Ali Benflis : "L'Algérie est confrontée à une crise de régime"
Au cours de la conférence de presse du Pôle des Forces du changement, Ali Benflis a fait déclaration-diagnostic sur les dérives du régime des Bouteflika. Il a notamment souligné les dangers qui guettent l'Algérie si la paralysie économico-politique persiste.
Mesdames et Messieurs,
Au nom de mes amis et collègues membres du Pôle des Forces du Changement, je sous souhaite la bienvenue parmi nous. Nous sommes heureux de vous rencontrer, aujourd’hui, pour vous apporter les réponses ou les éclaircissements quant au Pôle et sa place dans l’espace politique national ou sur tout autre sujet se rapportant à sa vocation et à ses objectifs.
Le Pôle des Forces du Changement est né d’une idée, d’un engagement et d’une finalité.
· L’idée c’est que l’heure du changement est venue car l’état critique du pays l’exige et que le peuple algérien le réclame. La stagnation et l’immobilisme ne sont plus permis car ils n’ont produit que l’accumulation des retards politiques, économiques et sociaux que l’Algérie de ce début de siècle ne peut se permettre.
· L’engagement c’est celui d’apporter une contribution, d’être partie prenante et d’être une partie agissante dans l’ouverture d’une dynamique de changement en Algérie. Tout autour de nous, le monde change et les mutations s’y accélèrent. Notre pays ne peut rester indéfiniment à l’écart de ce mouvement sans risquer la marginalisation voire même l’exclusion.
Dans notre pays même, des mutations similaires sont en train de s’opérer de manière silencieuse et imperceptible. Nous ne pouvons pas rester insensibles ou sourds aux messages et aux interpellations qu’elles nous adressent.
· La finalité c’est le changement démocratique ordonné, apaisé et consensuel. Seul un changement de cette nature peut éviter à notre pays les heurts et les ruptures que nous avons le devoir le lui éviter et que nous pouvons lui éviter.
C’est sur cette idée, sur cet engagement et sur cette finalité que le Pôle des Forces du Changement s’est constitué et c’est de là qu’il puise les objectifs qu’il s’assigne. Au sein de ce Pôle, trois facteurs primordiaux nous unissent : un même diagnostic de la crise à laquelle notre pays est confronté, une même vision de son règlement effectif et une même conception du cadre idoine dans lequel ce règlement devrait intervenir. Notre diagnostic commun de la crise est que celle-ci n’est pas une crise constitutionnelle mais une crise de régime. Une crise de régime apparait dès lors que dans un pays donné les institutions perdent leur légitimité ou bien cessent d’assumer leurs missions constitutionnelles. Dans le cas de l’Algérie nous avons à faire aux deux situations en même temps.
En conséquence, si je peux le dire en d’autres termes, l’Algérie est confrontée à une crise du régime et à une crise dans le régime. Je dis bien : une crise du régime et une crise dans le régime. Une crise du régime dans la mesure où c’est une crise du pouvoir personnel et autoritaire qui gouverne le pays. Une crise dans le régime dans la mesure où ce régime n’est même plus capable de fonctionner selon ses propres normes et sa propre logique.
· Notre vision commune de son règlement se fonde sur notre conviction que le règlement d’une crise de cette nature passe par le traitement de ses sources et de ses causes véritables. En plus clair, cela signifie que la solution à la crise politique et la sortie de l’impasse institutionnelle commandent impérativement un retour à la légitimité des institutions et à leur remise en position d’assumer pleinement leurs missions constitutionnelles.
En effet l’Algérie a aujourd’hui un besoin vital d’institutions légitimes et d’institutions qui fonctionnent. Le nœud du problème est là et c’est ce nœud qu’il convient de trancher. Au regard de cette problématique centrale tout le reste est secondaire et périphérique.
· Notre conception commune du cadre de règlement approprié de cette crise est que de par sa nature, de par son ampleur et de par sa complexité, celle-ci exige l’ouverture et l’aménagement d’un processus politique global. L’on peut appeler ce processus politique global : pacte national, entente nationale ou phase de transition, cela relève de la forme. L’important est dans le fond, et sur le fond, il est clair que l’Algérie ne pourra pas reporter indéfiniment l’ouverture du débat politique sur la nature du pouvoir, de la légitimité des gouvernants et du fonctionnement des institutions. L’ouverture d’un tel débat presse car chaque jour qui passe exacerbe la crise de régime que nous vivons, en approfondi les contradictions et la rend plus difficile à résoudre.
Mesdames et Messieurs,
Le Pôle des Forces du Changement possède son diagnostic de la crise politique ; il a une vision claire des composantes nécessaires de son règlement ; il propose un cadre qu’il pense adapter à un tel règlement. Dans de telles conditions, sa réaction aux propositions de révision constitutionnelle ne pouvait ni surprendre ni être inattendue. Cette initiative se trompe sur toute la ligne : elle se trompe sur la nature de la crise ; elle se trompe sur la solution à lui apporter ; et elle se trompe sur la démarche requise pour la traiter.
