Défilé du 14 juillet : pour des relations apaisées entre l’Algérie et la France
Il ne s’agit nullement d’occulter la mémoire indispensable pour consolider des relations durables entre l’Algérie et la France.
Je ne puis oublier qu’enfant, émigré dans le Nord de la France, j’ai vu mon père embarqué par les services secrets français sous les pleurs de ma mère, malmené puis emprisonné à Marseille, pendant de longues années à El-Harrach et Lambèse pour être libéré à la fête de l’indépendance. Mais c’était son devoir envers la patrie. L’occupation coloniale puis la guerre de libération nationale a laissé de profondes cicatrices dans les mémoires que nos jeunes des deux rives de la Méditerranée, du fait de l’absence d’’une écriture objective de l’historie ignorent souvent. Une partie de ma famille a été décimée à l’instar de toutes les régions de l’Algérie qui ont payé une lourde tribut, dont mon oncle paternel, Mebtoul Bénamar, chef de bataillon mitraillé par l’aviation coloniale en 1959 à Djebel Fellaoucène) avec bon nombre de valeureux moudjahidines. La présence même symbolique de l’Algérie au défilé du 14 juillet 2014 avec le drapeau algérien est une reconnaissance d’une Algérie indépendante et souveraine et je m’étonne des polémiques stériles des deux cotés de la méditerranée.
1.- Personne n’a le monopole du nationalisme que ce soit en Algérie ou en France. Il s’agit en ce monde impitoyable où toute Nation qui n’avance pas recule de préparer ensemble l’avenir par le respect mutuel entre l’Algérie et la France. Cette dynamisation de la coopération à tous les niveaux dont le facteur culturel est déterminent ne sera profitable que si l’Algérie et la France ont une approche réaliste du co-partenariat loin du mercantilisme de l’esprit colonial du passé, et que s’ils ont une vision commune de leur devenir.
2.- Cette coopération ne sera profitable à terme que dans le cadre de l’intégration euromaghrébine et euro-africaine, le destin du Maghreb et de l’Europe solidaire étant en Afrique. La coordination des politiques économiques, monétaires, commerciales, fiscales et douanières est un objectif vital pour un développement durable, la misère enfantant l’insécurité régionale, afin de stabiliser le Sahel. Face aux bouleversements mondiaux, l'accélération des réformes économiques conciliant efficacité économique et cohésion sociale par une plus grande moralisation de la gestion de la cité (qualifié de bonne gouvernance) sont les pistes à explorer pour éviter ce dualisme Nord-Sud préjudiciable à l'avenir de l'humanité. La symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d'enrichissement mutuel. Les derniers évènements devraient encore mieux nous faire réfléchir évitant cette confrontation des religions car autant l'islam, le christianisme ou le judaïsme ont contribué fortement à l'épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d'extrémisme. La mondialisation est un bienfait pour l'humanité à condition d'intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale.
3.- Comme le note justement mon ami le professeur Jean-Louis Guigou, Délégué de l’IPEMED et ami de l’Algérie, il faut faire comprendre que, dans l'intérêt tant des Français que des Algériens et plus globalement les Maghrébins et des Européens et de toutes les populations sud-méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix durable au Moyen-Orient les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. Comme le préconise l’auteur, il serait donc souhaitable qu’une réflexion collective s’articule autour de quatre axes thématiques. Premièrement, la gouvernance territoriale : il s’agira en ce sens de repérer les acteurs clés (privés et/ou publics, individuels et/ou organisationnels), d’analyser les contextes institutionnels et de proposer une grille d’analyse des modes de coordination de ces acteurs. Deuxièmement, l’attractivité des territoires : il s’agira de mettre en perspective les politiques publiques mises en œuvre (réglementations et incitations) et les stratégies des acteurs de la globalisation pour mieux comprendre les mouvements de délocalisation et la nature des relations de sous-traitance. Troisièmement, de nouvelles dynamiques productives sur la base d’une approche sectorielle, les logiques d’agglomération et d’organisation productive pour mettre en évidence des processus de désindustrialisation, de restructuration et/ou d’émergence industrielle. Quatrièmement, la spatialisation des activités de production en d’analysant l’organisation spatiale (urbaine) des dynamiques productives afin de mettre en relief les modes d’aménagement, d’organisation et de gestion des territoires, et expliquer les logiques de localisation et d’agglomération intra-urbaine des entreprises.
4.- Au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la mondialisation, je suis persuadé du nécessaire rapprochement entre l'ensemble des pays du Maghreb d'une intensification de la coopération entre l’Algérie et tous les pays des trois continents – Amérique- Asie, Europe dont la France à la mesure du poids de l'histoire qui nous relie si l'on veut dépasser les résultats mitigés. Puissent les femmes et les hommes de bonne volonté, notamment les intellectuels, les médias, la société civile à laquelle j’accorde une importance capitale, rapprocher les points de vue par un dialogue fécond permanent, par une lutte contre toute forme de racisme et de xénophobie. En ce XXIe siècle ce ne sont pas les relations personnalisées entre chefs d’Etat qui consolident les liens mais les réseaux décentralisés. La diaspora est un élément essentiel du rapprochement entre l’Algérie et la France, du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités, intellectuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l’Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le Gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. En bref, un message à nos politiques : à l’esprit de domination doit se substituer l’esprit de coopération pour une prospérité partagée. La présence de l’Algérie au 14 juillet en France ne saurait signifier qu’elle renonce à ses principes fondamentaux.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités expert international
Commentaires (12) | Réagir ?
vive l’Algérie
faculté de droit
Pendant que nos maquisards crapahutaient à Monté Cassino et ailleurs, l'armée coloniale planquée en algérie commetait un des plus grands massacres de l'histoire sur leurs parents. Non monsieur on ne peut pas occulter l'histoire. Boutflika et sa clique finiront par être rattrappés par leur traîtrise.