Syrie: nouvelle tentative d'évacuer des civils à Homs malgré les affrontements
L'ONU et le Croissant Rouge tenteront à nouveau dimanche d'évacuer des civils assiégés à Homs, dans le centre de la Syrie, au troisième et dernier jour d'une trêve entre armée et rebelles violée par des tirs sur un convoi humanitaire. Samedi, les forces armées d'Al Assad ont pilonné le convoi de l'ONU.
Cet effort humanitaire intervient à la veille du deuxième round de pourparlers entre belligérants sous l'égide de l'ONU à Genève, 10 jours après une première session qui n'a pas permis d'avancée en vue du règlement d'un conflit ayant fait plus de 136.000 morts en près de trois ans, selon une ONG.
Sur le terrain, les violences ont d'ailleurs fait encore près de 300 morts --civils et combattants des deux bords-- durant la seule journée de samedi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi eux figurent 20 hommes exécutés par les forces loyalistes à Hama (centre) selon cette ONG, et une femme et deux hommes morts de faim dans le camp palestinien de Yarmouk à Damas, qui est soumis à un siège asphyxiant depuis juin 2013.
C'est cette même situation que connaissent une dizaine de quartiers tenus par les rebelles dans la ville centrale de Homs. Assiégés par l'armée depuis plus de 600 jours, quelque 3.000 habitants y sont réduits à se nourrir d'olives et d'herbes.
Un accord conclu sous l'égide de l'ONU prévoit un cessez-le-feu jusqu'à au moins dimanche soir dans cette ville, la troisième de Syrie, pour permettre l'entrée d'une aide humanitaire dans les quartiers assiégés et la sortie de civils. Vendredi, seuls 83 femmes, enfants et personnes âgées ont pu être évacués de la Vieille ville. Et samedi, l'acheminement d'aides humanitaires aux personnes ayant choisi de rester à l'intérieur de ces quartiers a été perturbé par des tirs qui ont visé un convoi du Croissant rouge et fait cinq morts, dont un commandant rebelle, et 20 blessés, selon l'OSDH. Régime et rebelles se sont mutuellement accusés de ces violences.
Les volontaires du Croissant rouge syrien et les employés de l'ONU qui les accompagnaient ont réussi à sortir sains et saufs après avoir réussi à distribuer une partie de leur aide d'urgence.
La patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos a exprimé dans un communiqué sa "déception" après la violation de la trêve, tout en affirmant que les Nations unies continueraient de "fournir les meilleurs efforts possibles pour apporter de l'aide à ceux qui en ont besoin".
Des militants dans les quartiers assiégés ont néanmoins dit craindre qu'une nouvelle évacuation de civils, prévue dimanche, ne puisse avoir lieu, même si aucun tir n'a été signalé dans la matinée. "Nous ne savons pas encore si l'évacuation de civils va se poursuivre aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Abou Bilal. "Vous avez vu ce qui s'est passé samedi. Le bombardement contre la Vieille ville était fou, il a visé le convoi d'aide. Nous avons 20 blessés et nous n'avons pas encore assez de matériel médical pour les soigner", a-t-il ajouté.
"Nous espérons que davantage d'aide va pouvoir entrer et que des civils pourront être évacués, mais nous ignorons si cela va se produire. Nous craignons d'assister seulement à de nouveaux bombardements", a poursuivi le militant.
Dans un communiqué reçu par l'AFP samedi soir, le gouverneur de la province de Homs, Talal al-Barazi, a indiqué que les efforts se poursuivaient pour faire évacuer dimanche les civils souhaitant sortir de la Vieille ville. "Les troupes gouvernementales restent engagées par le respect de la trêve pour permettre l'entrée des aides et la sortie des civils malgré les violations du cessez-le-feu commises par les groupes armés", a-t-il dit.
Au moment où ces tractations se poursuivaient et que des combats continuaient de faire rage à travers la Syrie, régime et opposition s'apprêtaient à se réunir de nouveau à Genève sous l'égide du médiateur international Lakhdar Brahimi, dans une nouvelle tentative de rapprocher des positions semblant irréconciliables. Le régime exclut en effet toute discussion sur le départ de M. Assad et insiste pour parler d'abord du "terrorisme", en allusion à la rébellion, tandis que pour l'opposition, la question de la transition politique sans M. Assad est primordiale.
Avec AFP
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