· La proposition de révision constitutionnelle se trompe sur la nature de la crise car elle la réduit à des imperfections de la Constitution qu’il s’agit de corriger où à des failles mineures qu’il s’agit de combler. Pareil diagnostic est manifestement erroné. Mon long parcours d’homme de droit et de loi m’a depuis longtemps appris qu’il ne suffit pas qu’une constitution consacre une option donnée pour que celle-ci se matérialise dans la réalité des faits. Un grand fossé peut séparer le texte de la réalité.
Le mal- et c’est un mal profond- dont souffre notre pays n’est pas dans sa Constitution. Il est dans ce que l’on en fait.
Avant d’être une affaire de textes- fussent-ils la Constitution ou les lois- la démocratie est d’abord une culture, une mentalité et une conviction. Elle est ensuite une affaire de pratiques et de comportements dictés par cette culture, cette mentalité et cette conviction. Si un régime politique et dépourvu de foi démocratique, la meilleure Constitution du monde ne pourra rien y changer.
Que conclure de cela sinon ceci : à l’heure actuelle, ce n’est pas un débat sur l’ordre constitutionnel que la situation sensible que vit notre pays commande mais bel et bien un autre débat, d’une autre envergure, sur la nature du régime politique souhaité pour notre pays et acceptable pour notre peuple.
· Les propositions de révision constitutionnelle se trompent aussi sur les composantes indispensables de tout règlement de cette crise.
Et de fait, les auteurs de cette initiative ont leurs arrière-pensées, leurs intentions inavouées et leurs calculs particuliers qu’ils cachent soigneusement au peuple algérien. L’initiative constitutionnelle se garde bien d’ouvrir le débat sur la nature du régime politique, sur le déficit démocratique à combler, sur l’Etat de droit, sur la bonne gouvernance et sur la légitimité et le fonctionnement des institutions.
Le régime politique en place a sa logique propre qui est différente de la nôtre. Sa logique n’est pas celle de réformes politiques à engager au plus tôt mais celles d’un sursis à gagner à tout prix.
Sa logique n’est non plus celle d’un Etat à mieux gouverner mais celle d’un régime à sauver.
Sa logique n’est pas, enfin, celle d’une adhésion au changement mais celle d’une volonté de le différer ou de l’empêcher.
Les propositions de révision constitutionnelle ne sont conçues et formulées que dans un seul et même but : tenter de clore le chapitre de la légitimité et du fonctionnement des institutions de la République pour permettre au régime en place de retourner à la gestion d’un statu quo qui n’arrange et ne sert que ses intérêts propres.
· Les propositions de révision constitutionnelle se trompent, enfin, sur le cadre approprié de traitement de la crise politique
Le régime politique en place est cause de la crise et il entend être le seul acteur de son règlement. Il a sa propre lecture de la situation politique que vit le pays, et entend l’imposer aux autres ; il parle d’amélioration et d’enrichissement alors que les autres réclament, à bon droit, le changement ; il n’offre que des rôles de caution et de bénédiction à ceux qui revendiquent le droit d’être artisans et acteurs dans une véritable entreprise de réforme et de changement. Ce cadre que le régime en place a érigé unilatéralement et dont il a, à sa discrétion, posé les limites et déterminé les règles n’est manifestement pas le cadre indiqué pour un traitement concerté et consensuel de la crise politique et de l’impasse institutionnelle que notre pays connait.
Mesdames et messieurs,
Arrivé à ce stade de ma déclaration liminaire, j suis certain que beaucoup d’entre vous sont avides de connaitre le cours de l’évolution de la situation, aussi vais-je me hasarder à esquisser quelques pistes même si je n’ignore rien de la difficulté de cette tache du fait que les situations dans notre pays peuvent évoluer en dehors de toute rationalité.
· Mon premier pronostic est que le régime en place a acquis une solide expertise dans le passage en force. En conséquence, il s’emploiera à faire passer en force son initiative avec l’appui des forces politiques et sociales qui gravitent dans son orbite.
Il aura ainsi sa Constitution mais elle ne sera pas celle de la République. Ce faisant, il prendra la responsabilité de la division au sujet de la Loi suprême de la République qui se doit d’être, par essence, consensuelle et rassembleuse.
· Mon second pronostic est que cette initiative ne règlera rien d’essentiel dans la crise politique actuelle : la nature du régime politique algérien de même que la problématique de la légitimité et du fonctionnement des institutions resteront inchangées et demeureront posées dans les mêmes termes.
· Mon troisième pronostic est que cette initiative constitutionnelle et la manière avec laquelle elle finira par être imposée agiront comme un facteur d’exacerbation et non d’apaisement de la crise actuelle.
