Pourquoi Ouyahia nous ment (2)
Dans cette joyeuse compagnie de légionnaires du quatrième mandat qui se retrouve autour d’un homme impotent, Ahmed Ouyahia a donc le rôle du bonimenteur, talent précieux en ces temps de grande esbroufe nationale où l’enjeu, rappelons-le, consiste à persuader 40 millions d’êtres humains normalement constitués, de placer leur avenir entre les mains d’un vieillard hémiplégique, aphasique et dépourvu de lucidité.
Par Mohamed Benchicou
C’est dire que la mission de l’ancien Premier ministre n’est pas une sinécure, d’autant plus qu’il est manifestement chargé d’exercer ses aptitudes à la fois pour le compte de la hiérarchie militaire qu’il a pour mission de blanchir et pour celui du président-candidat qu’il a pour tâche de faire élire. Fort de ses états de service de grand intendant de la République, il nous assure que «les généraux n’ont jamais fabriqué les présidents en Algérie», qu’en conséquence le candidat Bouteflika est un candidat tout à fait indépendant, que son bilan est excellent et que notre chance est de l’avoir encore pour cinq autres années comme gouverneur en chef à partir d’un lit d’hôpital. Du reste, nous dit-il, sur les 600 milliards de dollars dépensés pendant 15 ans, 370 milliards ont couvert les importations de l’Algérie.
Malheureusement pour lui, l’ancien Premier ministre fait partie de ces hommes qui n’ont pas suffisamment de mémoire pour réussir dans le mensonge. En 2007, le même Ouyahia déplorait que l'Algérie soit "livrée aux mafias" (1). En 2014, il minimise volontairement les chiffres : Bouteflika n’a pas dépensé 370 milliards de dollars en achats à l’étranger, mais près de 700 milliards, selon les chiffres de la Banque d’Algérie ! Entre le premier et le quatrième mandat de Bouteflika, dans un marché économiquement dérégulé, où l’on ne produit presque rien car presque tout est importé, même de la tomate concentrée en provenance… d’Arabie saoudite, les importations ont été multipliées par presque sept, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à près de 70 milliards de dollars à fin 2013 !
Mais le plus grave est ailleurs : ce que ne dit pas Ahmed Ouyahia, c’est que cette faramineuse cagnotte a servi à enrichir un cartel d’importateurs qui, en retour, constitue la base forte de Bouteflika et militera jusqu’au dernier souffle pour sa reconduction. Ce sont eux qui dirigent le FLN dont ils ont acheté les principaux postes de responsabilité. (1) Ce sont eux qui imposent leur mode de gouvernement et leurs stratégies économiques (économie d’importation au détriment de l’investissement national, économie informelle au détriment de la production nationale etc.) Ouyahia le sait : c’est ce lobby qui a démantelé la production nationale durant ces 15 dernières années. Le taux de dépendance des hydrocarbures n’a pas évolué d’un iota en 15 ans ! Ce que ne dit pas Ouyahia, c’est que le chef de l'État, dans sa politique de maintien au pouvoir, a délibérément promu la mafia de l'économie parasitaire. Avec la pègre pétrolière mondiale, celle-là qui est au cœur du scandale de BRC et qui, aujourd’hui, fait la une en Italie avec l’affaire Saipem, les hommes de cette mafia parasitaire forment la seconde mâchoire qui étrangle l'économie algérienne. (1)
Ce n’est pas la première fois que l’homme nous prend pour des cornichons. Ahmed Ouyahia fait partie de ces esprits moyens qui croient pouvoir duper leur monde par un subtil usage de chiffres savants, de principes érodés et d’indignation surfaite. Ce que ne dit pas Ouyahia, c’est que l’Algérie n’est plus en mesure de créer un seul emploi du fait de l'abandon de l’investissement et de l'option en faveur de l’économie parasitaire. C’est pourtant lui, Ahmed Ouyahia, alors secrétaire général du Rassemblement démocratique national, qui nous a appris cela en octobre 2007, en déclarant publiquement : «Le gouvernement Belkhadem a cédé devant les groupes de pression et a offert le pays aux lobbies et aux mafias»(1).
