Bouteflika IV : l’échec recommencé d’une clique au pouvoir
En ce jour triste du 17 avril 2014, notre pays vient d’entrer dans le Guinness des records.
En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, on assiste à une élection «démocratique» d’un président qui n’a pas adressé un seul mot à son peuple depuis deux ans et qui est obligé de se déplacer sur un fauteuil roulant. Cette prouesse ne provient pas d’une gouvernance hors du commun, mais d’un lavage de cerveau à l’aide de plusieurs moyens. Le perdant de cette mascarade électorale est l’Algérie et non pas les cinq autres candidats ayant participé.
Après cette «victoire» des adeptes du statu quo, les partisans du changement (les votants, comme les abstentionnistes) ne doivent guère se décourager, mais au contraire se mobiliser afin d’arracher le pays à la médiocrité. Pour cela, nous devons identifier les voies et moyens pour y arriver ainsi que les méthodes utilisées par le pouvoir pour «triompher».
Les facteurs de la victoire des adversaires du changement sont, semble-t-il, l’abrutissement, la peur du chaos, l’utilisation des moyens de l’État, l’argent sale.
L’abêtissement du peuple algérien débuta en 1962, lorsque le «clan d’Oujda» s’empara du pouvoir en évinçant les vrais dirigeants (GPRA). Même certains noms ainsi que la photo des six chefs historiques du 1er Novembre furent interdits pour ne pas faire de l’ombre aux nouveaux maîtres. Le 5 octobre 1988 est venu mettre fin à l’oppression des partisans de la pensée unique. Mais des «malins» avaient détourné la démocratie en utilisant notre religion à leur profit : ce fut le début de la terrible décennie. En 1999, M. Bouteflika est revenu au pouvoir avec des réflexes révolus : pendant dix ans, aucun nouveau parti politique n’est agréé et ceux qui existaient furent muselés ; il accapara, à lui seul, l’ENTV au point que certains d’entre nous croyaient qu’il y habitait. Il instaura le culte de la personnalité jusqu’à ce que des personnes le prennent pour un messie. D’ailleurs, certains de ses ministres affirment, sans rire, que si l’Algérie est au Mondial c’est grâce à lui, notre Président est l’auteur de l’élévation des cours pétroliers, de même qu’il est à l’origine de l’abondance des pluies…
Durant cette mascarade électorale, l’argument principal du clan présidentiel est la "stabilité", autrement dit le statu quo. La paralysie. Pour terroriser les populations, encore traumatisées par les années de larmes et de sang, on agite le retour de la violence en disant : "C’est nous ou le chaos".
Depuis son premier mandat, le Président donnait l’impression d’avoir privatisé l’État au point d’entendre des gens dire : "Bouteflika construit des autoroutes, donne des logements et des crédits ANSEJ, etc.". Pourtant, un président de la République n’est que le gestionnaire des deniers de la collectivité et à ce titre, il doit rendre des comptes à ceux qui l’ont élu : après tout, l’Algérie n’est pas une colonie ni une monarchie. Avant et durant la campagne électorale, les moyens de l’État furent abondamment utilisés afin de promouvoir le candidat-président.
En sus des moyens de la collectivité, l’argent sale des nouveaux nantis envahit la scène politique sans retenue. Des sommes faramineuses sont débloquées afin de supporter le candidat absent par l’achat des consciences, l’affichage anarchique, et surtout l’intrusion des chaînes de télévision privées dans le paysage médiatique. Certaines d’entre elles s’en sont honteusement distinguées en diffamant un concurrent jusqu’au jour du scrutin. Ce malheureux candidat fut qualifié de "régionaliste" et de "terroriste", tout en «révélant» des détails sur sa vie privée. De tels comportements déshonorent le journalisme algérien et l’image de l’Algérie. Mais comme les patrons de ces chaînes font partie de la «famille», ils ne sont guère iniquités.
Ce n’est pas avec de tels comportements que l’on bâtit l’État démocratique et social, rêvé par nos martyrs. Les compatriotes aux commandes du pays semblent grisés par les avantages que leur procure l’exercice du pouvoir ainsi qu’à leur famille. Pour cela, ils emploient n’importe quel moyen pour conserver leurs privilèges au détriment des intérêts supérieurs de la collectivité. Ce comportement est l’apanage des États voyous qui ne convient guère à notre nation, car il mènera notre pays à l’effondrement.
Pour mettre fin à cette déplorable déchéance, les Algériens conscients de cet état de fait doivent se mobiliser afin d’empêcher notre pays de tomber dans l’abîme, dès l‘épuisement des revenus pétroliers. Ceux qui savent cela, mais demeurent passifs seront jugés par Dieu et l’histoire pour non-assistance à leur peuple en danger. Les gens au pouvoir ne sont forts que par nos propres faiblesses. Celles-ci s’appellent défaitisme, peur, égoïsme et surtout égocentrisme : la cause du «zaïmisme» (leadership). En effet, le plus grand adversaire est notre ego qui est responsable de notre désunion, car chacun d’entre nous croit détenir seul la solution. Autrement, qui empêche les partisans du changement de se rencontrer pour chercher, ensemble, les voies et moyens qui placeront notre pays sur le chemin du progrès ?
Boudjema Tirchi
Commentaires (2) | Réagir ?
Juste. Et là on arrive au fond. Faut-il remonter, ou faut-il, comme l'a dit si bien dit Fellag, creuser pour aller plus au fond encore (vers plus de ténèbres) ? Je pense qu'on va creuser un peu... et ce n'est plus de l'humour !!
W. S
@ M. Terchi, "Pour mettre fin à cette déplorable déchéance, les Algériens conscients de cet état de fait doivent se mobiliser afin d’empêcher notre pays de tomber dans l’abîme, dès l‘épuisement des revenus pétroliers. Ceux qui savent cela, mais demeurent passifs seront jugés par Dieu et l’histoire pour non-assistance à leur peuple en danger. Les gens au pouvoir ne sont forts que par nos propres faiblesses. "
Très juste. Il est vrai que nous avions une opportunité inespérée et longtemps attendue, une sorte d'obsession tenace à nous libérer de toutes ses figures sales avec leur argent arrogant et sale aussi, puisque puisé dans les fonds de nos richesses nationales, au détriment de ses propriétaires authentiques qui eux sont algériens de souche et non pas ces combattants, illustres inconnus aux origines suspectes. Cette engeance a pris notre terre, notre drapeau et notre culture aussi, elle en a fait ce que nous vivons aujourd'hui ; une ruine sur tous les plans, politique, sociale, économique et surtout culturel. Notre société a été transformée, sa façon de penser aussi, nous singeons une société de consommation avec 98 % du produit de notre pétrole pour nous nourrir, nous vêtir, nous loger et nous transporter. Ces voitures rutilantes sont acquises sans aucune logique propre à un état soucieux de son développement. L'argent du pétrole sert à enrichir une caste qui demain s'envolera ailleurs avec son butin pour laisser les miséreux s'entre-tuer. Mais enfin de quelle complicité jouit cette engeance pour que sa rapine et sa prédation perdurent ainsi ? Là est la question ! Avons-nous une digue patriotique capable de parer à un probable tsunami ? Ou alors faudrait-il abandonner et se résoudre à laisser notre Titanic aller vers l'iceberg sans réagir ? Sommes nous morts ou tout simplement inconscients ?