Zerguine au pays des gredins
Ici, gouverner, c’est mentir au peuple. Mentir sur l’état de santé du président mais aussi sur l’État de santé de l’économie nationale.
Par Mohamed Benchicou
Abdelhamid Zerguine savait-il mentir ? Durant un an, ils ont aligné les mensonges sur l’état de santé du président, "entré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour de simples examens complémentaires", disaient-ils, avec aplomb. Le léger accident vasculaire se termine ainsi par une lourde vacance du pouvoir. Mais il fallait reconduire Bouteflika, reconduire le pouvoir le plus irresponsable qu'ait connu l'Algérie en 50 ans afin qu'il exécute les desseins des capitales étrangères et des lobbys. Cela commence plutôt bien : sur insistance française, et sans consulter personne, Bouteflika a décidé de recourir à l'exploitation du gaz de schiste.
Selon une information rapportée par des médias français, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, aurait confié à des journalistes que la France et l'Algérie allaient prochainement signer "un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l'exploitation du gaz de schiste". Zerguine savait-il mentir ? On ne sait pas. Dans un contexte mafieux, au contact d’un régime déterminé à innocenter l’ancien ministre Chakib Khelil, à surproduire pour se gaver, à se lancer dans l’expérience suicidaire du gaz de schiste, à mentir sur ce qui nous attend, l’ancien président-directeur général de Sonatrach n’était pas l’homme idoine.
Abdelhamid Zerguine, qui n’a rien compris au secret de la gouvernance, déclarait à qui voulait l’entendre que les gisements de pétrole sont en "déclin" et les réserves sont "modestes". Il fut, évidemment, immédiatement contredit par son ministre de tutelle, Youcef Yousfi pour qui "l’Algérie continuera à produire du pétrole et des hydrocarbures en général pendant "de longues années encore"". La tragédie nous arrive en effet, droit sur la gueule ! Le pétrole, les réserves financières en milliards de dollars, c’est fini ! Oui, fini. Les projections les plus optimistes donnent l’Algérie pour importatrice nette de pétrole dés 2025.
Au cours des trois mandats du "pouvoir civil" de Bouteflika, il a été gaspillé l’argent du présent et celui du futur. Les hydrocarbures ont été si outrageusement pompées qu’il ne devrait plus rien rester dans le sous-sol d’ici quelques années, date à laquelle nous serions 40 millions d’Algériens, tous, théoriquement, voués à la précarité puisque Bouteflika aura épuisé les réserves pétrolières sans doter la maison Algérie d’une économie diversifiée pouvant prendre la relève du pétrole et du gaz naturel.
En l’espace de cinq ans seulement, la production algérienne de pétrole est passée de 1,6 à 2 millions de barils par jour, soit un bond de 25% ou le double de la moyenne d’augmentation de la production OPEP durant la même période. Les recettes ? Sans s'étaler sur la partie supposée avoir été dérobée par la kleptocratie au pouvoir, elle a surtout engraissé la mafia de l’import via les importations qui ont explosé entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de 9 milliards de dollars en 1999 à 49 milliards en 2012. Aucun investissement sérieux n'a été engagé dans la production pour doter le pays d'une économie viable qui prenne le relais des hydrocarbures.
Dans l’Algérie de Bouteflika, un responsable ça ment ou ça s’en va. C’est ce qu’avait compris le ministre des Finances, Karim Djoudi. Le grand argentier laissait entendre qu'il n'y avait plus d'argent en caisse, que les salaires comme les pensions ne seront plus augmentés… Comme de juste, il est aussitôt recadré par le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, qui jure ses grands dieux que tout va à merveille dans ce territoire coupé du monde qui s'appelle l'Algérie. Résultat : Karim Djoudi ne figure plus dans le gouvernement et Abdelhamid Zerguine est limogé. Ce dernier, aggravant son cas, aurait, selon diverses sources, refusé de donner un marché de gré à gré à un privé algérien membre de la tentacule bouteflikienne et aurait même coopéré avec les enquêteurs dans le cadre de l’information judiciaire contre l’ancien ministre Khelil. Il était capable, le bougre, de vouloir dire son mot dans la façon de répartir les102 milliards d'investissements que Sonatrach compte dépenser pour retrouver le niveau de production de 2008 en 2018 ! Cent deux milliards de dollars ! Zerguine aurait dû méditer sur le chiffre...
M. B.
Commentaires (13) | Réagir ?
M. Boudiaf Allah yarrahmou, l'avait bien dit "El khair fina ou charr fina". Quand les honnetes gens ne sont pas soutenus, dans l'adversité, par tous ceux qui les entourent, rien de bon ne peut arriver dans ce pays. Bien sur, il ya eu le miracle de 54-62, ou une poignée de nationalistes convaincus et prets à tout sacrifier pour l'indépendance du pays, ont pu inverser le cours de l'histoire mais la suite a été désastreuse.
Sonatrach a été complétement minée de l'intérieur par le régionalisme, le népotisme et la rapine qui fait que tout est bradé pour des clopinettes par de parfaits "idiots" nommés cadres supérieurs.
" Zerguine au pays des CRETINS", parce grédin ça joue plus sur la morale alors que crétin est le mot exacte et il reste encore pas fort pour désigner le pays de 5000 ans d'histoire et d'intrigues, de guerre, de vol et de TAHOUDITE.
RMII