Programme de Bouteflika : comment corriger la politique socio-économique
"La bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance, notre capacité à innover et au sein du grand Maghreb". (A.Mebtoul conférence au parlement européen septembre 2013).
1.- La politique socio-économique depuis l’indépendance politique rentrant dans le cadre du programme de Tripoli a été menée exclusivement par l’Etat avec plusieurs variantes
De 1965 à 1979 avec une orientation exclusive vers l’investissement productif. Celle-ci s’est effectuée autour de l’Etat omniprésent sur l’ensemble du cycle: planification, financement, réalisation de l’investissement et production ; de 1980 à 1990 orientée essentiellement vers les infrastructures BTPH et les activités commerciales ; de1991 à 2000 du fait de la situation particulière qu’a connu l’Algérie avec l’avènement du terrorisme et la cessation de paiement on ne peut à proprement parler de politique de développement mais avec la cessation de paiement des ajustements macro-économiques et macro sociaux extrêmement douloureux du fait des exigences du FMI et de 2000 à 2013 du fait que la demande sociale a été compressée et des destructions massives entre 1990-2000, une politique orientée essentiellement vers les infrastructures ainsi qu’orientée vers le social sans se souciant peu de l’efficacité économique rendue possible grâce au cours élevé es hydrocarbures entre 2004/2013. Paradoxalement, les paramètres macro-économiques de l’Algérie apparaissent aujourd’hui, comme positifs mais éphémère sans réformes structurelles. Tout en évitant une vision négative reconnaissons qu’avec l’importance de la dépense publique les impacts sont loin des potentialités de l’Algérie. Les données officielles de la Banque mondiale comme celles de la Banque d'Algérie permettent d'indiquer que pour la période 2000-2013, 97/98% des exportations sont le fait des hydrocarbures que l'Algérie, calcul réalisé selon les données de la Banque d’Algérie, a exporté 707,250 milliards de dollars et a importé pour 491,200 milliards. Grace à la rente des hydrocarbures, cela a permis des réserves de change qui ont clôturé au 01 janvier 2014 à environ 194 milliards de dollars dont 83-86% sont placées à l’étranger notamment en bons de trésor américains et en obligations européennes. La rentabilité moyenne annuelle a varié entre 4 à 4,5 milliards de dollars par an entre 2011/2013. Grace toujours aux hydrocarbures, la dépense publique a été de 630 milliards de dollars entre 2000/2013 (budget de fonctionnement et d’équipement). Le taux de croissance moyen a été de 3% alors qu’il aurait dû dépasser les 10%. Les 5/6% de taux de croissance des hydrocarbures l’ont été indirectement par la dépense publique via les hydrocarbures à plus de 80% dont le BTPH. Selon des rapports internationaux l’Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires. Ainsi, les tendances relatives aux grands agrégats révèlent une macro-économie sous contrôle relatif fonction des aléas de la rente des hydrocarbures qui représente 97/98% des exportations totales. -La dette est maîtrisée grâce au remboursement par anticipation, moins de 4 milliards de dollars US. La balance commerciale a fortement bénéficié de la remontée des cours des hydrocarbures. Cependant depuis 2010, les importations suivent une tendance haussière, avec un pic pour 2013 55 milliards de dollars auquel il faut ajouter 12 milliards de dollars de services soit 67 milliards de dollars de sortie de devises sans compter le montant de rapatriement des capitaux entre 5/7 milliards de dollars. L’Algérie importe 70% des besoins des ménages et des entreprises qu’elles soient publiques ou privées avec un dépérissement du tissu industriel moins de 5% du produit intérieur brut. L’inflation qui a connu un niveau record en 2012 (8,9% selon les statistiques officielles) est relativement maîtrisée mais compressée artificiellement par les subventions généralisées et non ciblées, (12% du PIB). Encore qu’il faille éclater l’indice de l’ONS, et analyser les liens entre la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales, celui percevant 20.000 dinars par mois net n’ayant pas la même perception de l’inflation que celui qui perçoit 200.000 dinars. Le budget est équilibré de par la stabilisation des dépenses de l’Etat (même si elles restent à une proportion élevée du PIB) et grâce à l’appoint de la fiscalité pétrolière, encore que le budget entre 2015/2017 devrait préfigurer des tensions budgétaires à venir en cas d’une chute du cours des hydrocarbures. Les taux d’intérêt aux entreprises restent par contre élevés malgré la baisse de l’inflation ce qui donne un taux réel trop fort, ce qui reflète en partie la faible efficacité du système bancaire encore dominé par les banques publiques. L’apurement des créances détenues par les banques sur les entreprises publiques s’est traduit par des décaissements importants du Trésor.
