Le Conseil constitutionnel légalise le coup d’Etat
En acceptant le dossier de candidature de M. Abdelaziz Bouteflika en dépit de son état de santé détérioré notoirement connu, le Conseil constitutionnel vient de commettre, une fois de plus, une faute lourde de conséquences pour le pays.
Par Smaïl Saïdani (*)
Le Conseil constitutionnel, dont la mission cardinale est la validation des dossiers de candidatures ne pouvait se prévaloir d’aucune excuse valable. Pourquoi ce qui a été valable dans certains cas lorsque des dossiers furent rejetés sans coup férir ne l’est pas aujourd’hui ? La fonction du Conseil constitutionnel est-elle au service d'un Etat ou bien d'un pharaon ?
En validant cette candidature, le conseil présidé par un ancien ministre «pas suffisamment intelligent» selon ses propres propos, est regrettable à plusieurs titres. La réalité est que le Conseil Constitutionnel aurait dû prononcer l’état d’empêchement et non pas permettre à un homme invalidé par la maladie de se porter candidat à la présidence ; fonction à l’évidence, impossible pour lui d’assumer.
En fait, qu’est-ce que l’empêchement ?
- Dans son sens politique, le mot empêchement désigne une mesure, votée par un parlement ou un jugement décidé par une juridiction spéciale, visant à destituer ou suspendre un chef d’État ou une haute personnalité du pouvoir exécutif.
- En Algérie, l’article 88 de la constitution stipule expressément "qu’en cas de maladie grave et durable, le président peut être suspendu de ses activités pendant une durée de 45 jours. Et s’il n’est pas apte à reprendre sa fonction à la fin de ce délai, l’état de vacance est alors déclaré".
Dans son sens commun, l’empêchement c’est une impossibilité d’agir, une difficulté ou encore un obstacle à surmonter. Dans pareil cas, le Conseil constitutionnel chargé de faire respecter la bonne exécution du texte fondamental de la République était dans l'obligation de mettre en pratique la procédure d’empêchement devenue apparente depuis le jour de l’admission du président à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce; le premier bilan médical annonçant un AVC, avec tout ce que cette maladie comporte comme risques sur la bonne gouvernance du pays.
D'ailleurs, depuis le jour de son transfert à l’hôpital, Bouteflika ne s’est plus rendu à la présidence à El Mouradia, n’a plus adressé un seul mot au peuple, n'a plus accrédité un seul ambassadeur etc ? Plus grave encore, durant sa convalescence aux Invalides à Paris, on voulait à tous prix flouer le peuple avec ces images muettes lors des visites du Premier ministre et du chef d’état-major, s’autorisant à traiter "nous a-t-on fait croire" des dossiers relevant de la souveraineté nationale. N'y avait-il pas là péril pour les secrets de l’Etat algérien ?
Le mépris !
La crise politique générée par la maladie du président, la déclaration tragi-comique de sa candidature par celui sensé représenter la neutralité eu égard à son rang de président de la commission nationale des élections et non moins premier des ministres, ont mis à nue les carences et les contradictions d’un pouvoir finissant, vieillissant, totalement déphasé et déconnecté de la réalité quotidienne, chevauchant à contre courant l’histoire, s’accrochant vaille que vaille aux fastes et avantages matériels que lui procure la fonction, usant et abusant tant pour lui qu’au profit des copains et des coquins de l’argent public considéré comme un butin de guerre. Cette arrogance, le pouvoir bouteflikien la démontre chaque jour que Dieu fait. Méprisant les Algériens, il avait inauguré son règne par cette phrase assassine : "vous êtes des nains" qu’il avait balancé aux Kabyles. Depuis quelques mois, aux insultes et blasphèmes succèdent mépris et arrogances tant par le nouveau "Ibn Batouta" que par les ministres et autres valets du Palais. Tandis que l'un insulte nos parents "morts et vivants", le ministre des affaires religieuses s’en prend à la tenue vestimentaire des femmes, alors que leur chef eu confondu les versets coraniques avec des poèmes. Enfin, on ne peut oublier le "cherdhimas" jeté à la face de nos jeunes du Sud, et encore moins le "Chaoui, hacha rezk rani". Et qu’on ne nous dise surtout pas qu’il s’agit de lapsus !
