Municipales à la Courneuve : Kamel Hamza met les pieds dans le plat (II)
Suite et fin de l'entretien avec Kamal Hamza, candidat UMP (droite) aux municipales de mars à la Courneuve.
Le Matindz : Le problème de génération c’est quoi ?
Kamel Hamza : Et bien par exemple, les enfants qui veulent mettre du Nike au lieu de porter des chaussures de ville. Comment l’expliquer à un parent ?
LMDZ : Ces enfants de banlieue ont aussi une langue et des codes spéciaux. Est-ce que toi-même tu vas permettre à tes enfants d’user de cette langue, de ces codes ?
K. H. : Je ferais en sorte que mes enfants puissent découvrir toute sorte de culture. Je souhaiterais par exemple qu’ils puissent parler l’arabe même si moi je n’en suis pas un locuteur.
LMDZ : je parle de l’accent rebeu, te serais t il supportable de l’entendre chez toi ?
K. H. : La culture des cités ne me semble pas être une vraie culture. Je serais plus enclin à les emmener vers l’arabe, le français, l’anglais qui sont des langues avérées. En aucun cas, vers ce sabir, cette langue des cités qui ne correspond à aucune réalité qui est parlée par 20.000 personnes, qui a plutôt tendance à faire peur aux autres et à en isoler celui qui l’utilise.
LMDZ : Kamel Hamza tu es né dans ce que l’on appelait autrefois la banlieue rouge. Qu’est ce qui t’as poussé alors que tout ton environnement est communiste à aller vers la droite ?
K. H. : Parce qu’on essaye de comprendre. On vous explique pendant des années que le maire va vous emmener à l’école ou en vacances. On vous explique que quoiqu’il puisse vous arriver ce sera grâce au maire de votre ville et un jour vous comprenez que vous avez un père et une mère, que ce père et cette mère sont ceux qui vous éduquent et que parfois ce qui est vu comme un soutien de la municipalité, c’est du clientélisme. Et alors, vous refusez ça. Un jour vous vous présentez à un élu de La Courneuve, vous lui demandez de vous aider à créer une entreprise, il vous propose de créer une association. Ça s’appelle de l’assistanat. C’est à ce moment là que des jeunes comme moi issus de ce quartier peuvent se poser la question de savoir si de l’autre coté, dans cette droite toujours fustigée, il n’y aurait pas des idées à piocher, à mettre en œuvre. En face, à droite donc, on ne m’a pas dit que j’étais beau, on m’a dit que j’avais du potentiel à exploiter et ça, ça m’a plu. L’UMP m’a dit « si tu es bon on t’aide si tu n’es pas bon, retourne à l’école et revient plus tard ». Au contraire, et je n’invente rien, la gauche m’a fait comprendre que je n’avais aucune capacité et qu’il fallait que je compte sur la bienveillance de maire pour réussir.
LMDZ : Kamel, il y a tout de même un paradoxe, la droite est perçue dans cette terre de gauche, surtout à La Courneuve, comme un conglomérat de partis racistes. On comprend difficilement ce que va faire un kabyle né à Aubervilliers dans ce milieu.
K. H. : Je regrette mais quand on parle de racisme il faut qu’on se souvienne des premiers pas qui ont été accomplis par l’état français pour combattre ce fléau. Je me dois de rappeler que c’est Chirac, juste avant Sarkozy, qui a ouvert le débat sur la diversité. Ce sont aussi des hommes de droite qui ont, les premiers, ouvert la voie de la haute administration française aux talents issus de l’immigration. Quelqu’un qui vient vous dire je vous aime et je vais vous aider alors que son seul projet c’est de vous voir voter pour lui est malheureusement ce que l’on appelle un faux-cul. La gauche a longtemps joué à ce jeu là. Je trouve que ce jeu est pire que le racisme. J’ai choisis le camp de la franchise et de la responsabilité. Je préfère la responsabilité à l’assistanat. Je trouve que la gauche, trente ans après, maintient l’immigration dans des dispositifs creux du style emplois aidés, emplois assistés, emplois solidaires… Des mots vains.
LMDZ : Kamel Hamza tu rames depuis des années à La Courneuve, tu pars à chaque échéance électorale à l’assaut de la Mairie en sachant que tu es perdu d’avance. Qu’est ce qui te motive ?
