Mali : de "nombreux crimes" commis durant la crise sont "impunis"
De nombreux crimes commis pendant la crise politico-militaire entre 2012 et 2013 au Mali, particulièrement dans le Nord, restent à ce jour « impunis », selon un expert de l'ONU, qui a appelé les autorités maliennes à prendre des mesures pouraccélérer les enquêtes.
"L'éloignement entre les juridictions en charge des dossiers du Nord, qui sont basées à Bamako, et les victimes et les lieux où ont été commis les crimes représente un obstacle majeur pour la justice malienne", a expliqué Suliman Baldo, expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali, vendredi 28 février à Bamako.
"Malgré les efforts louables des autorités dans la lutte contre l'impunité pour les crimes imputés à l'ex-junte militaire [les putschistes de mars 2012], la justice malienne éprouve d'énormes difficultés dans la poursuite des auteurs présumés des crimes graves commis par les groupes armés durant l'occupation du nord du pays et des exactions commises par certains éléments" de l'armée malienne « pendant la libération de cette partie du territoire", a déclaré Suliman Baldo, qui a séjourné dix jours au Mali.
"Par ailleurs, des membres ou collaborateurs présumés des groupes armés qui ont été arrêtés dans le nord du pays sont détenus pendant de longues périodes, au-delà du délai légal et sans jugement, à cause du manque de moyens pour l'organisation de missions d'enquête dans le Nord", a-t-il dit.
Charniers
Une rébellion indépendantiste touareg déclenchée en janvier 2012 a entraîné le Mali dans une profonde crise politico-militaire de dix-huit mois entre 2012 et 2013. Cette crise a été marquée par un coup d'Etat militaire, le 22 mars 2012, et par une occupation des régions du Nord malien pendant près de dix mois par des groupes djihadistes alliés d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
Les groupes islamistes armés ont été en partie chassés des régions du Nord qu'ils occupaient par une intervention armée internationale lancée en janvier 2013 par la France, et toujours en cours avec des troupes de plusieurs pays sous mandat de l'ONU. Les djihadistes ont été affaiblis par cette intervention, mais demeurent actifs dans ces régions, y commettant à intervalles réguliers des attaques meurtrières.
Les putschistes ont aussi été accusés de violences, notamment contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé Amadou Toumani Touré, ou contre des hommes politiques, journalistes et membres de la société civile.
Depuis décembre, les autorités judiciaires ont annoncé des découvertes près de Bamako de charniers avec plusieurs corps susceptibles d'être ceux de soldats s'étant opposés au meneur du putsch, le général Amadou Haya Sanogo, et à sesproches. Le général Sanogo et d'autres militaires ont été arrêtés, inculpés de complicité d'assassinat et incarcérées.
Avec AFP
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