Je m'appelle Mohanned Abdul-Raheem Kerrar, je viens d'être acheté par le prestigieux club algérien, la JSK. Je serais donc emmené dans les années à venir à affronter les joueurs de la première division nationale algérienne. Je me ferait certainement des amis, beaucoup d'amis. Je me ferais de l'argent, beaucoup d'argent. Que pourrais-je faire pour que ma tête soit, demeure tranquille, posée. Je suis irakien, je viens, et reviens de loin. Mon histoire et celle de mon peuple sont connues. au coeur de la guerre, et au moment où mes amis d'enfance apprenaient à poser des mines, je me suis adonné à l'amour du ballon. J'ai appris à domestiquer les moindres de ses contours. J'ai appris à jongler avec une sphère de cuir et avec une sphère, sérieusement mal barrée : la terre.

J'ai à peine vingt ans, il semblerait que j'aurais été repéré par de grands agents, de grands clubs. Savent-ils tous ces messieurs, toutes ces dames, que par dessus mon talent de footballeur, je porte la tragique histoire de mon pays.

Deux fois agressé, deux fois violé par les USA, ce grand champion es-démocratie. Obama, minable héritier d'Abraham Lincoln doit encore jouir dans son oval espace en pensant qu'il a fait avaler la pilule de la justice sociale à tous ceux qui ont applaudit son avènement.

Je rappelle que je m'appelle Kerrar, en arabe mon nom signifie celui qui se répète. Chez moi un groupe qui porte le nom d'état islamique en Irak et au Levant (EIIL) fonce su Bagdad. Il serait à 60 Km de la capitale. Sur leur route, ils ont déjà pris les villes les plus importantes du pays. A 10 000 Km plus loin, des jeunes qui me ressemble, brésilien de naissance ou d'adoption sont rentrés dans une grande colère. Ils ne comprennent pas que ce continent voué tout entier au football accepte de se déculotter pour faire plaisir à la FIFA. Voici donc ce pays, jugé par les agences de notation économique comme pays émergent, et qui finalement a émergé, compte encore des gens qui crèvent de faim. Un peuple qui vit, à l'ombre des cabanes des favelas grâce à la solidarité.

Je m'appelle Mohanned Abdul-Raheem Kerrar, je viens d'être recruté par Hannachi, ce contrat me met à l'abri. Je suis seul. Je me suis mit à l'abri. Qu'en est-il de mon pays menacé par les barbus? Qu'en est-il de la coupe du monde qui se déroule au Brésil?

La JSK pourra-t-elle m'apporter des réponses, tout Kerrar je suis, je ne saurais pas répondre. Ce qui m'importe, c'est arriver à bien jouer au football, à gagner des titres continentaux et internationaux. Ce qui m'importe, c'est que les arbitre arrêtent de faire des bêtises et qu'on donne, à chaque fois, le gain du match aux équipes méritantes.

Je rappelle que je m'appelle Kerrar, que l'année prochaine je serais aligné, si l'entraineur le veut bien dans la ligne d'attaque de la JSK. Je représenterais l'équipe de la Kabylie mais je porterais, certainement, l'Irak au coeur et le Brésil au pied.

Meziane OURAD