Devant quels lobbies Belkhadem aurait-il cédé ? Ahmed Ouyahia en citait quatre : le lobby des banques étrangères, notamment françaises, en abrogeant la circulaire de 2004 qui interdit aux entreprises publiques de déposer leur argent dans des banques privées ; le lobby des trabendistes et des seigneurs du marché informel en supprimant l’obligation de recours au chèque pour toute transaction au montant supérieur à 50 000 dinars ; la mafia du sable en annulant l’interdiction d’extraction de sable des oueds ; la mafia des importateurs en abrogeant l’obligation pour les sociétés d’importation d’avoir un capital minimum de 20 millions de dinars.
«À quoi bon augmenter les salaires quand on arrête d’investir et de produire ? Il ne suffit pas d’augmenter les salaires. Faudrait-il encore créer des richesses et ouvrir le champ de l’investissement !»
C'était il y a à peine plus de six ans...
1. Lire à ce propos l’article paru dans L’Expression du lundi 30 janvier 2012, quotidien devenu, entre-temps, un des thuriféraires du pouvoir. «Le pouvoir de l'argent menace les rouages de l'État et ses institutions. Il les gangrène de l'intérieur et de l'extérieur. Les lobbies financiers au bras long en sont responsables. Ces sentences ont été même établies aussi bien par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, que par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. Ainsi, Ahmed Ouyahia admet, en janvier 2011, que l'État est impuissant face aux barons de tout bord. En octobre 2007, M.Ouyahia parlait déjà de la «démission de l'État devant les mafias et les lobbies» et accusait le gouvernement Belkhadem d'avoir « cédé devant les groupes de pression et offert le pays aux lobbies et aux mafias». Selon le Premier ministre, ce sont les mêmes lobbies de trabendistes, des seigneurs du marché informel, et la mafia des importateurs qui ont déjoué l'obligation du recours au chèque pour toute transaction au montant supérieur à 500.000 dinars, par la voie de réseaux infiltrés dans l'administration. A cela s'ajoute également le forcing exercé, des semaines durant au sein de l'Assemblée nationale, par certains députés exerçant dans l'importation de la friperie, pour rejeter le projet de loi interdisant l'introduction de ces produits. L'ivresse de la notoriété et des fortunes mal acquises empêche de penser au pays et au citoyen qui a voté pour lui.
M. B.
Lire le 1e article : Pourquoi Ouyahia nous ment (1)
Commentaires (8) | Réagir ?
Nuance si vous permettez: Ouyahia ne nous ment pas, il croit que nous croyons ce qu'il essaie de nous servir comme "vérité".
La nuance est de taille et comment! Nous mentir serait un moindre mal, mais croire que nous croyons c'est nous prendre pour des demeurés si vous voulez.
Avec ses "Baraka Allahou Fik" à destination des deux interwieuveurs passeurs de couleuvres, il adoptait une posture de "prof" face à des pré-puberts.
Est-ce si grave? Eh bien oui, et mille fois oui. Car nous mentir serait (quelque part) un signe de panique ou en tout cas de doute de la part du sieur Ouyahia (awar yahia n'challah en kabyle!), mais croire que nous pouvons, sans le moindre esprit critique, avaler ses couleuvres c'est très grave! Un ex opposant était passé par là avec son "... je me suis trompé de société... "
L'echec du clan d'oudja doit etre ferine par les masses populaire. Et c'est l'occasion ou jamais!
- L'Algerien a perdu totalemtn confiance en son Etat/Nation
- L'algerien ne travaille plus
- L'Algerien sait que le clan du pouvoir est un clan de mafieux, qui font tout en cachette et totalemeent le contraire de ce qui est declaré comme etant l'Algerie officielle.
- L'Algerien a pris conscience qu'il ya 2 Algeries:
1- La principauté du Club des pins, ou l'Algerie du pouvoir
2- L'Algerie du people asservi
- L'Algerien est sur le point d'etre converti a la loi suivante: Tu voles, Ils volent, je vole.
- La Nomenklatura du pouvoir n'est pas prete a ceder sa place.
Une guerre entre les 2 Algeries qui n'a pas encore de nom risque de se dessiner a l'horizon.
Ce sera un peu la continuation de "7 SNIN BARAKAT" dtant du mois 1962, qui prends forme de plus en plus.