2.- L’Algérie tente difficilement sa transition d’une économie publique vers une économie plus libérale à vocation sociale
Le pays a opté au départ pour une économie étatisée. Elle s‘est ouverte à l’économie de marché à partir de la crise de 1986. Toutefois, l’économie algérienne reste encore une économie essentiellement publique. L’héritage socialiste est fortement présent dans la philosophie et les pratiques de la vie économique et sociale et dans celui de la pérennité de l’entreprise publique qui a connu plus de 60 milliards de dollars d’assainissement entre 1971/2013. L’industrie publique est largement obsolète et concentre des pertes totales malgré des assainissements répétés nécessitant sa restructuration et sa modernisation. Les ressources du pays sont significatives mais basées sur des rentes qui contribuent à anesthésier les volontés de changement. En dépit de certaines réformes timides –paradoxe- plus le cours des hydrocarbures est faible plus on ressent le besoin de réformes, et ralentit lorsque le cours est élevé- la production, le commerce, la banque, l’emploi et les prix restent fixés par le gouvernement. La pression démographique rend l’Algérie de plus en plus dépendante des importations qui n’a pas jeté les bases d’un appareil productif capable d’affronter la concurrence internationale. Les différents revenus des rentes ne proviennent pas d’un véritable effort productif des intéressés et conduisent quasi inéluctablement à une mauvaise gestion macro-économique. L’absence de mise en place d’un appareil productif augmente chaque jour davantage les difficultés que rencontrera le pays lorsque la rente tendra vers l’épuisement. Actuellement, les considérations politiques à court terme l’emportent sur les perspectives à long terme. Tant que la majorité de l’électorat tirera ses revenus des emplois dans la fonction publique, de transfert de rente sans contreparties productives, qu’elle pourra bénéficier de services sociaux peu coûteux, les réformes fondamentales n’auront guère de chances de progresser de par l’opposition tant du grand public que de la technostructure censée mettre en œuvre ces changements. Le salaire au sein des branches est déconnecté de la productivité du travail avec la dominance des emplois rente. Les branches qui exportent le plus ne sont pas forcément les plus ouvertes et l’industrie manufacturière même embryonnaire est très tournée vers son marché intérieur. Les investissements directs étrangers hors hydrocarbures et dans les secteurs productifs sont très faibles, les étrangers étant attirés par les marchés publics du BTPH. Excepté les hydrocarbures, de certains segments des télécommunications, de quelques sociétés mixtes, le secteur étranger productif est marginal. Le système bancaire doit faire l’objet d’une profonde restructuration à la suite de l’accumulation de créances douteuses auprès des banques publiques. D’une manière générale, les entreprises privées sont présentes surtout dans le secteur des services avec prédominance du commerce de détail, dans les petites entreprises de BTPH et du secteur manufacturier traditionnel.. Paradoxalement, l’Algérie fait alors massivement appel à l’assistance technique et aux firmes étrangères en même temps qu’elle les encadre dans le cadre de la règle des 49/51% instauré par la loi de finances 2009, généralisée aux banques en 2010, le poste services étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à 12 milliards de dollars fin 2013 (les cerveaux algériens fuient et on fait appel aux compétences étrangères à dix fois parfois le salaire d’un algérien). L’agriculture, tenant compte de la situation semi-aride de l’Algérie- intiment liée à une politique d’économie de l’eau, constitue un réservoir important de main d’œuvre et peut servir en cas de chute du cours des hydrocarbures comme d’amortisseur social tout en diminuant la facture alimentaire assurant une relative autonomie alimentaire n’existant certes pas d’autosatisfaction à 100%. La céréaliculture connait des rendements faibles qui souffrent des difficultés générales de l’économie.