K. H. : Moi je suis amazigh, ce qui signifie homme libre, je navigue à contre courant, moi mon projet c’est de faire ouvrir les yeux aux Courneuviens. Si j’arrive à en atteindre quelques uns ça me suffirait. Mon combat consiste à dire qu’il n’y a pas de fatalité à être un enfant de la banlieue.
LMDZ : As-tu tout de même une quelconque ambition ?
K. H. : Oui, mon ambition c’est de devenir maire et député de La Courneuve. Ça ne sera pas facile mais qu’est ce qui est facile dans ce monde. La politique ne s’exerce pas sur un an, elle s’exerce des années, je vais continuer à me battre, je vais continuer à ramer en m’obstinant je parviendrais peut être à faire comprendre aux gens qu’il faudra changer des choses.
LMDZ : Rêvons, tu es élu, tu vas changer quoi ?
K. H. : Ce n’est pas un rêve, ça peut devenir une réalité, pourquoi pas une Silicon Valley à La Courneuve ? Je me vois bien offrir des bureaux aux enfants des 4000 et leur dire vous avez du talent. Donnez nous en la preuve. Travaillez. L’argent que gagneraient ces jeunes pourrait servir par exemple à alimenter un fond qui aiderait les autres, ceux qui n’auraient rien entreprit. Mon ambition c’est entre autre, tendre la main à ceux qui crient, à ceux qui cassent. Je souhaite montrer un jour que La Courneuve ne peut pas être nécessairement une ville de l’échec. Ça peut être aussi une ville de la réussite.
LMDZ : Kamel Hamza, tu as pris à un moment donné l’initiative bizarre d’aller solliciter le Qatar pour aider la banlieue. On t’a soupçonné d’accointances douteuses avec les roitelets du Moyen Orient et Sarkozy. Cette initiative a-t-elle produit un quelconque effet et que t’a-t-elle apporté ?
K.H. : Je n’ai jamais voulu ramener le Qatar dans le 93 j’ai voulu ramener de l’argent, une partie de l’argent investi par le Qatar en France dans cette banlieue. Il s’agissait pour moi tout simplement d’expliquer aux qataris que s’ils avaient de l’argent à investir à l’étranger, qu’il n’y avait aucune raison pour qu’ils ne misent pas sur les talents que recèle ce territoire de France, le 93, si longtemps tenu en marge. Mon initiative a été mal vue parce qu’entre autres on est passé en France de « sale arabe » à « sale musulman ». Quand on s’appelle Kamel ou Mohamed, et qu’on sollicite l’aide d’un pays arabe on devient naturellement suspect. 80% des français, c’est prouvé, ont aujourd’hui peur des musulmans. Je m’appelle Kamel, je suis français. Avec mon initiative on m’a mis immédiatement des babouches et une djellaba, malgré le fait que je brandissais à l’occasion de ma rencontre avec les qataris le drapeau bleu blanc rouge. Nos parents ont été traités pendant des années de sales arabes maintenant nous les enfants nous sommes traités de sales musulmans. Cette initiative prise de concert avec le Qatar est mort-née. En raison de sa stigmatisation les fonds du Qatar ne sont jamais arrivés et le projet n’a jamais abouti.
LMDZ : Dernière question Kamel, tu te présentes à la mairie de la Courneuve sous l’étiquette UMP, tu sais que tu vas perdre.
K. H. : Pourquoi se cacher, mon projet même si j’appartiens à l’UMP, c’est celui de l’attente des Courneuviens. J’expliquerai que Poux ou Troucelle ne se présenteront pas sous l’étiquette du Front de gauche ni du PS ni du PC. Ils viendront défendre un projet. Je ferais de même. Mon projet c’est de faire de cette ville un lieu de vie, pas un lieu de peur, une ville où on vient se coucher ou agresser. La Courneuve est un bazar, un grand bazar, je veux en finir avec le bazar.
Entretien réalisé par Méziane Ourad
Lire 1re partie : Municipales à la Courneuve : Kamel Hamza, un Kabyle de droite met les pieds dans le plat (I)
Commentaires (1) | Réagir ?
vive l’Algérie
faculté de droit