L’omniprésence et la croissance des paradis fiscaux sont des phénomènes mondiaux. Des organismes sérieux estiment actuellement que plus de la moitié des transactions financières internationales transite par ces paradis fiscaux. Pour l’Algérie, qui est parmi les 50 pays qui ont enregistré le plus de transferts frauduleux de fonds, c’est 1,5 milliard de dollars qui sortent illégalement chaque année. En Europe, ce serait 1000 milliards d’évasions fiscales. Les pays du Sud se feraient annuellement flouer de 800 milliards d'euros. Au total, les pays en développement auraient perdu plus de 5900 milliards de dollars entre 2002 et 2011. Chose pire, ce phénomène est en croissance. La part d’actifs inscrite dans les paradis fiscaux par les multinationales canadiennes a augmenté de 1500% en 13 ans. Elle est passée de 11 milliards de dollars en 1990 à 170 milliards en 2013. Selon Statistique Canada, en 2012 les riches du pays auraient investi plus de 155 milliards dans les sept plus gros paradis fiscaux. Il n’est donc pas surprenant que le revenu annuel des 100 personnes les plus riches de la planète soit suffisant pour éliminer quatre fois la pauvreté dans le monde.

L’utilisation de ces paradis fiscaux entraîne une diminution de l’assiette fiscale des pays qui sont privés d’une bonne partie des revenus qu’ils pourraient tirer des 1% les plus riches de leur population. Cela signifie plus d’impôts et de taxes pour les 99 % autres qui doivent assumer la facture de la mission sociale de l’État et moins de services publics. Ce sont pourtant des pratiques que tout le monde prétend condamner. La lutte contre les paradis fiscaux était une des priorités de la dernière rencontre du G20. Les combattre est un acte citoyen qui relève de la morale la plus élémentaire.

Il reste deux grandes méthodes de lutte contre ce qui est actuellement la plus grande injustice qui existe sur la planète. La première est par la réglementation. En cela l’élimination du secret bancaire pour les comptes de banque et les transactions internationales serait un atout important. Malheureusement, comme ce sont souvent les dirigeants des pays et leurs amis qui utilisent ces paradis fiscaux, ils sont peu motivés à les faire fermer. On les voit prononcer de grands discours pour calmer la population, mais rarement agir. En cela François Hollande est l’exception qui vient confirmer la règle. Il en paie d’ailleurs le prix et la droite française se réveille la nuit pour le haïr.

La deuxième grande manière de contrer les paradis fiscaux est de les donner en pâture aux «Hacktivistes». Un seul de ces petits génies du clavier pourrait réussir à secouer les bases de ces sociétés malsaines qui, comme la moisissure, ne prospèrent que dans la noirceur. Permettre à de nouveaux «codeurs à gage» de garder une petite partie du magot récupéré serait une bonne pratique. Comme les chasseurs de prime qui ont nettoyé le Far West dans l’ancien temps, des équipes d’Anonymous pourraient ramener la justice dans les finances mondiales.

Michel Gourd