Pourquoi se gêner avec la légalité ?!
Au lieu d’être le gardien du temple, le Conseil constitutionnel version Bouteflika n’est qu’un rouage du système de mainmise sur l’Etat et de la négation du droit et de la démocratie. Bien sûr, il y a bien des précédents.
Monsieur Tayeb Belaïz par exemple, s’était illustré par la validation express, "des élections législatives de mai 2012" avant la consolidation des données détaillées au niveau des commissions de wilayas, transformant le Conseil constitutionnel en simple chambre d’enregistrement.
Dans le fond, que fallait-il attendre d’un Conseil dont la composante provient essentiellement du clan présidentiel et/ou de ses appareils "FLN-RND" dont la devise porte le sceau "immobilisme-asservissement" au système bouteflikien, la validation de la candidature du "Pharaon", considérée quelques mois auparavant par M. Medelci lui-même comme "une blague" ? Même le colonel Bencherif, pourtant ami et proche du clan, vient de dénoncer cette candidature avec fracas en déclarant que "le Président est handicapé, incapable de marcher, ni de parler, qu’il est complètement inconscient et qu’un AVC ne pardonne pas, ses séquelles sont irréversibles".
En des termes acerbes, il tancera le président du Conseil constitutionnel : "Honte à vous Monsieur Medelci !". Après ce constat fait par un ami du président, qui considère que le pouvoir est squatté par la mafia politico-financière, il y a les propos tenus par le "gendarme" colonel Bencharif affirmant "l’atteinte à la sureté de l’Etat", confirmant ainsi la thèse défendue par Jil Jadid, qui s’est dès "l’annonce anticonstitutionnelle" de Bouteflika s’est retiré dignement refusant de cautionner ce dénie à la Nation. Une candidature que notre parti considère à juste titre comme un "coup d’Etat" que vient de confirmer publiquement un officier supérieur de la Gendarmerie nationale. Les cris et chuchotements qui parviennent des quatre coins du pays et de la diaspora, s’associent sur un seul point : le 17 avril 2014 sera une date "noire" pouvant fatalement entrainer le pays dans une zone de turbulence.
Que tous ceux et toutes celles qui se sont inscrit dans ce registre d’allégeance contre nature "candidat incapable", disons leur ceci : devant Dieu et devant l’histoire, vous en porterez l’entière responsabilité.
S. S.
(*) Secrétaire National Jil Jadid
Commentaires (7) | Réagir ?
"Devant Dieu et devant l’histoire, vous en porterez l’entière responsabilité. "
Devant Dieu quel Dieu RabDZAIR probablement !
Devant l'histoire tout court.
Notre situation est à mettre en paralléle avec la crise de 1962 où Tlemcen est devenue l'espace d'un moment la capitale Bis de l'Algérie. Sauf que cette fois ci le pouvoir ISSU DE TLEMCEN a mis à Alger des gens issus de la même région, de la même daïra, du même douar aux postes clés : Intérieur, Justice, Conseil Constitutionnel, Présidence de la Commission des Magistrats chargée de la surveillance de la présidentielle, Dgsn. Rien que pour cela les "tenants" de cet abject régionalisme délivrent un message : Nous sommes là et Poussez avec eux (Ahna Houna wa dezzou M3ahoum).
Tout cela sans parler de la vasalisation de l'état major de l'ANP commandée par un vieillard de 80 ans (impensable) aux ordres du clan et soumis car corrompu à milliards ; la preuve étant donnée (devant Dieu et ses créatures) à Annaba où même les services de police assurent H24 la protection des biens familiaux gérés par ladescendance GAID ; sans parler des richesses accumulées entre un aprés midi et le coucher du soleil (3achiyatine Wa Dhouhaha).
Le reste (Apn, Sénat,..).... on n'en parle même pas car issus de la fraude généralisée, grassement payé, largement corrompu.... ils ne peuvent faire autrement que se taire pour appuyer ensuite un 4eme mandat.