Foot: les artistes sont bel et bien morts !
C'est les gabians, les mouettes marseillaises, qui m'ont tiré du sommeil ce matin. Ils auraient un bec puissant, ils seraient agressifs et un peu escrocs sur les bords. Bizarrement, ces oiseaux qui colonisent le petit port du Vallon-des-auffes, à Marseille me rappellent une population très familière...
Cette petite anse où vient se coucher la Méditerranée et où semblent sommeiller quelques barques de pêcheurs très paisibles est aussi le refuge de vieux chats contemplatifs lesquels, bien entendu n'ont pas élu domicile, ici, pour rien.
Le soleil, ce matin, semble vouloir remporter la bataille que lui livre le mistral depuis le début de la semaine. Les vagues paraissent calmes. Ce qui n'est pas quiet, c'est le cœur et l'esprit de mon hôte, un ancien collègue d'"Algérie-Actualité" et, néanmoins, grand ami, Djamel Boukella. Cela fait trois jours et trois nuits qu'on refait le monde et surtout le pays ensemble.
Il dit qu'il a, lui, l'enfant d'un vieux directeur d'école de Belcourt, qu'il a de tout temps été convaincu qu'il allait sa vie durant rendre à l'Algérie ce qu'elle allait lui donner.
Djamel, au cours de sa longue "vie" algérienne, a appris beaucoup de choses. Spécialiste rare en cinéma, féru de musique et de littérature, documentaliste mais surtout algérien corps et âme, il en veut, aujourd'hui, au pays et surtout aux islamistes intégristes de l'avoir poussé à l'exil.
Vous pensez bien que pendant ces trois jours, nous avons trouvé le temps de parler football. Il n'a même pas daigné pleurer avec moi l'orgueil atteint des Brésiliens. Non, il m'a rappelé l'attaque mitrailleuse du CRB, de Belcourt, son quartier et celui de Cervantès enfin...). Qui se rappelle de ces cinq fous, de ces cinq artistes : Boudjenoune, Lalmas, Khalem, Selmi, Achour ?
Djamel est catégorique :"J'ai arrêté de cautionner ce jeu de dupes aux alentours de 1982. Rien à voir avec Algérie- Allemagne, à Gijon. Non, ça correspond au temps où tous les damnés de la terre, les magiciens du foot se sont mis à singer le football européen qui sacrifiait le jeu, l'art à l'efficacité."
Le début de la mondialisation en quelque sorte ! Djamel n'aime que les crêtes ridicules des joueurs de foot actuels deviennent des produits marketing. Il n'aime pas plus que des footballeurs, à l'exemple de David Beckham soient érigés en exemple, il n'aime pas que la mode se mêle de ballon. Djamel est écœuré par beaucoup de choses. Pas même par la fin du Brésil et la défaite de l'Argentine qu'il aurait tout de même aimé voir gagner cette coupe du monde, elle qui recèle peut-être le dernier des saltimbanques du football mondial.
Les Allemands que toute l'Europe, "le monde libre" applaudit a traversé ce mondial brésilien, notamment le premier tour comme une division de panzers. Un football sans âme, des victoires sur le fil. Deux éliminations évitées de justesse : Contre le Ghana et... contre l'Algérie. Mon frère, Akli, un fou de foot, vient de m'appeler de Dubai pour me rappeler à cette absurde syllogisme : "Si on avait gagné contre l'Allemagne, on aurait été champions du monde !"
Il a oublié une seule chose, c'est le bon mot de Robson, l'ancien entraîneur de l'Angleterre, son pays d'adoption, le football, c'est un jeu qui se joue à onze contre onze mais à la fin c'est toujours l'Allemagne qui gagne.
Ce mondial a été formidable. Je trouve qu'il s'est mal terminé.
Meziane Ourad
Commentaires (5) | Réagir ?
Ce n'est pas robson qui a dit que le foot un jeu qui se joue à 11 etc... mais Gary linecker (1986)
c'est Gary Linecker, ancien international anglais, qui a dit le foot... Enfin, bref, le foot c'est comme le reste, il évolue. A part chez nous, le foot et le reste, tout recule. Quand à la finale pour moi tout s'est bien terminé., cette équipe d'Allemagne est à l' image de son pays:bien organisée, talentueuse, travailleuse, toujours aller de l'avant , et l'envie de gagner était là.