Algérie: ni république, ni politique
La république c'est les lois et la politique c'est la gestion de la cité. Mais quand les lois, en premier la constitution, sont bafouées, et quand la gouvernance est dominée par le mensonge, réduite à la cooptation et refermée dans la soumission, il y'a ni république ni politique.
Bouteflika est non seulement un candidat présidentiel anti-constitutionnel, mais il occupe illégalement la fonction suprême depuis son AVC d'avril de l'année passée. Il est dans un état d'empêchement avéré que nulles images ne puissent dissimuler. Son passage au conseil constitutionnel constitue une énième mise en scène qui appuie justement l'incapacité présidentielle. L'article 88 de la constitution s'appliquerait en principe de lui-même. Mais, quand se sont des hors-la loi qui détiennent tous les leviers du pouvoirs, il faut s'attendre à toutes les violations et toutes les transgressions. Point d'étonnement, car la république n'est qu'un mot creux pour ces violeurs à répétition des règles.
En réalité, en Algérie il n'y a pas eu de république : après la France coloniale c'est le pouvoir usurpateur. Issu d'un coup de force à l'encontre du GPRA porté par des hommes en uniforme qui, aux moments forts des combats, eux stationnaient aux frontières, le pouvoir violeur s'autoproclamait alors tuteur sans foi ni loi de tout un pays. Ces exécuteurs, sanguinaires et mercenaires, trahissaient tous les idéaux et transgressaient l'éthique et la morale. Ils érigèrent leur carcasse d'Etat sur plusieurs centaines de cadavres. Et tout ce qui est bâti par la violence, ne peut être qu'injuste. Mais en principe, la république est conçue pour qu'elle soit juste, sauf quand elle n'en constitue pas une. Oui l'Algérie n'est pas une république, au vu de tous les dépassements dont les prolongements sont vécus présentement à l'occasion du simulacre électoral prochain où un artisan du coup est plus une monarchie constituée d'une poignée d'hommes insatiables qui s'inter-changent rôles, titres et fonctions pour partager pouvoir, privilèges et rente.
Pis, en Algérie, la forme de l'Etat se veut républicain, mais le fond de la gouvernance demeure despotique et autoritaire. Il y a des institutions accessoirement indépendantes mais, dans leur fonctionnement, elles sont absolument assujetties au vouloir d'une caste qui excelle dans le maquillage de l'illégalité. Par ruse et truchement, cette caste a pris l'habitude en s'appropriant tous les droits, de confectionner des lois qu'elle viole comme bon lui semble-t-elle dés que ses desseins sont contrariés. Y a-t-il une république qui admettrait la désignation illégale de Mourad Madelci président du conseil constitutionnel ? Nul n'est dupe pour savoir que la caste verrouille à tous les étages et à tous les niveaux. Madelci en exécuteur sans foi ni loi, est au conseil constitutionnel pour valider le dossier du grand malade. Comme avant lui, Tayeb Belaiz qui occupait le même poste pour les mêmes raisons. Maintenant, ce dernier est passé au ministère de la fraude pour les mêmes objectifs. La république ne fraude pas, sauf celle qui n'en constitue pas une.
Alors la "république" qui fraude, triche et trompe, est sans politique qui est l'art de gérer. Et à l'évidence, l'art ne peut pas se conjuguer avec la fraude et la tricherie. L'art s'applique à tout ce qui est beau, admirable, juste et sincère alors que la tricherie renvoie à la laideur, à la hideur, au mensonge et à l'arbitraire. Comme ce hideux quatrième mandat enveloppé grossièrement dans le mensonge et ostentatoirement porté par l'arbitraire. La politique dont la voix ment, dont l'action exclut et dont l'acte est perverti, ne peut constitue ni une gouvernance ni une droiture. Elle est une forfaiture grave dans l'art et la manière. A la manière de cette validation illégale de la candidature au quatrième mandat.
Aussi, dans le clan des adulateurs, il n'y a point de politique devant les interminables mensonges, la perpétuelle langue de bois et l'éternelle menace étrangère. Un habituel registre de commerce bien rodé pour vendre la stagnation pour de la continuité. La stabilité est un mensonge, la paix est un leurre, la continuité vise l'impunité et le progrès qu'ils n'ont cesse de promettre n'est qu'une corruption à grande échelle. Voilà à quoi rime la "politique" des lèches bottes, voraces et prédateurs quand il s'agit de soutenir, dans un àplat-ventrisme absolu et habituel, leurs maîtres.
