Récit de l’embuscade de Delagua à At Wartilane

Quelques héros de cet fameuse embuscade.
Quelques héros de cet fameuse embuscade.

Vendredi 19 août 1955 dans la région At Wartiran a eu lieu la première embuscade tendue à l’ennemi colonial dans la wilaya 3 historique et dans la wilaya de Sétif.

"C’est à la veille des événements survenus au nord Constantinois le 20 août 1955 qu’une opération d’envergure nationale a été menée par les maquisards activant dans la région de Beni Ourtilane (wilaya de Sétif). Un groupe de soldats français, venu de Lafayette (Bougaa) vers Beni Ourtilane, escortait l’administrateur qui était en mission d’inspection au marché hebdomadaire de Ledjemaa n At Wertiran, Au retour dudit groupe, une embuscade fut tendue par un groupe de moudjahidines, lequel groupe opérait sous les ordres de Bairi Rezki dit Arezki Laurès. Les militaires français furent accrochés au lieudit Tighouine (plus exactement au col de Delagua dans la région de Beni Ourtilane, à la limite territoriale de la commune d'Ain Legradj). L’opération a été dirigée par si H'mimi Feddal (plus tard commandant de la zone 1, wilaya 3) et son groupe, composé d'Allaouchiche Abdellah, Bouzenad Ahmed Salem, Zemmour Mohamed Arab, Redjdal Said ben Laarbi, Haroumi Mohamed Akli ; ce groupe était épaulé par les mousseblines, à savoir Sahabi Seddik (Cheikh), Djiaba Saadi et un certain Tahar…"

"La veille de l'embuscade, les moudjahiddines étaient au village Igheldane à Beni Ourtilane, ils se sont réunis, dans le but d'aller à Zakou de Beni Gheboula résoudre le problème de Moudjahed Ayoub Seddik Oubelkhir (Chahid), ce dernier avait des problèmes avec les quelques messalistes, qui s'opposaient à l’essor, ô combien remarquable de la Révolution et toutes les opérations qui lui étaient propres. Le matin du vendredi 19 août 1955, un des chefs de la révolution dans la région de la petite Kabylie : Houdjal Md Chérif Oudjenad (chahid) rejoint le groupe à Beni Ourtilane, si H’mimi reçut un message, tendre une embuscade à l’ennemi, afin de desserrer le cerceau colonial sur la région des Aurès, le marché hebdomadaire de Beni Ourtilane, connu pour sa réputation dans la région, une offensive de telle envergure peux mobiliser les masses populaires dans la lutte armée. Il avait rassemblé les mousseblines de la région à Tistoua n Lawlia (arbres ayant marqué la mémoire et le patrimoine de la région), lesquels arbres étaient situés dans l'enceinte de la mosquée de Ledjamaa n Ledjoumoua à Beni Ourtilane. Si H’mimi il leur avait déclaré qu'ils allaient organiser une embuscade contre l'ennemi français. Un des membres a demandé à si H'mimi de leur accorder encore quelques jours, pour mieux se préparer et pour effectuer l'opération dans des conditions bien préparées. Si H'mimi lui avait répondu que l'affaire ne dépendait pas de son autorité, pour annuler ou de reporter l'opération, « Amirouche nous a enjoint par le biais de notre chef Arezki Laures d'accomplir la mission aujourd'hui même, et puis l'administrateur et son escorte sont là, un avantage de plus en notre faveur...» Indiqua le responsable. Avant que l'administrateur et son escorte rebroussent leur chemin vers Lafayette, les moudjahidine : Feddal H'mimi, Allaouchiche Abdellah (chahid), Bouzenad Ahmed Salem (chahid), Zemmour Mohamed Arab (chahid), Redjedal Said (chahid), Harouni Mohamed Akli (chahid) se sont déjà positionnés à Tighouine ; lieu de l'attaque, les trois mousseblines ; Djiaba Saadi, Sahabi Seddik et Tahar étaient chargés de monter la garde sur la crête de Takintouchet, surveiller les sbaices installés à Beni Brahim. Les Moudjahiddines embusqués aux abords de la route, ont surpris le convoi, en ouvrant le feu de tous les côtés, l'accrochage a duré moins d'une heure. Dans les rangs de l'ALN deux moudjahiddines sont tombés au champ d'honneur ; il s’agit de Bouzenad Ahmed Salem et de Zemmour Mohamed Arab, et un blessé, à savoir Allaouchiche Abdellah. Dans le côté ennemi, on dénombre quelques morts et blessés, avant qu'ils partent, le caïd Amer Bouzid Ben Abid est arrivé avec son chauffeur Z. Boubetra sur le lieu de l'embuscade, ils voulaient secourir les soldats français, mais l'officier les a écartés : «il n'y a plus de caïd, vous êtes tous pareils », les soldats français partaient, avec les cadavres des deux martyrs (les deux premiers martyrs de la wilaya de Sétif). Si H'mimi attendait les trois mousseblines, il a demandé à Sahabi Seddik et à Djiaba Saadi de renter chez eux, si H'mimi, Said, Md Akli et Tahar, ont emmené le blessé Allaouchiche Abdellah dans un gourbet, ils se sont repliés dans les vergers, ils trouvaient Oumansour Aissa dans son moulin à eau à Ighzer n Isbous, il fut chargé d'aller au village Igheldane, avertir les mousseblines : Ouagouri Mohand Ourabah (Chahid), Ouagouri Cherif (Chahid), Harouni Remtane (chahid), Harouni Seddik (Chahid), Adjout Zidane (Chahid), Ouagouri Hocine (chahid), Redjdal Lahcene (Chahid), Sekfane Ali (Chahid), Belbal Messaoud, Redjdal Ali...etc., venir secourir le blessé. Celui-ci a été emmené jusqu'à Targat n Thouairth par les deux frères Harouni Remtane et Seddik, Adjout Zidane, Redjdal Ali, quelques temps plus tard Benlounis Larbi (chahid), avec l'aide de son mulet, arrive, il le ramène à Thasgenchath au village Igheldane, c'est là qu'il a reçu les premiers soins donnés par Ouagouri Mohand Ourabah. Une semaine après, ce dernier, avec l’aide d’un étranger qui est arrivé à bort du mulet, ils l’on transféré au village Oulmoutene à Beni Ourtilane, puis à Tala Tinzar de Beni Maouche où il fut pris en charge par les moudjahidines...". 

