La délicieuse petite vie de toi… qui me ramène à moi
Oh ! Dieu cette impuissante honte que j’éprouve aujourd’hui d’avoir failli.
Quand tant d’illustres avaient tout donné, pour délivrer les êtres de leurs chaînes, je n’avais, au grand jamais couru des risques. Mais pourquoi alors, depuis ma tendre enfance, ces rages, contre tout ? Jamais, hier, je n’ai eu conscience pour les contenir ! Je me demande souvent pourquoi, elles ne s’étaient pas transformées en militantisme, en solidarité avec les plus démunis, que je n’aimais qu’en théories, jamais dans ces gestes de donner afin d’aider ?
Je n’ai jamais eu la vertu des prophètes. J’étais aliéné et perdu dans cette folle quête…de m’en sortir d’abord afin de me réaliser. Et être à l’abri des besoins, vacciné contre la finitude, je l’avais pensé dans mes naïvetés d’homme, comblé par le soleil de mon pays. Pourquoi avoir tant crié ? Pourquoi en avoir voulu à toutes ces belles de vivre leurs vies ?
J’entends encore leur : "Crains ton Dieu !".
J’aurai aimé qu’ils me disent plutôt de le chérir, de l’adorer.
"Fais gaffe aux filles !".
J’aurai aimé qu’ils me disent de les aimer, dans une relation d’égalité. Comme je le fais aujourd’hui, instruit, aux côtés de ma mie.
Puis un jour, l’oubli de tout. De guerre lasse, nous avions abdiqué…
Partout pour les saluts des libertaires, on conditionnait au lien sacré du mariage. Dans cette conscience que l’amitié de beaucoup se présente comme l’échappatoire à l’amour fou, à la vie dans les cloisonnements. Dehors, on vivait avec nos copains. Et les autres vies avec nos mies au logis. Ainsi allait partout notre mode de vie avant que l’égoïsme dans la nouvelle société éclatée ne crée l’absence des autres.
Et la vie nouvelle et moderne s’annonce bien pour les gens plutôt pourvus de moyens.
Et les masses de démunis supportent de moins en moins les lassantes routines, ainsi que les reproches, des autres, de ceux de la grande famille. Et les majorités en marge de la modernité ne vont jamais en vacances. Et les couples sans s’éloigner un peu, quelquefois l’un de l’autre, soudés par les précarités. Se résignant aujourd’hui par manque de moyens à vivre sans les autres…pour éviter aussi les coups ou de sombrer.
Elle m’avait confié : "Nous n’avons pas les moyens aux artifices et la grande vie des stars…"
Me laissant m’exclamer : "Et merde à la délicieuse petite vie de toi. Qui me ramène à moi."
De Boghni, Amokrane Nourdine
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