Algérie : les possibles développements
Actuellement, ce n’est certainement pas le régime algérien uniquement qui est en danger, mais aussi la société algérienne entièrement.
Scénario 1 : Si les élections sont perturbées et qu’un chaos s’ensuit, il est fort possible que le régime tombe, mais alors, en raison du désordre qui se poursuivra, et les responsables politico-militaires et les simples citoyens en subiront les conséquences. Les plus fortunés parmi ces responsables quitteront l’Algérie et trouveront refuge, comme Ben Ali, chez leurs amis dictateurs, particulièrement au Proche-Orient. Ils survivront certes, mais la peur quotidienne dans le ventre. Pour les autres, ils seront coincés en Algérie et subiront la vindicte populaire, comme Al Kadhafi. Quant au peuple, il souffrira des conséquences de la déchirure due à 50 ans de politique de division et de manipulation menée par le système ; une véritable guerre entre des Algériens de différentes ethnies, de différentes religions, de différentes régions, ou même de différentes classes sociales, est inévitable. Les motifs peuvent être des rendements de compte, des intentions de sécession ou de l’accaparement du pouvoir. Mort et désolation règneront longtemps et cette situation servira d’alibi aux impérialistes d’intervenir sous le masque humanitaire afin de mettre main-basse sur ce qui reste de nos richesses.
Scénario 2 : Si les élections se déroulent dans le calme et que le candidat contesté du pouvoir, à savoir Bouteflika, les remporte, ce sera la confrontation violente entre les partisans du changement et les partisans du statu quo et le pays subira les mêmes conséquences que ceux décrites dans le premier scenario.
Scenario 3 : Si les élections se déroulent dans le calme et que le candidat alternatif du pouvoir, à savoir Benflis, les remporte, miroitant au peuple un changement, l’Algérie évitera certes le chaos, mais le système mafieux restera encore en place pour des années, ce qui signifie que le pays souffrira davantage de la corruption, de la dilapidation et des détournements des deniers publics, de la bureaucratie, de la dépendance économique, de la pauvreté, de l’injustice et d’autres fléaux qui découlent de la gestion mafieuse des affaires du pays par les présents responsables.
Solution :
Empêcher le déroulement des élections peut mener au chaos. Boycotter les élections fera gagner l’un des candidats du régime. Voter à blanc légitimera les élections et leur issue qui ne sera que favorable au régime. Ne reste alors qu’une solution : laisser passer normalement les élections et commencer, dès la fin du serment du « nouveau » président, une révolte populaire pacifique pour le changement du système. Si les manifestations sont bien encadrées et bien protégées des infiltrations et si les services de sécurité s’empêchent de commettre des gageures, aucun incident qui puisse dégénérer la situation n’aura lieu. Ce sera le début d’un processus de changement hautement civilisé.
Et la suite ?
Si les responsables du régime se montrent raisonnables et coopératifs, ils accepteront de négocier avec les représentants de la société civile sur la méthode, les conditions et les moyens qui garantiront un changement doux du système. Mais d’abord quel type de système prendra alors la place de l’actuel système ? Sans entrer dans trop de détails, le monde a connu plusieurs systèmes politiques : système féodal, système totalitaire, système autocratique, système monarchique, système théocratique, système démocratique, etc.
Dès l’indépendance déjà, un système totalitaire s’est mis en place en Algérie. Puis en 1988, suite à l’effondrement du bloc socialiste, le régime algérien s’ouvre légèrement sans pour autant céder et se transformer complètement. Ensuite viennent les élections de 92 qui ont failli apporter un changement de système. Mais il aurait été un changement inutile, car on allait passer d’un système totalitaire à un système théocratique qui, en plus d’être rétrograde, n’est pas moins agressif et liberticide. C’était donc le retour en arrière. Depuis, l’Algérie est l’otage d’un système totalitaire apparemment ouvert, mais pratiquement fermé.
Quel système politique doit-on choisir alors ? Le système politique idéal est la démocratie. Mais là encore, il y a un problème. Dans une démocratie, la minorité doit se soumettre au choix de la majorité. En pays développés où les gens sont académiquement bien éduqués et politiquement bien cultivés, les choix électoraux sont très souvent bien réfléchis et indépendants, ce qui ne permet de promouvoir aux hautes sphères du pouvoir que des responsables compétents et respectueux des principes de la démocratie. Mais qu’en est-il de l’Algérie où la majorité du peuple est quasi-ignorante et politiquement inculte ? Il va de soi, le choix ne peut être ni bien étudié, ni conscient, ni libre. D’où le risque d’élire des gouvernants non seulement incompétents, mais aussi anti-démocratiques, comme en 92.
Pour parer à un tel risque et en attendant que les Algériens s’imprègnent des valeurs démocratiques à long terme, une période pré-démocratique est nécessaire. Dans cette phase transitoire, des experts, des politiciens et des intellectuels algériens de toutes les régions se réuniront en un groupe large mais limité pour rédiger une constitution consensuelle qu’ils soumettront ensuite à débat national à titre d’information et d’enrichissement. Une fois la constitution finalisée, un gouvernement consensuel sera mis en place et sera prêt à entamer sa mission. C’est là où la société civile, encadrée par les militants du gouvernement de transition, doit intervenir pour réclamer ou imposer le changement de système.
Djaffar Messaoudi
Références :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_formes_de_gouvernements
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_politique
- http://www.r-c-r.org/spip.php?article44
Commentaires (7) | Réagir ?
En politique, les choses n'évoluent pas d'une maniére mécanique, et il arrive souvent que des faits insignifiants bouleversent toutes les analyses et les stratégies les plus pointus. Lhistore de l'hummanité pillulent d'exemples.
Il faut arreter de se voiler la face. Depuis la viol de la constitution de 2008, dans l'indifférence totale, au sens propre du mot, les peuplades, un peuple respectable n'aurait jamais accepté cette humiliation, de ce pays ont signé leurs actes de dècès. Il faut désormais parler de l'Algérie au passé. J'espère me tromper.