Maroc: de lourdes condamnations prononcées contre de militants pro-réformes
Onze militants du mouvement pro-réformes du 20-Février arrêtés début avril lors d'une manifestation à Casablanca ont été condamnés jeudi à des peines allant jusqu'à un an de prison ferme.
Poursuivis pour organisation d'une manifestation non autorisée et violences envers des fonctionnaires de police, cinq d'entre eux ont écopé d'un an de prison ferme. Le tribunal correctionnel d'Aïn Sebaa, dans la banlieue de Casablanca, en a condamné quatre autres à six mois ferme, sur la base des mêmes charges. Enfin, les deux derniers ont écopé de deux mois avec sursis.
Les neuf principaux prévenus devront en outre verser des dédommagements à hauteur de 50.000 dirhams au total (environ 4.500 euros) à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), qui s'était constituée partie civile.
A l'annonce du jugement, plusieurs mères se sont effondrées en pleurs à même le sol, a constaté le correspondant de l'AFP sur place. Les 11 militants avaient été interpellés le 6 avril durant une marche nationale ayant rassemblé 10.000 personnes à Casablanca à l'appel de trois des principaux syndicats du royaume, pour protester contre la politique du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Les versions divergent sur l'incident: des ONG affirment que le groupe de militants a été arrêté après avoir scandé des slogans contre le régime dans son ensemble, tandis qu'une source policière a affirmé à l'AFP que cinq membres des forces de l'ordre avaient été blessés après avoir été pris à partie.
Comparution du 'rappeur du 20-Février'
Peu après l'annonce des sentences, le procès du rappeur Mouad Belghawat, considéré comme le chanteur du mouvement du 20-Février, s'est ouvert devant le même tribunal d'Aïn Sebaa, en présence de représentants d'ONG.
Agé de 26 ans, Lhaqed (le rancunier, son surnom) avait été inculpé la veille pour ébriété sur la voie publique, atteinte à agent des forces de l'ordre, insultes et vente de billets au marché noir, en marge d'un match de football entre le Raja Casablanca et Tétouan dimanche.
Devant la cour, le chanteur a rejeté l'ensemble des accusations, mais sa demande de remise en liberté provisoire a été rejetée, et la prochaine audience fixée au 29 mai.
Lhaqed, lauréat du prix de l'intégrité 2012 de l'ONG Transparency Maroc, est écroué à la prison d'Oukacha, où il avait déjà purgé une peine d'un an --jusqu'en mars 2013-- après sa condamnation pour outrage à la police, liée à la diffusion d'un clip sur Youtube. Il lui avait notamment été reproché d'avoir eu recours à un photo-montage d'un policier dont la tête avait été remplacée par celle d'un âne.
Né durant le printemps arabe, le 20-Février réclame des réformes sociales et politiques profondes, mais ses activités ont décliné au cours de l'année écoulée, les militants dénonçant une répression à leur égard. Les autorités affirment, elles, que l'essentiel des revendications ont été satisfaites avec l'adoption à l'été 2011 d'une nouvelle Constitution, à l'initiative du roi.
AFP
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