Dans le clan des lièvres, c'est à la manière de l'autruche. Ils feignent d'ignorer une fraude qui a bel et bien commencé depuis le remaniement gouvernemental de septembre dernier. Mais au fond, ils savent qu'ils constituent l'alibi nécessaire, la caution de plus et la garantie supplémentaire. Ces lièvres ne se trahissent pas, mais trahissent mensongèrement leurs partisans qui, naïvement croient au père Noël qui n'a jamais existé en Algérie. Une "politique" quoique suicidaire, mais qui ressuscite ces mêmes candidats à chaque théâtre présidentiel. Pratiquement se sont les mêmes lièvres figurants qui plantent depuis 2004 le même décor risible. En politique, la vraie, il faut assumer son échec. Quand à l'issue du vote, on est accrédité d'une insignifiante portion de voix, réelle ou fictive, l'échec est total et la dignité du candidat la retrouve dans sa retraite définitive. Mais ce genre de lièvres sans dignité et animés par le carriérisme politique, récidivent pour quelques strapontins, avantages ou postes.
Enfin, dans le clan des boycotteurs, c'est la "politique" de deux poids deux mesures. Ils optent pour le boycott de la présidentielle pour disqualifier le pouvoir en place, mais au même temps ils participent aux farces politiques de la même autocratie à travers leurs élus aux différentes assemblées. L'APN, l'APW, l'APC, sont l'émanation du pouvoir et sont gérés par des règles fixées par lui-même. Peut-on alors disqualifier le pouvoir quand on est partie prenante dans ces institutions ? D'ailleurs les inconditionnels du régime autocratique ne ratent aucune occasion pour le dire "ya kul fi elghala wi seb fi el mala". Donc, le boycott auquel appellent ces partis ne deviendrait significatif que s'ils retiraient massivement l'ensemble de leurs élus de toutes les assemblées où ils sont représentés. Là ils gagneraient en crédibilité et porteraient un coup dure au pouvoir. Là aussi, ils pourraient dire non seulement "barakat" à 15 ans, mais à 52 ans de non république et de non politique.
Zoubir Zerarga
Commentaires (4) | Réagir ?
C'est derisoire... Il n'y a pas de meilleur facon de rater un projet que de choisir celui qu'on ne peut mener about. C'est regulierement que les algeriens immobilisent les sieges de Wilaya, et ils peuvent donc le refaire a tout moment. Elir leurs Gouverneurs, et controller leurs APW. C'est l'asphexie instantanne'e d'Alger, meme militairement. Constituter leur APN parallele et se mettre a rediger leur Constitution. Pourquoi t-t-il besoin d'une seule pour commencer. Il est clair que les Kabyles ont leurs valeurs et manieres, les Mzab aussi, ainsi que les Chaouis.
Les Touaregs, ah les Touaregs ceux-la qui nourrissent tout le monde, sont en guerre contre Francais ses bulldogs du sud de l'Azawad. Bouteflika, la drs, toute cette mangeade support fafa... Ca c'est la veritable arnaque ! Mais la lachete' et la stupidite' sont si abberantes que ca me fait mal aux oreilles. Tout le monde se sent fort pour s'attaquer a Bouteflika, maintenant qu'il est convalescent, mais pas quand il tenait sur ses jambes et a VIOLE' cette constitution de mes deux ROYALEMENT !
J'irai voter pour lui, rien que ca ! Avec lui au moins, c'est fair game - les jeux sont clairs. La tricherie est dur que la violence face-a-face. Les voila qu'ils sortent contre un 4eme mandat et iront tous voter chaoui... Ils voteraient vourourou s'il se reveillait... Je me souviens dans anne'es 70 a Alger, il a ramene' toute sa dechra pour en faire des CRS, pour reprimer-qui? Les Kabyles, parce que c'est tout ce qu'il y a avait a reprimer. Alger est une ville Kabyle, batardise'e par les bidonvilles vourourou.
Un vieux sage disait :
" Une révolution est conçue par de grands esprits, elle est exécutée par des aventuriers et c'est les traitres qui en profitent ".
L'Algérie est l'exemple type auquel s'appliquerait cette maxime.
Il y a malheureusement un autre adage qui nous irait comme un gant :
" Un peuple moribond subit le présent, refuse l'avenir et jouit de ses grandeurs passées ".
A quand notre réveil ?