l’OMC dont les contraintes seront encore plus dures. Le taux de croissance réel et non fictif tiré par la dépense publique avec des coûts exorbitants, nécessaire pour éviter les remous sociaux devra être forcément de 8/9% cumulé entre 2015/2020. Aussi l’objectif stratégique est de promouvoir, loin de toute vision bureaucratique, en libérant toutes les initiatives créatrices, l’entreprise qu’elle soit publique ou privée et son fondement la valorisation du savoir, qui devra pour être compétitive se fonder sur les normes coût/qualité renvoyant nécessairement à un Etat de Droit et une gouvernance renouvelée.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités Expert international
Commentaires (3) | Réagir ?
AH Cheikh Mebtoul, avec tous ces feux d'enfer en Kabylie et en Palestine... Pour nous c'est l'enfer hallal et pour eux du kosher... Bref, si seulement j'avais appris a parler l'arabe, l'alphabet latin je le connait - je serait aussi devenu dooctoor... Mais non, les musulmans ne disent pas dooctoor, ils preferent "Savant" ahaaaa
"... Aussi l’objectif stratégique est de promouvoir, loin de toute vision bureaucratique, en libérant toutes les initiatives créatrices, l’entreprise qu’elle soit publique ou privée et son fondement la valorisation du savoir, qui devra pour être compétitive se fonder sur les normes coût/qualité renvoyant nécessairement à un Etat de Droit et une gouvernance renouvelée... "
Ca coute combien le savoir maintenant - quand j'allais a Alger durant l'ete', j'aimais le spectacle des cris "ayaw al batata, 3 ba'chrine !" - Bouteflika est d'accord avec vous - Le marche' du savoir de Wed al-harach (la grande mosque'e) va ouvrir ses grandes surfaces, de savoir... et en moins de 5 ans, c. a. d. vers 2016 (meme pas besoin d'attendre 2020), le savoir et la meilleure gouvernancedu monde, seront disponibles a 5 ba'chrine... C'est la que je deviendrais musulman pour faire careme de savoir 15 mois par ans, de jour comme de nuit...
On est dans de sales draps - ou plutot les jeunes qui atteindront 20 a 30 alors... Ca va etre la merde jusqu'au cou !
Bien dit ah Aksil Ilunisen, je suis entièrement d'accord que la mamelle tarisse le plutôt possible !c'est cette mamelle qui a fait notre malheur sur tous les plans, qui nous a rendus inertes, fainéants, soumis, et risée de la planète!un peuple qui mange et qui ch.... comme des lombrics!on a même oublié comment réfléchir!c'est le comble!le pays est à la dérive depuis 1962, mais surtout depuis 'arrivée de Bouteftef au pouvoir!c'est la déchéance;un phénomène exergue est apparu, c'est celui de la déculturation des algériens et de leur apolitisme grandiose!on est devenu comme des loques ! Bientôt la fin du pétrole et du Gaz;les algériens se retrouveront face à leur vrai quotidien qui sera celui de la misérè sur tous les plans, nutritifs, sanitaires, éducatifs etc.... c'est la fin des haricots...
Atsakal Fadhma Argazis!