3.- Les politiques économiques menées entre 1963/2013 ont finalement débouché sur l’engrenage une triple dépendance financière, pétrolière et technologique
L’orientation quasi exclusive de l’industrie sur la substitution des produits importés a généré des déperditions et les surcoûts classiques liés à une non-optimisation des capitaux investis. Par ce phénomène, l’Algérie s’est insérée (malgré elle) dans la division internationale du travail comme fournisseur exclusif d’énergie : La configuration autarcique de l’industrie et son caractère politique ont renforcé sa dépendance envers les seuls produits commercialisables avec ses principaux partenaires commerciaux (le brut, puis le gaz). Les exigences de l’outil réalisé ont accru la dépendance à l’égard des cours et des revenus pétroliers, seule source de flux financiers externes. Le lancement de capacités industrielles a nécessité la mise en œuvre de contrats «clés - ou produits en main», avec recours aux techniques étrangères d’où la dépendance technologique (pièces de rechange, maintenance et formation), la multiplicité des processus liés aux différents pays à l’origine des lignes de crédit, des problèmes de propriété industrielle et de licences pour permettre l’évolution des produits, qui en général n’a pas été rénovée, ce qui a creusé l’écart technologique et a favorisé les produits importés. L’industrie souffre d’une faible rentabilité et d’importants surcoûts propres aux économies dirigées. Les systèmes de prix sont souvent déconnectés de la conjoncture économique. Les systèmes d’approvisionnement ou de négociations contractuelles nées du code des marchés publics sont lents et coûteux. La vocation sociale des entreprises s’est allégée mais a fortement imprégné les mentalités. Les systèmes de cooptation des personnels entraînent des sureffectifs et une gestion laxiste. La grande industrie a insuffisamment contribué au développement du tissu industriel et a parfois utilisé son statut public pour croître sans considération pour la réglementation. La plupart des grands complexes ont cherché à tout intégrer non seulement les activités industrielles classiquement sous-traitées, mais aussi des fonctions aisément disponibles sur le marché (nettoyage, gardiennage, restauration…). Ce n’est que sous la pression économique qu’elles ont tardivement externalisé ces activités et parfois avec succès. La faible considération pour l’environnement va générer de graves difficultés pour attirer des groupes internationaux qui connaissent parfaitement l’évolution de la jurisprudence internationale. L’interprétation unilatérale de la réglementation a également généré des abus qui peuvent demain générer des contentieux internationaux comme en témoigne els nombreux litiges dont ceux de Sonatrach à l’international et l’importance de la sphère informelle (propriété intellectuelle)
4.- La gestion du commerce extérieur, héritée du système passé entrave le fonctionnement de l’industrie, y compris à l’exportation
L’objectif de protection de l’industrie naissante a généré une gestion bureaucratique des procédures d’importation qui est devenu un terreau pour de nombreuses pratiques non conformes. L’adhésion de l’Algérie à l’OMC serait un signal fort pour simplifier ce système obsolète mais les habitudes prises ont généré des monopoles lucratifs et puissants qui seront lents à disparaître ou à contourner. Les formalités de contrôle des changes restent encore largement interprétées par le personnel des banques qui garde la nostalgie de la puissance de son rôle de contrôleur. Concernant l’investissement étranger, les multinationales recherchent classiquement des avantages comparatifs pour produire de façon compétitive pour un marché local solvable mais aussi vers un marché régional et/ou mondial, en intégrant leurs capacités commerciales et productives où l’Algérie pourrait trouver des avantages comparatifs. Le modèle à dominance étatique à taux d’intégration verticale élevé va à l’opposé des nouvelles mutations mondiales. Les lourdeurs bureaucratiques (délais de négociation et de mise en place) et l’incertitude juridique (taux douaniers, fiscalité, réglementations) ont encore renforcé l’image d’un marché difficile et fermé, isolant l’Algérie des nouvelles mutations mondiales. Le problème essentiel à résoudre est la mise en place de subventions ciblées budgétarisées par le parlement afin d’éviter des transferts artificiel des bénéfices par les prix de cession visant l’optimisation fiscale vers les lieux fiables et peu imposés, la distorsion de la concurrence, le monopole, source de surcouts. Il y a urgence d’améliorer le système d’information, de favoriser