Ce dernier se serait, d'ailleurs, au mépris de son aphasie, empressé de déclarer que la victoire de l'EN serait celle de la nation arabo-musulmane toute entière. Son alter égo saoudien en aurait fait de même. Une photo vue sur la toile montre un imam juché sur une estrade vociférant à la face d'une poignée des joueurs qui nous représentent au Brésil, dans une attitude que n'aurait pas reniée le plus enragé des entraîneurs.

Un imam faisant les causeries d'avant match ! L'Algérie aura tout inventé, nous vous le disions hier, nous sommes des génies que le monde ignore... Comme sera injuste notre élimination de ce mondial si elle devait advenir.

Qui s'assemble se ressemble. Ainsi en est-il de nos frères autoproclamés du Machrek. Bien vissés à leur chicha, ils vapotent face à leurs écrans plats, à l'heure des matchs du mondial pendant que les fous dépenaillés de l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) foncent sur Baghdad. Les Baghdadis, blasés par la guerre et la ruine, sont les premiers à s'en tamponner du péril qu'ils encourent.

Depuis le 5 juin, cette armée de gueux qui entend reconquérir les territoires musulmans, occupés, à leur sens par des mécréants et des apostats, marchent , armes à la main, sur la capitale de l'antique Mésopotamie, rasant hommes et patrimoine archéologique. 1000 morts déjà et plusieurs statues mises à terre. Combien de mains coupées, d'exécutions sommaires, de familles exilées ou embastillées ?

Peut-être pourra-t-on faire les comptes dans un futur tout à fait incertain...

En attendant, Baghdad demeurera, vouée corps et âme à l'équipe du musulman Halilodzic. Ah si les Fennecs pouvaient humilier les Occidentaux sur les gazons brésiliens. Ah si ils pouvaient croiser la route des Américains et les démolir ! L'Irak, deux fois détruit par les Américains, occupé pendant vingt-trois ans et aujourd'hui abandonné à lui-même et à la barbarie intégriste a, sans doute le droit, de vibrer aux exploits du onze algérien. Après tout, tout le monde sait que seul le rêve reste à ceux qui ont tout perdu.

Qu'en est-il des Américains qui ont cherché, en vain les armes de destruction massive et qui n'en, en définitive, trouvé que les bouches des vannes de pétrole qu'ils n'ont pas manqué de raccorder à leurs raffineries ?

Cette coupe du monde vous disais-je, est un plaisir pour les yeux et un sacré exercice pour l'esprit. Ne faisons pas la fine bouche, soyons, pour une fois, terre à terre et crions avec tous les trabendistes et baltaguias du pays: one two three viva l'Algérie !

Meziane Ourad