L’armée coloniale revenir plus tard se venger contre la population, durant sept ans de guerre impitoyable.

"Vendredi 19 août 1955, c'était une journée fraîche, avec un mélange de pluies fines et de bruine sur Tighouine, située au pied du mont de Takintouchet à Delagua dans le pays d'At Wertilan. Au souk El Djemaa la journée était mouvementée par les hommes de la cité et de ceux qui sont venus des villages voisins pour s'approvisionner et de s'informer sur l'avancement de la guerre de libération. Au milieu de la journée, tout le monde se sépare, un peu plus tard les coups des fusils les font rejoindre sur les lisières de leurs villages, mais ils furent empêchés par une mousseline de brume dense de suivre cet événement historique. Mais ce climat était une bénédiction pour les moudjahidines, il les a aidés pour la neutralisation de l'ennemi et de se replier en toute sécurité à travers les verges, une fois l'accrochage est terminé, la brume s’est peu à peu évaporée ; le ciel s'est ensoleillé, ses rayons reflétèrent les couleurs du drapeau national flotté en arc-en-ciel. Ainsi, le rêve de nos martyrs fut exaucé un certain 19 mars 1962."¹

Honneur et gloire à nos martyrs.

Mezheri Mostapha

Sources : 

Archive :

Archive de la Coordination de l’ONEM de Beni Ourtilane 1984 réunis le 16 novembre 1984 à Beni Ourtilane, dans le cadre de la rédaction des événements survenus durant la guerre de libération entre 1954 au 1958, dans la commune de Beni Ourtilane. Il y avait Feddal H’mimi Commandant de la zone 1, le lieutenant Djennad Amer, le lieutenant Hanin Mezien, le lieutenant Bouzelaten Taib, l’adjudant Djerdjer Layachi, l’adjudant Tadjenanet Md Amezien, l’adjudant Ben Larbi Abderrahmane, Louaheche Moussa (membre de fédération de France), le moudjahe, coordinateur Mezheri Mohamed. 

Témoignages :

- Sahabi Seddik 

- Redjedal Ali 

- Redjdal Moussa fils de chahid Redjdal Said (témoignage recueilli auprès de madame Cheniouni Dahbia, veuve de chahid Redjedal Said et madame Oumansour Saadia veuve de chahid Ouagouri Md Ouemar )

- Harouni Rabah fils d chahid Harouni Remtane (témoignage recueilli auprès de madame Melatas Zineb, veuve de chahid Harouni Remtane)

- Harouni Mokrane fils de chahid Harouni Mohamed Akli

- Zemmour Mohamed Arab cousin du chahid Zemmour Mohamed Arab 

- Ouagouri Slimane fils du Chahid Ouagour Mohamed Ourabah

- Allaouchiche Mohand Seghir fils du Chahid Allaouchiche Abdellah

- Oumansour Achour fils de chahid Oumansour Idris 

-Témoignages des Moudjahiddines lors de la commémoration de la mort de Bairi Arezki le 19 janvier 1956, célébré le 20 janvier 2014, à son village natal Tala Tinzar (Bejaia)

- (¹) Boussadia Yamina, prisonnière de guerre

- les citoyens de la région.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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moussa redjdal

Merci infiniment d'avoir contribuer par ce récit, a ressuciter ces héros qui ont payer de leur vie pour que vive l'Algérie, encore une fois merci d'avoir éxhumé cette bataille qui à durée toute une journée.

N'en déplaise a ceux qui de par leur silence l'histoire de notre glorieuse guerre de libération à été travestie, et a perdue de son crédit auprés des nouvelles génération.

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moussa redjdal

Une malencontreuse coquille s'est glissée dans mon premier commentaire; Il falait lire l'Embuscade de Dellagua en lieu et place de la Bataille qui a durée une journée.

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Yacine Redjdal

je suis le petit fils de Redjdal Said, un des membre de groupe qui a participé a cette embuscade, fier et heureux, allah yerham echouhada.

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