Yémen: des groupes d'Al Qaida attaquent le palais présidentiel

La violence s'est intensifiée au Yémen depuis la lancement le 29 avril d'une offensive contre le réseau extrémiste
La violence s'est intensifiée au Yémen depuis la lancement le 29 avril d'une offensive contre le réseau extrémiste

Une attaque sans précédent attribuée à Al-Qaïda a visé vendredi soir le palais présidentiel au Yémen, où le ministre de la Défense a échappé à un attentat.

Ces attaques interviennent alors que l'armée mène une offensive d'envergure contre le réseau dans le sud et que le chef militaire d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), Qassem al-Rimi, a récemment menacé de représailles les autorités, accusées de faciliter les attaques de drones américains contre son groupe.

Cinq militaires ont été tués dans l'assaut contre un point de contrôle situé à quelques 700 mètres du palais présidentiel à Sanaa, et qui en commande l'accès. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi ne se trouvait pas au moment de l'attaque au palais, qu'il utilise pour tenir ses réunions pendant la journée et non comme résidence.

Selon un responsable des services de sécurité yéménite, l'attaque a été suivie par des échanges de tirs qui ont duré plus de vingt minutes entre la garde présidentielle et les assaillants qui ont capturé plusieurs gardes. La violence s'est intensifiée au Yémen depuis la lancement le 29 avril d'une offensive contre le réseau extrémiste et les Etats-Unis ont annoncé la fermeture "jusqu'à nouvel ordre" de leur ambassade au public.

Vendredi matin, le ministre de la Défense Mohamed Nasser Ahmad, qui supervise l'offensive dans le sud, a échappé à une embuscade attribuée à Al-Qaïda. Des hommes armés ont ouvert le feu sur un convoi qui transportait le ministre, le chef du renseignement Ali Hassan al-Ahmadi et celui de la police militaire Awad Majwar al-Awlaqi, de retour d'un déplacement à Abyane pour évaluer les avancées de l'offensive contre Al-Qaïda, a-t-on appris de source militaire.

Déjà jeudi soir, les forces de sécurité avaient tué lors d'un accrochage près du palais présidentiel à Sanaa Mohamed Saïd al-Chabwani, présenté par les autorités comme "l'un des membres d'Al-Qaïda les plus dangereux et les plus recherchés".

Il était aussi "l'un des chefs du réseau (...) impliqué dans l'enlèvement et l'assassinat de policiers et de ressortissants étrangers", selon les autorités. Ces multiples accrochages interviennent alors que l'armée affirme avoir infligé de lourdes pertes à Al-Qaïda dans le cadre de son offensive visant à déloger le réseau de ses bastions des provinces de Chabwa et d'Abyane (sud). Aqpa, bien implanté dans le sud et l'est du Yémen, est considéré comme la plus dangereuse des branches du réseau par les Etats-Unis, principal allié du Yémen dans la lutte antiterroriste.

"Enormes pertes"

"Ces énormes pertes vont pousser Al-Qaïda à commettre des actes hystériques et désespérés, en mobilisant ses partisans et ses cellules dormantes pour s'en prendre aux officiers de la police et de l'armée", a averti le ministère de l'Intérieur.

Dans la capitale vendredi, un attentat à la bombe avait blessé onze policiers. Les autorités ont également annoncé vendredi avoir abattu un Saoudien et un Daguestanais, membres présumés d'Al-Qaïda, dans la province de Chabwa, et arrêté deux Français d'origine tunisienne, également soupçonnés d'appartenir au réseau, qui s'apprêtaient à quitter le territoire.

Mercredi déjà, les forces de sécurité avaient annoncé avoir abattu Waël Abdallah Massoud al-Waëli, le chef "d'une cellule terroriste", responsable du meurtre d'un Français lundi à Sanaa. Et le ministère de l'Intérieur avait annoncé l'arrestation de "cinq terroristes d'Al-Qaïda" à Sanaa.

Ambassades visées

Jeudi soir, l'ambassade d'Arabie saoudite a essuyé des tirs, et la multiplication des actes de violence a conduit les Etats-Unis à annoncer cette semaine la fermeture "jusqu'à nouvel ordre" de leur ambassade au public.

Contrairement aux représentations des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne, installées dans le nord de Sanaa, l'ambassade saoudienne est située dans le sud de la capitale, théâtre ces derniers mois d'attaques armées et de rapts visant diplomates ou ressortissants étrangers.

Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique où la population est fortement armée, est touché par une violence endémique, qui cible notamment ses installations pétrolières, le privant d'une part importante de ses recettes.

Cette semaine encore, un important oléoduc de l'est du pays a été saboté par des hommes armés, provoquant une interruption du pompage du brut. Les insurgés d'Aqpa sont en outre régulièrement visés par des attaques menées par des drones américains, dont l'usage a été défendu par le président Abd Rabbo Mansour Hadi en personne.

AFP

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