Matoub Lounès serait parti à Rio

L'immense Matoub Lounès assassiné sur la route de Beni Douala en juin 1998.
L'immense Matoub Lounès assassiné sur la route de Beni Douala en juin 1998.

Juin. Foot. Joie. Ce triptyque me rappelle Matoub Lounès, un pro du 4-21 et de la belote de comptoir. Un maître du poker. Un monsieur doté d'une voix et d'une aura incomparables.

Matoub, c'était mon frère, mon ami, un proche qui a patiemment, longuement, péniblement su m'écouter, m'encourager à accepter de survivre à la liquidation des miens. 

C'était au temps où l'Algérie se noyait dans des torrents de sang et d'ignorance. Lounès, à quelques jours, quelques heures du sacre de la France, en coupe du monde, en 1998, a rendu l'âme sur une départementale reliant Tizi-Ouzou à Beni Douala.

Soixante-dix-huit balles ! La courbure de ce chemin de campagne portera à jamais la douleur, les odeurs, l'âme de cet être unique.

Matoub Lounès, un seigneur du verbe et du cœur. Matoub, un féru de foot qui aurait tant aimé partager cette campagne brésilienne menée par les jeunes Verts. Les vertes pousses de l'équipe d'Algérie.

Je n'aime pas trop les déclarations censées nous représenter qui proclament qu'ils sont là pour le monde arabe et la nation musulmane. Ils sont là pour l'Algérie. D'abord. Pour l'Afrique, ce vertigineux continent, berceau du monde, qui n'arrête pas de se donner en spectacle pour des histoires de primes. Ça suffit !

Demain le Nigeria joue la France, entre-temps, des Nigérians enlèvent, séquestrent et violent des jeunes filles. Le gouvernement de ce pays, des pays africains, Cameroun en tête, sont affalés sur des paillasses d'argent volé aux peuples.

Avant de rémunérer leurs footballeurs, ils sonnent le tocsin. Ils alertent la planète et étalent leurs ignominies sur tous les tabloïdes de l'Univers. J'ai honte pour l'Afrique. Je suis fier de commémorer tout seul, dans mon coin, la disparition de Matoub.

Je ne me lasserai jamais de ce mot de Lounès : un jour, au cours d'un entretien, je me suis évertué à lui demander pourquoi il parlait kabyle mieux que ma mère. La réponse de l'artiste a été cinglante :"Méziane je ne parle pas kabyle mieux que ta mère, tu ne connais pas ta mère".

J'ai la douleur et le plaisir d'évoquer en ce début d'été marseillais mes souvenirs de Matoub parce que cet ami a été assassiné à quelques heures près le même mois. En juin. Seize ans se sont déjà écoulés. Matoub Lounès avant son exil en France, son passage par Tadmaït, son séjour très touristique dans le maquis du GIA, Matoub avant ses visites très intéressées, très curieuses aux Indiens d'Amérique, Matoub l'ami de tous les petits, de tous les démunis est un grand fan de football. Lorsqu'il était adolescent, avant d'aimer la JSK, il était un supporter de l'ES Léveilley (ESL), une équipe d'un quartier des hauteurs d'Hussein Dey. 

Je rêve, j'imagine encore Matoub vivant, je me vois avec lui dans les petites ruelles de Rio, et je l'entends d'ici chanter les victoires passées et celles à venir de l'équipe nationale d'Algérie. 

Encore une fois, n'en déplaise aux philosophes algériens mais tout de même inutiles, je taperai ce lundi dans mes mains et je crierai "maâk ya'l Khadra!"

Meziane Ourad

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Commentaires (4) | Réagir ?

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cherif nath belkacem

je ne pense pas que le grand chantre de la Kabylie aurait soutenu cette équipe monsieur!Cette équipe qui soi -disant représente la "nation arabe". Laissez Lwanass se reposer en paix!Et continuez à chanter votre hymne tout seul.

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Effectivement, je suis du même avis, il serait inconcevable que le grand Matoub Lounès puisse supporté ceux qui représente la nation arabe....

Paix à son âme : (

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achour badache

Pourquoi cette réponse?Pourquoi mélange t on le foot et Le salaud de Boutef... Et encore, on dit Boutef....... Il est mort ce type, un légume. en ce moment, il négocie son aprés vie et il est dans la merde...

Pourquoi Mr Lounes n aurait il pas suivi l 'équipe?Il n'était pas contre les Algériens... Alors oui, nous respectons le repos éternel de tous...

Merci Méziane pour tes chroniques. Toujours dans ton monde émotionel et n en déplaise à l 'amertume de certains lecteurs.

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