Sarkozy-Ben Ali, une amitié particulière
De Tunis, Hassane Zerrouky
La vente de 15 Airbus, d’une centrale thermique, de l’énergie nucléaire à des fins civiles, ce projet qui tient tant à cœur à Nicolas Sarkozy, un accord sur l’immigration choisie, le premier du genre signé avec un Etat du sud, le projet d’Union pour la Méditerraée, méritaient sans doute une entorse aux droits de l’Homme. Car le président français n’est pas allé avec le dos de la cuillère sur le terrain controversé des droits de l’Homme. Non seulement, il n'a pas tari d’éloges sur les succès économiques de la Tunisie mais il a assuré qu’il a été reçu en ami dans un pays ami et qu’il s’interdisait par conséquent de « s’ériger en donneurs de leçons ». Quant à sa secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade, elle a certes fini par rencontrer Mokhtar Trifi, le président de la Ligue des droits de l’Homme, mais elle avait pris soin d’annuler plusieurs rendez-vous, notamment avec Khedija Chérif de l’Association des femmes démocrates, et avec l’avocate Radhia Nasraoui. A ses yeux, la Tunisie n’est sans doute pas le Tibet. Qui plus est, le lendemain de son discours louant les progrès de la Tunisie sur le terrain très controversé des droits de l’Homme, Nicolas Sarkozy a jugé bien « sévère » les critiques portées au régime de son ami Ben Ali. « Qu’il y ait des progrès à faire, j’en suis convaincu » a-t-il assuré, avant d’affirmer qu’il préfère les régimes actuels maghrébins à l’instauration de régimes « taliban ». Autrement dit, comme Ben Ali, il a brandi la menace islamiste, pour justifier son appui au pouvoir tunisien. Le président tunisien, qui postule pour un cinquième mandat et qui a émis le vœu que Tunis abrite le siège du secrétariat général du l’ Union pour la Méditerranée, n’en attendait pas moins de la part de son ami Sarkozy.
D’ailleurs le premier jour de sa visite, derrière les acclamations d’une foule triée sur le volet venue accueillir le président français et son épouse, avenue Bourguiba, à quelques dizaines de mètres de là, au siège de l’hebdomadaire El Mawqif, deux responsables du journal étaient en grève de la faim depuis samedi dernier, et ce, en signe de protestation contre la saisie à quatre reprises de l’hebdomadaire. De plus, ce journal, dernier espace d’expression libre en Tunisie, a été condamné en diffamation à une amende de 370 000 euros !
Pour le militant de gauche et époux de Radhia Nasraoui, Hama Hammami, rencontré à Tunis, le discours de Sarkozy constitue « un encouragement à la politique de fermeture de Ben Ali qui postule pour un cinquième mandat ». Effectivement, ce dernier, qui postule pour un cinquième mandat à la tête de l’Etat tunisien et qui a émis le vœu que Tunis abrite le siège de l’Union pour la Méditerranée, n’en attendait sûrement pas moins de la part du chef d’Etat français. D’autant que sur le plan intérieur, en dépit du climat répressif régnant, sa politique commence à être contestée. La Tunisie connaît un début de mouvements sociaux. Le bassin minier de Gafsa est le théâtre d’une contestation depuis le 5 janvier dernier. Et malgré la répression, elle se poursuit encore. Raison de cette colère, un taux de chômage important, notamment parmi les jeunes diplômés, et surtout les Tunisiens revendiquent une plus juste répartition des fruits de la croissance. Car l’économie tunisienne connaît une forte croissance qui ne profite pas à tous et le revenu par habitant, du moins pour ceux qui travaillent, est en augmentation. Et comme l’Algérie, elle a aussi ses « haragas ».
La société civile, qui menait une lutte dans un isolement presque total, s’affirme de plus en plus. « Les tunisiens n’ont plus peur. Ils parlent. Ils protestent. Ils aspirent au changement. Ils sont de plus en plus conscient que le progrès économique va de pair avec le développement des libertés » estime un militant tunisien. Même au sein du parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), assurent des militants tunisiens, des voix se font entendre prônant une ouverture politique. « Car pour l’heure, cette fermeture profite aux salafistes. Faute d’ouverture, de perspectives d’emplois, plus généralement de libertés, le salafisme est devenue une idéologie refuge pour de nombreux jeunes, et ce, même s’il n’a pas encore pris la même importance qu’en Algérie ou au Maroc » ajoute Hama Hamami. Et en effet, l’ex-GSPC, devenu Qaïda du Maghreb, a déjà recruté de nombreux jeunes tunisiens, et ce, bien qu’il n’ait pas encore réussi à implanter des cellules en Tunisie. Fin décembre 2006 et début janvier 2007, l’attaque perpétrée par un groupe dijahadiste au sud de Tunis au cours de laquelle 12 islamistes avaient été tués, n’avait-il pas sonné comme un sérieux avertissement !
H.Z
Commentaires (11) | Réagir ?
de grace laissez ns en paix. pour tout ces gens qui sont contre ce régime, je leur demande simplement de méditer sur cette phrase de Roosvelt:Ne demandez pas a votre pays ce qu'elle doit faire pour vous mais demandez vous ce que vos pouvez faire pour votre pays. Notre pays est en trés bonne santé. laissons ces gens traviller. je n'appartient a aucune tendance politique mais j'aime mon pays a mourir.
Bienvenue au protectotat tunisien, le temeraire president passera son projet d'union pour la mediteranée, comme une lettre à la poste, à Tunis et à Rabat. Pour ALGER, c'est une autre paire de manche...