l’accès aux données technologiques et managériales. Car le fait marquant en ce XXIème siècle, est l’internationalisation des économies qui rend obsolètes les systèmes autarciques. La politique menée entre 1980 à nos jours est souvent un dosage voire une oscillation entre libéralisme et interventionnisme excessifs. Dans la plupart des pays, l’Etat a largement réorienté son action. L’impulsion, la coordination dominent désormais les politiques directives ou l’intervention directe dans le processus de production. De maître d’œuvre, l’Etat évolue vers un rôle d’organe de régulation par un certain nombre de leviers dont il reste maître (taux du crédit, taux de change, déficit budgétaire, poids de l’impôt et des services publics…) et de réglementation (commerce, taxes, télécommunications, transports, droit du travail…). La globalisation économique a été impulsée par les multinationales puis par les États ; désormais elle devient un phénomène politique et économique copié par les États eux-mêmes pour les grands secteurs stratégiques. Ce sont les Etats souverains qui signent les accords créant un cadre propice aux échanges (CEE, ASEAN, MERCOSUR). Les organismes supranationaux assurant souvent l’application des règles entre les partenaires. Ainsi, l’OMC, à laquelle veut adhérer l’Algérie est une institution chargée d’appliquer une législation et d’arbitrer les conflits entre les Etats membres par l’intermédiaire de l’ORG (organe de Règlement des Différents). Cela ne saurait signifier la fin du rôle de l’Etat mais un rôle stratégique dans la régulation. La problématique de la mondialisation implique une politique d’ouverture de l’Algérie qui doit aborder les questions sous un autre angle. L’insertion dans l’organisation internationale de l’industrie et des services, est une urgence pour l’Algérie qui ne commence que progressivement (à partir des hydrocarbures) à s‘adapter avec les mesures d’appui nécessaires. La CEE est le premier partenaire et surtout son principal débouché à l’exportation tandis devant tenir compte que les USA (gaz/ pétrole de schiste) représentant environ 15/20% des recettes de Sonatrach seront de rudes concurrents notamment sur le marché européen dès 2017. Pourtant, dans un contexte de ralentissement économique, l’Algérie maintient toutefois son programme de réformes structurelles tout en essayant d’atténuer leur coût social. Dans le cadre de son Accord avec la CEE et éventuellement de son adhésion à l’OMC, l’Algérie est tenu d’ouvrir son champ de coopération multilatérale ce qui devrait renforcer encore les échanges croisés notamment en prenant des engagements sur le démantèlement de ses protections douanières (reportés à horizon 2020 au lieu de 2017) et l’ouverture graduelle de son marché avec notamment : la réduction des quotas à l’importation pour les produits agricoles ; la mise en place d’un taux douanier maximal pour les produits industriels ; un accord sur les technologies de l’information ; la libéralisation du commerce des services et de l’accès au marché des services ; d’ouvrir un champ large de partenariats multilatéraux tant régionaux qu’européens ; de renforcer ses réformes structurelles dont la privatisation et la démonopolisation, dépassant le cadre d’un secteur public hypertrophié par rapport au secteur privé ; de revoir ses normes de gestion, l’Etat algérien dépensant 2 fois plus que la moyenne des pays émergents pour avoir deux fois moins de résultats économiques et sociaux d’Asie ; de lutter contre la sphère informelle représentant plus de 50% de la superficie économique ; le système de droits douaniers conçus comme freins à l'importation avec des montants excessifs doivent être modernisés en fonction de l’adhésion à l’OMC. Actuellement, ils favorisent la fraude et l'économie informelle. Les charges fiscales sont trop importantes et associées à un système fiscal complexe et d'application aléatoire ; la déficience des réseaux de distribution des matières premières, matériaux et/ou pièces de rechange rend impossible la réactivité et la logistique demandée par la sous-traitance internationale ; la faiblesse des infrastructures de services et la difficulté d'acquisition de foncier industriel posent le problème des facilités matérielles à créer de nouvelles activités. ; améliorer l’environnement externe (institutions, infrastructures y compris Restriction des échanges / actions antidumping subventions en fonction de l’intérêt local -télécommunications, compétences humaines, système d’enseignement) et enfin constituer une base de données précise sur les exportations concernant le financement, les garanties de la prospection et des opérations.
