Plus de 40% des sociétés de l'UE se plaignent de la corruption
La corruption est un problème pour 43% des sociétés qui travaillent dans l'Union européenne et son coût économique est évalué à 120 milliards d'euros, a annoncé la Commission européenne lundi dans son premier rapport sur le sujet.
La nature des actes de corruption, mais aussi le niveau de corruption et l'efficacité des mesures prises pour lutter contre ce phénomène, varient d'un Etat à l'autre, indique la CE. Pratiquement toutes les sociétés espagnoles, grecques ou italiennes estiment que la corruption est un phénomène largement répandu, alors qu'elle est considérée comme un fait rare au Danemark, en Finlande et en Suède.
Ces conclusions vont dans le sens de l'indice de perception de la corruption de Transparency International, qui classe la Grèce à la dernière place des pays de l'UE, soit à la 80e place globale, avec la Chine. Le Danemark est considéré comme le pays le moins corrompu.
Toutefois, "la corruption mérite une plus grande attention dans tous les Etats membres", ajoute l'exécutif européen.
Par domaine d'activité, c'est le domaine de la construction et de la promotion immobilière en zone urbaine et le secteur de la santé qui sont le plus exposés à la corruption, indique le rapport. Le secteur des marchés publics l'est également, indique le rapport qui propose une amélioration des mécanismes de contrôle.
"La corruption sape la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et l'Etat de droit, elle nuit à l'économie européenne et prive les pouvoirs publics des recettes fiscales dont ils ont cruellement besoin", a déclaré Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée des Affaires intérieures. Elle souligne que les Etats membres "ont beaucoup fait" au cours des dernières années pour lutter contre la corruption, mais estime que ces efforts sont "loin d'être suffisants".
Conflits d'intérêts
Outre une analyse de la situation dans chaque Etat membre de l'UE, la Commission européenne présente les résultats de deux vastes sondages d'opinion. Plus des trois quarts des citoyens européens (76%), et 68% des Français, estiment que la corruption est très répandue dans leur propre pays.
Au niveau de l'UE, quatre entreprises sur dix considèrent la corruption comme un obstacle aux affaires. En France, cet avis est partagé par six entreprises sur dix.
Le rapport prend acte des mesures prises récemment par la France en matière de conflits d'intérêts et des textes législatifs applicables au personnel politique et aux agents publics. En revanche, dit le rapport, "les risques de corruption dans le secteur des marchés publics et dans les transactions commerciales internationales n'ont pas été traités."
En conséquence, la CE propose que la France procède à une "évaluation globale visant à détecter les risques au niveau local et fixe des priorités pour des mesures de lutte contre la corruption dans le secteur des marchés publics".
"Le problème de l'Europe ne concerne pas tant la petite corruption que les liens entre la classe politique et les entreprises", estime Carl Dolan, de Transparency International à Bruxelles. Il juge que la question des conflits d'intérêt entre les politiques et le monde des affaires n'est toujours pas réglée.
Plutôt qu'un pot-de-vin, dit-il, la récompense des hommes politiques pour avoir favorisé telle ou telle société en lui faisant remporter des contrats ou en faisant voter des modifications de la loi, est constituée par des postes dans le secteur privé une fois qu'ils ont quitté leurs fonctions.
Reuters
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It take 2 to tango ! The 3rd, al khorottos reguardent... et observent.