Affaire de l'université d'Alger 2 : réactions des étudiants
Une commission, diligentée par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, est chargée d'enquêter sur les circonstances du déroulement des concours de doctorat au département de français de l’université d’Alger 2.
Un mois et demi durant, les étudiants contestataires ont mené sans relâche une campagne de contestation et de dénonciation des irrégularités qui ont entaché l'organisation de ces concours. Ils ont alerté depuis le 18 décembre 2013 le vice rectorat chargé de la post-graduation et la direction de post graduation du ministère. Il a fallu donc une mobilisation à toute épreuve pour décider dans un premier temps le vice rectorat chargé de la post graduation à ouvrir une enquête interne à l'université.
En effet, le vice-recteur chargé de la post graduation reçoit les étudiants contestataires le 18 puis le 23 décembre 2013. Il les a entendus et il a enregistré leur plainte et leur requête d'ouvrir une enquête.
Le 23 décembre 2013, ces étudiants se sont rendus au ministère pour déposer auprès de la directrice du service de la post graduation leur plainte et requête. Reçus et entendus, ils sont revenus avec la promesse qu'un courrier allait parvenir au rectorat l'enjoignant d'ouvrir une enquête interne.
Effectivité des irrégularités
Effectivement, dans le cadre de cette enquête, le 26 décembre 2013, la doyenne a été saisie. Confondue par les accusations, elle déclare que ces défaillances sont dues au fait qu’elle ne maîtrise pas les textes réglementaires qui régissent l'organisation des concours. En disant cela, elle avoue non seulement l’effectivité des irrégularités mais aussi l’incompétence des membres du comité de formation doctorale à maîtriser la réglementation.
Le 5 janvier 2014, les choses se sont précipitées. Il est mis fin aux fonctions de la doyenne. Le chef de département de français dépose sa démission. Quatre membres du comité de formation doctorale sont auditionnés par le vice recteur chargé de la post graduation au sujet du déroulement du concours décrié.
Lors de ces auditions à intervalles différents, la responsable du doctorat sociodidactique qualifie les plaintes des étudiants « d'accusations graves » et déclare que le concours s'est déroulé "dans les règles de l'art". Par contre, Le responsable du doctorat de littérature confirme les accusations des étudiants. Il déclare ne pas avoir été associé aux étapes les plus importantes de l'organisation du concours, à savoir l'étude des dossiers et les délibérations : il remet en cause les résultats du concours.
Le ministère mène enfin l’enquête
Par ailleurs, les auditions des étudiants contestataires, des responsables des doctorats et des enseignants n'ont vraisemblablement pas abouti à des conclusions définitives. Cependant, elles ont convaincu responsables au rectorat de l'université d'Alger 2 et au ministère de diligenter une commission d'enquête ministérielle. Celle-ci s'est installée à l'université le mercredi 28 janvier 2013.
Les enquêteurs du ministère ont entendu mercredi 28 janvier 2014 l'ex. Chef de département de français en présence de son successeur, puis le responsable du doctorat littérature. Jeudi 29 janvier, ce sont les membres du comité de formation doctorale, puis les enseignants qui ont dénoncé la gestion de l'ex. doyenne et de l'ex. Chef de département de français.
Demain, le dimanche 2 février 2014, ça sera au tour des étudiants contestataires d'être entendus : ils ont reçu jeudi 29 janvier des appels téléphoniques, venant du secrétariat du vice recteur chargé de la post-graduation, pour être convoqués à se présenter devant la commission.
Détermination des contestataires
Nous ne pouvons que constater que la détermination des contestataires, qui à force d'insistance, a fait réagir les responsables des administrations concernées.
Cependant, on ne peut que s'interroger sur les motivations de ces enquêtes :
- Pourquoi les enquêteurs de l'université d'Alger 2 n'ont pas rendu les conclusions de l'enquête interne ?
- Pourquoi l'enquête interne ne s'est pas saisi des dossiers du département de français pour vérifier les accusations ?
- Pourquoi le ministère a envoyé ses enquêteurs ? N'est-il pas satisfait de l'enquête interne ?
- Est-ce que les enquêteurs du ministère vont aller au delà des déclarations des uns et des autres pour examiner les dossiers ?
- Quels sont les sujets de leur enquête : est-ce vraiment les concours organisés par le département de français ou y aurait-il d’autres questions à traiter ?
- Le ministère ira-t-il au bout de la logique d'une enquête : valider ou non les accusations, déterminer les responsabilités, sanctionner ?
A.A.C.C
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