5.- Les filières les plus dynamiques sont dérivées des hydrocarbures mais malheureusement sont fortement capitalistiques
Les produits en progression mondiale sont ceux qui tirent la croissance des pays convergents. Sur les dérivés du gaz, l’Algérie dispose d’un potentiel très fort attesté par des ACR exceptionnels : gaz naturel et certains dérivés de la pétrochimie (historiquement les engrais) ; -chimie de synthèse de base (notamment l’ammoniac et l’acide nitrique à partir du reforming du gaz). Les autres produits en progression mondiale sur lesquels l’Algérie peut se positionner sont l’agroalimentaire. Les activités les plus dynamiques sont à la fois capitalistiques et ne génèrent que peu d’emplois. Sur ce point, le secteur privé semble à la fois le plus dynamique tout en générant de meilleures performances au niveau des ratios de base (CA et VA/ salarié). Les intentions d’investissement sont par ailleurs cohérentes avec les rentabilités enregistrées sur les différentes branches ; de ce fait il s’agit de renforcer la sous-traitance ou associations avec les grands groupes ; de participer aux chaînes d’approvisionnement mis en place par les multinationales (concept de ‘’supply chain’’) ; de renforcer la structure financière et humaine des petites entreprises ; augmenter les parts de marché par le renforcement des positions géographiques, d’améliorer l’efficacité des importations et attirer les investissements à forte valeur ajoutée ; de mettre en place une relation proportionnelle entre les investissements étrangers et le marché intérieur ; pour accroitre la compétitivité internationale, accroitre les dépenses en recherche /développement ; renforcer les entreprises pilotes, améliorer les capacités des PME (gestion de bases, incitations en matière d’implantation, promotion des réseaux d’entreprises) ; améliorer les fonctions de l’entreprise, les infrastructures contribuant à la chaîne logistique ; supprimer les systèmes bureaucratiques de contrôle au profit de suivis à posteriori et informatisés tendant vers la simplification des formulaires ; de prévoir des modes de financement appropriés, comme les garanties de la prospection et des opérations de petite taille ; d’encourager toute forme d’investissement productif étranger par la mise en place de systèmes d’assurance-garantie contre le risque économique ; enfin de promouvoir et renforcer la collaboration RD, avec des avantages fiscaux ( appui à la recherche-développement -achat de technologies, amélioration de l’appui institutionnel (collaboration universités/ secteur public/ entreprises privées). Aussi, l’Algérie doit investir dans des segments au sein de filières internationalisées pour avoir des avantages comparatifs. Les choix de développement des filières doivent être cohérents avec les tendances lourdes internationales. Les tendances incontournables à l’internationalisation des économies tendent à reléguer au second plan les politiques et contrôles nationaux au profit d’espaces économiques régionaux (CEE) ou mondiaux (OMC), d’où l’importance de l’intégration du grand Maghreb. La libre circulation des produits génère une hyper-compétitivité qui demande une réallocation rapide des ressources à l’échelle régionale et mondiale. Le maintien abusif de filières non compétitives équivaut à une subvention indirecte mais surtout, en empêchant une optimisation des capitaux investis, pénalise l’avenir des filières les plus dynamiques. Les analyses du commerce international, sur une période longue, montrent que les branches industrielles ont un cycle de vie analogue aux produits industriels, cependant plus complexe. Les pays ‘’convergents’’ (qui ont rattrapé le niveau de vie du groupe des anciens pays industrialisés) sont ceux qui ont renforcé leurs avantages sur les produits dynamiques. La productivité apparente du capital (valeur ajoutée par unité de capital installé) baisse dans tous les pays ce qui est cohérent avec le cycle économique actuel et les technologies qui ont généré de la surcapacité. Il faut donc examiner d’autres paramètres qui expliquent la productivité globale des facteurs de production (part de la croissance qui ne s’explique pas par la progression du stock de capital et de travail mais par l’immatériel). L’utilisation des statistiques du commerce international permet de révéler les caractéristiques des tissus industriels. Elles permettent de dégager la structure de spécialisation d’un pays, notamment sa capacité d’insertion internationale. Cette méthode des ‘’Avantages Comparatifs Révélés’’ (ACR) mesure la compétitivité à moyen-long terme d’un secteur d’activité. Les