Le tueur dans le cimetière

Il va tous nous enterrer grâce au Val-de-Grâce.
Il va tous nous enterrer grâce au Val-de-Grâce.

Quand en 1999 on a cru l’avoir élu en Superman pour écraser l’hydre terroriste, on était loin de penser que nous étions déjà à l’époque des bovidés bien manipulés. Il faut remonter le temps à 1980 pour admirer Spartacus en bouffon.

L’année où en Kabylie après une conférence interdite sur nos ancêtres les Berbères, le peuple a envahi la rue clamant son droit à honorer la langue des aïeux dans la République Algérienne Démocratique et Populaire indépendante depuis 18 printemps. Chadli, l’Arabe, devenait pompier et Mammeri, le Berbère, pyromane. La question est toujours posée : comment faire du feu avec des cendres alors que le ver est déjà dans le cœur de l’homme disait Camus ? Le bouffon ne fait plus rire et Mammeri n’est plus qu’un vieux souvenir. Pour preuve les soubresauts des terroristes ne s’éloignent jamais de l’endroit où le scandale a jailli. Malgré notre troublant pedigree, remercions les pays du Golfe pour nous avoir envoyé le Raïs qu’il nous fallait. Bouteflika, on l’a rêvé et on l’a eu tel un cadeau à la poste où seule l’honnêteté du facteur est garantie. Avec lui, le terrorisme a été éradiqué, la Voix officielle l’affirme et on est convaincu que l’hydre s’est calmée, refoulée, réorientée. Comme les leaders du FIS et de ses bras armés, l’Omniprésent a les mêmes heureuses affinités : le Qatar et l’Arabie Saoudite. L’ami de mon ennemi n’est pas forcément un ennemi sinon comment réussir à l’amadouer, le retourner ? Même Sarkozy, d’après la presse française, a été obligé d’offrir le Mondial à la naine Doha sous 50 degrés à l’ombre en échange de l’or de ses émirs sans oublier le bonus du zéro-attentat sur le sol bleu-blanc-rouge tant que durera la lune de miel.

Pauvres Algériens, pauvres Français, tous dans l’indigénat new look. Sans complexe, la main gauche peut gifler la joue droite et l’obliger à la caresser. Nous sommes nous les Algériens une peuplade sans histoire sans Histoire comme l’a dit le moins doué au verbe de nos Caïds : Chadli. Nous sommes ces dociles bâtards qu’aucune famille ne veut adopter, mais que toutes tiennent à l’œil. Bernard Lewis écrit : «Les musulmans ne se voient pas comme une nation divisée en groupes religieux, mais comme une religion divisée en nations.» C’est que nos aïeux les X ont dressé leur gourbi aux bons endroits et pour les Arabes l’enfant illégitime a autant d’importance que le cafard. Après l’éradication des gazelles et de tous nos animaux protégés, les chasseurs du Golfe trouveront toujours des proies chez nous… On croyait naïvement qu’on allait l’enterrer en gommant toutes nos rancunes comme avec Boumediene Chadli Ben Bella et prier pour qu’il aille rejoindre les houris fissa, mais apparemment c’est lui qui va nous enterrer. Il nous survivra grâce au Val-de-Grâce. Le plus démoralisant c’est que même ses fervents opposants insistent sur son incapacité physique de gouverner non sur sa capacité au bluff, sur sa capacité de nuisance. Depuis qu’il est là, le pétrole flambe et notre malheur et déshonneur avec lui. 10% de jeunes malades mentaux d’après la presse tolérée. Quand on voit la manipulation des chiffres par paresse par tactique par pénurie d’experts combien de jeunes et moins jeunes sont atteints ? Où trouver un fonctionnaire sans bakchich en occupant la 105e place sur 107 des pays les plus corrompus ? Logiquement, il devait partir après son second mandat comme il est venu avec la seule volonté des Protecteurs, mais il est là bien portant avec sa Constitution sur mesure et les 1000 bras du système pour le soutenir sans oublier l’argent sacrifié des générations à venir. Ce qui ne passe pas, ce qui nous rend si malheureux si dépressifs si suicidaires si nuls, ce n’est pas leur abyssale goinfrerie, mais leur méprisante ironie. Ils se moquent de nous. C’est la volonté du peuple, c’est au nom du peuple, c’est le choix du peuple, c’est le peuple qui décide etc. Mais qui est le peuple ? Où est le peuple ? Il y a eux, la masse des zombies et entredeux quelques dizaines de traîtres harkis vendus à l’ennemi, les barakatis avec leurs barakats ! C’est important, ils ne disent pas dégage, mais tu es malade, vas te soigner, va te reposer, c’est lourd tu sais le pouvoir… ; un vrai amour filial ! Les Algériens qu’on assimile à des sauvages des névrosés des tueurs en série se réveillent brusquement les mains nues et toute compassion envers leurs bourreaux. Traumatisés, ils ne veulent plus d’une autre décennie noire comme s’ils avaient le pouvoir de vouloir encore moins de décider. Un jour, ils ont été tirés en tremblant de leur lit avec des bombes dans les bus dans les souks… Des voyous qui tapaient dans le porte-monnaie de leur sœur ou leur mère pour une cigarette un café s’ils ne devenaient pas carrément pickpockets spécialisés dans le sac des femmes reconvertis en visiteurs nocturnes prêts à égorger leur propre mère si leur gourou le leur demandait, d es racketteurs à tous les quartiers, des listes noires sur les murs des mosquées, de la terreur qui a duré ce que dure un génocide : quelques années le temps de tuer le maximum de vermine avec des armes de pros. Même les coffres-forts de Doha et Riad ont des dimensions limitées.