· Mon quatrième et dernier pronostic est qu’avec le temps l’imposition de cette révision constitutionnelle apparaitra comme une victoire à la Pyrrhus pour le régime en place. Celui-ci pourra crier victoire après son adoption. Mais l’euphorie passée et les limites de cette initiative atteintes, l’ouverture d’un processus politique global de règlement de la crise actuelle n’en deviendra que plus urgent et plus impératif.
Ali Benflis
Commentaires (13) | Réagir ?
Le grand problème de l Algérie est l arabo islamisme !c est lui qui a détruit le pays d Abane!
L'armée Algérienne est dans un "merdier" monstrueux, que seul l'incompétence de son état major Bouteflikiste ne peut évaluer à sa juste et térrible réalité, cela on l'a déja dit à plusieurs reprises.
D'abord, bravo pour la dépopularisation rampante de l'armée si Fakhamatouhou grace à votre cadeau empoisonné de réduire le service national à 12 mois, les effectifs pour assurer un peu l'immensité du territoire et de ses frontiéres énormes ne saurait etre en deça de 900 000 militaires... Cela vous ya fakhamatouhou, votre Gaid Salah et beaucoup d'autres le savent depuis longtemps, alors que vous jouez au "Colmatage bricologe" de vos frontiéres avec au grand maximum 300 000 militaires, soit le tiers du minimun requis. Bien sur vos milliards de dollars ont la préfence de gros contrats militaires juteux et forts suspects sur l'opérationalité des équipements choisis.... La menace est au sud de l'algérie, et ces milliards pour une marine qui ne peut résister à une force 8 en haute mer, et ces déqulinquants navires de débarquement nommés pompeusement en "task force" c'est pour débarquer sur les cotes sahéliennes ou les rivages lybiens à défaut marocains.
Franchement du n'importe quoi, vous etes aussi périmés messieurs de l'état major militaire que votre gourou bienfaiteur si Abdellaziz Bouteflika.
Et votre renseignement militaire et autres services spéciaux sont ils vraiment à la hauteur des défis nouveaux mais mortels? Réduction drastique du budget du DRS actuel, régionalisme déclaré officiellement par vos changements innoportums des différents structures et de leurs commandements de ce meme DRS, préférence libidinale pour la police inutile et fortement budgétivore, alors que vous Bouteflika vous n'avez jamais eu la moindre expérience militaire meme du temps ou vous étiez à oujda.
Ya si Benflis, abdellaziz Bouteflika a bien déclaré : "Al Kaaba rabi yahmiha", tout a été dit en ce jour si Benflis, alors que vous étiez directeur de son cabinet à al Mouradia. Pis, que cela Bouteflika est venu d'abord pour faire la guerre aux militaires par esprit revanchard, en utilisant trois pétoires :
&LA RESTAURATION DE L'INTEGRISME ISLAMISTE ET SON ADULTERIN le FIS, d'actualité dans la prochaine connerie constitutionnelle.
&L'accaparemment et le controle des finances algériennes et de sa rente pétroliere placée sournoisement et dans l'opacité ailleurs en occident.
&L'utilisation d'ONG et autres lobbies pour promouvoir le "qui tu qui" ou les francais et sa DGSE (trés présente dans l'entourage bouteflikiste") l'ont énormément médiatisé, ne manquant que la menace directe de tout foutre à un autre foutoir appellé/Tribunal pénal international, que meme les USA ne reconnaissent pas.
Alors si Benflis tout cela vous le saviez, et, hop, un obscure général Boualem Madi trés proche de Gaid Salah, porte parole de l'état major pas de l'armée (car il faut savoir saisir la nuance) se trouve dans l'expression "Franche" (mon oeil oui hummm.... ?) qui semble vous ravir si Benflis.
Eh bien non, l'armée et son état major sont dans le merdier, le DRS s'absente et tant mieux pour lui, et, Fakhamatouhou voit l'incendie ravageur de ses phantasmes et de son clan, venir d'ailleurs.
Alors ou est le probléme, si à nos frontiéres la situation est grave, oui, grave pour qui? Le peuple n'a rien à glaner depuis 1962, par contre le pouvoir et ses orbites complices dans votre opposition ont peur, et, oui la peur change de camp encore une fois (dixit un ancienchef de gouvernement dans les années 1994), , alors ou est votre probléme avec cette sortie médiatique.
Donc, finalement c'est à un terrier de liévres plutot qu'à une puissance régionale stabilisée que nous avons affaire, et qui s'appelle le Makhzen Bouteflikiste.
Autrement personne ne lévera le petit doigt cette fois ci, meme pas les militaires, alors en quoi serions nous (autres indigénes de l'algérie dite indépendante) interessés ou obligés, partager avec nous vos milliards et là nous serons tous la muraille ou le rempart de l'Algérie.
Au plaisir de vous voir tous mordre la poussiére à nos frontiéres, et, sans aucune rancune ou haine, mais avec jouissance bande de "pleutres" civils ou militaires.