analyses montrent que les entreprises privées sont un terrain de plus grand dynamisme économique que les entreprises publiques car elles s’ajustent plus rapidement au marché et font une meilleure allocation des ressources. Leur poids dans l’économie est un facteur indicatif d’adaptation important. Les choix de développement des filières doivent coller avec la structure socio-économique et culturelle du pays. La forte démographie a généré un fort accroissement de la population algérienne, allant vers 50 millions d’habitants horizon 2030 (39 millions d’habitants au 01 janvier 2014). Les emplois créés dans le secteur lourd à forte intensité de capital coûtent entre 4 et 10 fois plus que dans une PMI. Ceci résulte en une industrie peu créatrice d’emplois dans un pays à forte croissance démographique. La dépendance technologique propre à l’outil industriel existant ne peut plus s’accorder de l’absence d’ouverture du capital vers les groupes internationaux et du contrôle rigide du commerce extérieur. Pour les entreprises privées, les performances sont encore freinées par le savoir-faire entrepreneurial limité mais aussi par la difficulté d'accès aux technologies modernes et par des normes de qualité obsolètes. En plus de la mobilisation de l’épargne domestique (faible bancarisation) où tout se traite en cash avec l’importance de la sphère informelle contrôlant 40/50% de la masse monétaire en circulation, l’on doit mettre en place des réseaux pour une meilleure attractivité du pays aux IDE ainsi qu’aux fonds de la communauté émigré Ceci devrait être géré par le système bancaire qui reste à moderniser car il ne dispose d'aucun des outils permettant de favoriser l'équipement, donc le développement de l'entreprise (par exemple : crédit-bail, escompte des traites, nantissement des marchés publics, etc…). Le poids historique de la lourdeur bureaucratique caractérise l’ensemble des organismes qui interviennent dans le cycle de la vie de l’entreprise est une entrave constante au fonctionnement efficient de celle-ci. Leur disparition ne sera que progressive. Ceci est probablement aggravé par un système judiciaire lent, peu transparent et non adapté à une économie moderne.
6.- Conclusion : corriger de l’actuelle politique
Les résultats de l’actuelle politique sont désormais nettement perceptibles sur plusieurs aspects stratégiques de l’économie algérienne. Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose. Beaucoup de réalisations mais des insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. Le succès d’une opération sera largement tributaire d’une nette volonté politique d’accélérer les réformes devant reposer sur un Etat de Droit et l’approfondissement de la démocratie. Or, le comportement actuel est de type "semi-rentier" et ne recherche pas la réforme en profondeur de l’économie. La rente pétrolière génère plusieurs effets pervers de l’économie à son seul profit, ce qui renforce encore davantage la monoculture énergétique du pays. La facilité d’importation des biens alimentaires et des produits manufacturés sont rendus artificiellement moins coûteux. La diffusion du "syndrome hollandais" dans l’industrie nationale a drainée ses ressources au profit des hydrocarbures. L’utilisation de la manne pétrolière a différé la vraie restructuration des entreprises qui reportent leurs problèmes économiques sur les banques, puis sur le Trésor public. La dépendance technologique s’accentue avec le choix de solutions de facilité (produit ou bien clés en main). Ce système par croissance externe demande des capacités fortes de management que l’Algérie ne possède pas encore et donc ne lui permet pas de maîtriser seule son propre modèle de développement. Aussi, l’important est la spécialisation non pas dans les branches (vision dépassée) mais dans la dynamique des produits. Par ailleurs, comme j’ai eu à le souligner lors de la conférence que j’ai donnée au parlement européen (Bruxelles 2013), la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance, notre capacité à innover et au sein du grand Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités Expert International
Commentaires (7) | Réagir ?
merci
Cela fait vraiment rire!le programme de Bouteftef!comme s'il était sorti d'une prestigieuse université occidentale, lui qui a passé toute sa chienne de vie dans le hammam maure que tenait sa maman à Oujda et qui servait de lieu de rendez vous aux révolutionnaires des boites de nuits de Nador, Tanger Oujda et Tunis!avec Boussouf, Boukharouba et toute la vermine arabo baathiste qui a tenu le pays d'Abane en otage depuis 1962, et placés par Degaulle!