Comme le premier pays de la planète, les USA, ruiné en Irak et en Afghanistan, deux piètres pays qui importent leurs armes avec des tonnes de pétrole d’opium et zéro gramme de matière grise. À ce point-là on peut se dire que l’Amérique a vraiment été piégée par ses deux potes wahhabites : le Qatar et l’Arabie Saoudite. Il parait que même Obama a failli subir l’Impeachment grâce aux magouilles de l’ex-émir qatari, Morsli et Hamas via une entente avec Israël pour céder aux Palestiniens 40% du Sinaï et que les Services de Renseignements russes et algériens ont joué les tayabates du hammam auprès de l’Oncle Sam pour prouver les liens incestueux entre Al Qaida et Doha avec l’attaque de l’ambassade américaine en Libye commérant le 11 septembre.(1) Mais le dindon de la farce, Obama qui a avoué avoir dépensé 25 milliards de dollars pour obtenir la baraka des cheikhs d’Al Azhar, a pris depuis sa revanche. On comprend mieux l’audace et le sourire serein d’Al Sissi. «Il y a deux choses qu’adorent les démocrates : se faire insulter et se faire escroquer.» (Revel) Heureusement les loups se dévorent entre eux après avoir digéré tous les moutons.

Aujourd’hui, on nous dit que tout le monde nous surveille veut notre perte comme si on avait quelque chose à perdre. Notre liberté ? Notre indépendance ? Notre école ? Nos prix Nobel ? Notre industrie ? Notre sécurité ? Notre dignité ? Notre armée ? Nos repentis ? Nos terroristes ? Notre système baraka ? Notre système baraka qui a fait de l’armée algérienne la mieux équipée d’Afrique et du monde arabe et sans doute de beaucoup d’autres. D’après le quotidien israélien Haaretz repris par almanar.com, on importe même d’Israël : systèmes radar, écrans cockpit, systèmes électroniques…) Nous avons même acquis pour le combat urbain «Terminator» truffé d’armes et de «sésames» à qui rien n’échappe sur les trois axes terre mer et ciel, le redoutable BMPT qui a servi à mater la Tchétchénie. Sans oublier ces hélicoptères flambant neufs qui sillonnent le ciel et martyrisent nos fragiles tympans pas pour sauver les parias d’une inondation d’un séisme, d’un accident de la route, mais pour protéger les « dieux » en déplacement afin de braser du vent et gaver les fans pour un vote bidon. Protéger contre qui ? Contre la menace terroriste toujours, c’est qu’elle n’est pas totalement éradiquée. On a beau les éliminer ils en naissent de plus en plus chaque jour. Même si une femme sur deux arrive à décrocher un mari, c’est le boom des bébés, d’après l’ONS (2) à doubler la population tous les 25 ans. Plus d’un million de naissances prévues en 2014. Rebelote l’après 1962. Ouf rendons grâce à la sage solitude de nos femmes célibataires. C’est les femmes mariées qui ont le droit de faire les enfants en Algérie au rythme de leur arrière…-arrière- grands-mères seulement ces dernières en faisaient une douzaine pour récupérer un ou deux des griffes des maladies moyenâgeuses. C’est pourtant à la baisse du nombre d’enfants qu’on attribue l’évolution de la condition féminine. L’algérienne qui a mis le tchador sans la menace d’un Khomeiny fait plus d’enfants que l’Iranienne. C’est que pour vaincre l’ennui, le marasme quotidien l’insécurité et malgré les pénuries de vaccins de médicaments fiables de gynécologues de pédiatres de maternités de cliniques hôtels 5 étoiles, on enfante à gogo quitte à les voir crever à les voir muer en terroristes à les voir fuir. Démographie suicidaire et tout le monde s’en fout seul compte le Vieux l’Omnisauveur.

