Ali Benflis : "Ce plan ne tire aucune leçon des échecs du passé"
Ali Benflis a rendu publique la déclaration suivante.
"Le Gouvernement soumet aujourd’hui un plan d’action à l’Assemblée Populaire Nationale. Ce plan d’action est censé présenter au peuple algérien une vision éclairée, un projet rassembleur et une marche à suivre pour les cinq années à venir. Il est aussi censé ouvrir au pays de nouvelles perspectives politiques, économiques et sociales. Il est censé, enfin, assurer la Nation que l’Etat est bien gouverné, qu’il est à son écoute et qu’il traduit en actes ses demandes et ses attentes.
Le plan d’action du Gouvernement n’accomplit rien de tout cela. Il révèle, s’il en était encore besoin, que le régime en place s’installe dans l’impasse et fonctionne en vase clos. Et de fait le régime s’enfonce dans une crise profonde qu’il a lui-même générée. De même, il s’ingénie à cacher la réalité d’une impasse institutionnelle au lieu de s’employer à en sortir notre pays.
Comment pouvait-il en être autrement ? A travers la soumission d’un plan d’action du Gouvernement à l’Assemblée Populaire Nationale se confirme cette réalité de l’impasse institutionnelle à laquelle notre pays est confronté et dans laquelle le régime en place le maintient envers et contre tout. Cette réalité amère se vérifie à la lumière de trois constats que chacun de nous a la responsabilité d’établir et que le devoir de sincérité et de franchise dû à notre peuple commande qu’ils soient portés à sa connaissance et à son jugement.
Le premier constat est que ce Gouvernement qui soumet un plan d’action est, à tous points de vue, une anomalie institutionnelle. Il n’appartient à aucune catégorie de Gouvernement connus dans le monde. Il n’est pas un Gouvernement émanant d’une majorité parlementaire qui lui confèrerait une base politique et sociale solide et d’où il puiserait une légitimité incontestable. Il n’est pas, non plus, un Gouvernement d’ouverture car toutes les tentatives désespérées du régime en place en ce sens ont essuyé des refus systématiques des forces politiques sollicitées. Il n’est pas, enfin, un Gouvernement de compétences nationales qu’un consensus des forces politiques et sociales aurait choisi comme option dans l’intérêt du pays.
Le Gouvernement n’est rien de tout cela. Il n’est que le produit d’une volonté personnelle sans légitimité confortée par un régime politique complaisant. C’est donc un Gouvernement sans base politique et sociale, sans représentativité et sans légitimité qui présente un plan d’action servant plus les intérêts du régime en place que ceux du peuple algérien tout entier.
Le second constat est que ce Gouvernement sans légitimité présente un plan d’action à une autre institution qui en est, elle aussi, dépourvue.
Le procès en illégitimité de l’Assemblée Populaire Nationale n’a même pas besoin d’être instruit. Il fait l’objet d’un jugement unanime prononcé dès son investiture, il y a deux ans. Bien mieux, même des partis qui y sont représentés réclament sa dissolution au motif de sa non représentativité.
Le troisième constat se rapporte à la valeur morale, politique et légale d’un plan d’action formulé et soumis dans de telles conditions anormales et, pour tout dire, contraire aux exigences les plus élémentaires d’une vie démocratique que notre peuple réclame et que notre pays attend.
Ce plan d’action sacrifie au respect des formes. Il n’a pas pour prétention ou pour ambition de régler les problèmes de fond que l’Algérie connait actuellement. Son souci est ailleurs. Il est dans ces illusions que le régime en place veut donner : que le pays est gouverné alors qu’il ne l’est plus, qu’il a un projet pour le pays alors qu’il n’est guidé que par le sien propre et que le pays avance alors qu’il est maintenu, contraint et forcé, dans l’immobilisme et la stagnation.
Toutes ces données objectives suffiraient à disqualifier le plan d’action du Gouvernement. Mais son contenu ajoute à cette disqualification politique et légale une autre disqualification que lui vaut sa nature qui est celle d’un simple catalogue de vœux pieux et de promesses creuses.
Pour mériter valablement son nom, un Plan d’action devrait trouver sa source dans une vision de l’avenir du pays, son ancrage dans un projet politique mobilisateur et rassembleur et dans des stratégies cohérentes et performantes. Le plan d’action dont il s’agit ne possède aucune de ses caractéristiques indispensables. De surcroit, il n’est bâti sur aucun audit connu et crédible de la situation politique, économique et sociale ni sur des bilans à partir desquels ses propositions et ses projections auraient pu être mesurées, appréciées et jugées. Et comment ne pas relever le manque de sérieux, de précipitation et d’improvisation lorsque l’on se réfère aux délais exceptionnellement courts-cinq jours- impartis à l’élaboration d’un plan d’action pour les cinq années à venir ?
C’est précisément la hâte, le tâtonnement et l’indigence de la réflexion qui expliquent, à eux seuls, le fait que ce plan d’action n’innove pas, se contente de reprendre des engagements anciens non tenus et se réduit à des slogans plus qu’à des mesures concrètes, présentées avec une évaluation de leurs coûts et un échéancier de leur réalisation.
Le plan d’action ne tire aucune leçon des échecs passés et, à défaut de remises en cause salutaires, il persiste dans l’erreur et dans la fuite en avant.
En conséquence, pour les cinq années à venir, ce plan d’action est stérile politiquement, sans rupture avec le modèle rentier économiquement et, socialement, sans perspectives de cohésion et de justice sociale.
Il est la parfaite recette pour l’inaction et l’instrument privilégié de la gestion de l’immobilisme et de la stagnation.
Au total, en ces moments critiques voilà à quoi en est réduit notre pays : un Gouvernement illégitime présente à une Assemblée elle-même en déficit de légitimité un plan d’action qui n’en est pas un."
Alger le 1er juin 2014
Ali Benflis
Commentaires (4) | Réagir ?
MERCI
monsieur Benflis ce que vous decrivez c'est l'Algerie de l'independance à aujourdhui, elle fonctionne come ça à la baraka sans legitimité sans competence du heuf fi el heuf, vous jouez les Tamarbouta ou les Tamakchoufa, c'est ki-kif, rien ne change fi bled, vous avez joué votre role pour reelir la momie c'est fait partez vous servez plus à rien votre blabla c'est du rechaufé grave