En 2039 on sera aussi nombreux que les Egyptiens dont le seul souci aujourd’hui est de nourrir toutes les bouches en attendant la réconciliation avec les Frères. On imagine mal Misr disparaitre ou simplement déstabiliser par autre chose que la densité de sa population et son incapacité de pourvoir à ses besoins. On est loin du Japon avec ses caisses vides sa dette faramineuse pour demeurer malgré tout un géant, loin de la Chine qui a toujours su nourrir sans razzia depuis la nuit des temps le plus grand nombre d’humains sur terre. D’après Daniel Lefeuvre (3) à partir de 1945, l’Algérie française s’enfonçait déjà dans le néant à cause des ressources locales qui stagnaient depuis 1930 et une population qui augmentait de 2,5 à 3 % à partir de 1945 à cause de l’efficacité du corps médical. Il affirmait que la France «tutrice bienfaitrice» payait les écarts en se ruinant : 20% de son budget. Comment l’Algérie fera face demain sans pétrole à cette démographie galopante, déroutante.

Déjà aujourd’hui l’Algérien est sous-alimenté en tout sauf en aliments toxiques fabriqués dans des laboratoires asiatiques direction l’Afrique. Dépourvus de rente, la Tunisie le Maroc et l’Egypte offrent à leurs habitants plus de viande de poisson de poulet que la radine et trop riche Algérie. Si chaque général engloutit un mouton par jour, on comprend que ce rituel royal du méchoui oblige les esclaves à se rabattre sur la viande congelée avec zéro traçabilité et fortement aromatisée par les coupures de l’électricité de Son-el-gaz, la bien-nommée. Aucun rapace ne se pose la question, l’important c’est que l’Omniprécieux règne jusqu’à l’élixir des dernières gouttes du pétrole. Que les bougnoules se reproduisent comme des lapins avec l’assurance de l’imam que chaque nouveau-né arrive avec ses biens célestes collés au cordon ombilical. S’ils survivent, ils serviront de chair à canon aux djihads sans frontières. L’eau manque et le pétrole ne se boit pas encore, que sera l’avenir avec l’impasse du nombre ? Bien sûr, la photo de «Barakat» respire la jeunesse l’espoir la santé l’humanisme naïf d’un mai 68, mais le problème c’est que notre Barakat concerne tout le monde, pas seulement une poignée de jeunes intellectuels idéale pour une émigration positive dira Sarkozy. Le mouvement ne pouvait naitre et durer qu’en dehors des Généraux ou dans leur division. Les jeunes de 68 ne manifestaient pas pour la survie d’une France en danger, mais pour leur liberté notamment des mœurs, une révolte d’enfants gâtés désirant faire des «bêtises». Avec le printemps arabe, le régime a appris beaucoup de choses : le lynchage d’un Kadhafi, un Moubarak en cage et un Ben Ali réduit à un avis de recherche. Quant aux damnés, le sentiment le plus le mieux partagé c’est la méfiance, la haine. Tous infiltrés ! Tous pourris ! Et la question qui taraude : pourquoi la masse n’adhère pas ? Tout est là pour l’explosion, mais rien n’explose sans doute que tout a déjà explosé en catimini. Rongée par un champignon sournois, la maison en bois verni menace de partir en poussière à la moindre brise. Qui possède la boule de cristal pour l’affirmer ? Ils appellent cela la stabilité, nos nerfs congelés, paralysés par une peur ancestrale, un dégoût génétique par tant de trahisons et de rêves violés. Revel en parlant de la France évoquait le voleur dans la maison vide, en Algérie c’est le tueur qui s’introduit dans un cimetière pour ne pas dire une fosse commune.

Le sort de l’Algérie à défaut d’être l’Iran ou Cuba se jouera sans surprise entre la Maison-Blanche le palais de Doha-Riyad, le palais des Deys d’Alger et la richesse du sous-sol saharien. Quant à la populace, les médias, l’efficace police mentale, jouent déjà à la distraire en copiant le programme de l’asile psychiatrique tandis que la virile police physique veille à ce qu’elle ne quitte pas ses caveaux pour envahir la rue. C’est fou, on est convaincu que tout est joué d’avance et on espère en un rien grain de sable…

Mimi Massiva

Renvois

(1) Tunisie-Secret (Sénateurs américains et journalistes du Washington Post et New York Times)

(2) El Watan 11 mars 2014

(3) Source : bernardlugan.blogspot.fr

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Khalida targui

khossara, il a tué l'Algerie aussi, on est devenu des guignols pour tous les Arabes quand il va crever ce salop et toute sa racaille avec lui, moi ouf j'ai jamais voté pour lui Mimi

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albert smail

Ma chère Mimi, votre exposé est d'une excellente qualité, je l'approuve sur beaucoup de ses points, mais il fallait juste ne pas généraliser car, personnellement je ne fais pas partie de ceux qui l'avait élu en 99, ni même pour les mandats d"après, et du coup, je ne me sens pas une âme de bovidés... bien au contraire, je me sens presque aussi libre et fier qu'un Ait Ahmed.

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